Assistance judiciaire du gouvernement à Boubèye suite à son interpellation Générosité ou cadeau empoisonné ?

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Publié le lundi 13 octobre 2014 | Le Républicain

Après avoir présenté l’ancien ministre de la Défense comme étant le seul et unique responsable de la surfacturation du marché de gré à gré d’achat du Boeing 737, le gouvernement du Mali, à la grande surprise de tous, s’est vite empressé à son chevet suite à son interpellation de 48 heures en France. Et pour ce faire, le nouveau régime s’est fait le malin plaisir de lui proposer un avocat. Une proposition taillée sur mesure ou un acte de générosité ?
Après avoir promis aux Maliens qu’il n’y aura désormais ni passe-droit, ni sauf conduit pour personne, déclaré l’année 2014 comme étant celle de la lutte contre la corruption et pointé du doigt ( directement ou indirectement ?) l’ancien ministre de la Défense comme étant le fautif de la surfacturation dans le marché de gré à gré d’achat des armements, nombreux sont, aujourd’hui, les Maliens à ne pas comprendre le geste « avocat défenseur » formulé par le régime d’IBK à l’endroit de l’ancien ministre de la Défense lors de son interpellation en France. Après l’annonce de la nouvelle, les autorités de Bamako (par panique ?) ont très vite volé au secours du ministre à travers l’ambassade du Mali en France. D’ailleurs, le premier ministre Moussa Mara n’en a fait aucun mystère de ce double jeu du pouvoir. Interrogé par notre confrère français de « L’express », il a dit, sans détour, que le ministre disgracié a reçu une proposition d’assistance judiciaire de la part du gouvernement. C'est donc dire qu’il a bénéficié du soutien de ceux-là même qui l’accusent de mauvaise gestion et de malversation financière dans le marché de gré à gré d’achat des équipements pour les forces de défense et de sécurité. Que se reproche le régime dans cette affaire ? Pourquoi cette générosité soudaine envers la personne qu’il soupçonne voire même accuse de surfacturation ? Face à ces interrogations, les langues commencent à se délier. Et si ce qu’ils disent s’avèrent réels, c’est inquiétant pour l’avenir du Mali et honteux pour les hommes qui le dirige aujourd’hui. Car, on parle de proposition d’assistance judiciaire empoisonné pour amener Soumeylou Boubèye à taire le nom de certains hauts responsables du pays considérés comme étant les têtes pensantes et les metteurs en scènes du crime financier. Un piège sans doute esquivé de justesse et intelligemment par le président de l’ASMA, à en croire un de ses proches. Car, explique-t-il, le seul souci de Boubèye est de contribuer à faire la lumière et toute la lumière sur cette affaire. « Il refuse cependant d’être sacrifié à la place des principaux fautifs dans cette affaire de surfacturation ». Et comme l’on peut comprendre aisément, ajoute le proche, la proposition d’assistance judiciaire du gouvernement suite à son interpellation n’était ni plus ni moins qu’un cadeau empoisonné. « C’est pourquoi, il a refusé la proposition d’assistance judiciaire du gouvernement en préférant ses propres avocats», a-t-il dit. Une patate chaude entre les mains du régime IBK. C’est triste, très triste.

Youssouf Z KEITA