Après l’échec de plusieurs rounds de négociations amorcées depuis la regrettable grève des 20 et 21 aout, l’Union Nationale des Travailleurs du Mali a pris ses responsabilités en mettant le gouvernement dos au mur. La Centrale a déposé, sur la table du gouvernement depuis le 02 octobre denier, un nouveau préavis de grève de 72 heures pour les 29, 30 et 31 octobre prochain pour amener les pouvoirs publics à prendre en compte ses doléances fortes de 17 points. Une nouvelle paralysie du pays en perspective.
Dans ce préavis, en rappelant les 17 points qui découlent du premier préavis, l’UNTM dénonce, ce qu’elle appelle le manque de volonté du gouvernement qui cherche à maintenir ses partenaires dans un dilemme de négociations interminables.
Décidément, le gouvernement Mara est en perte de vitesse face au dialogue. La mauvaise foi du gouvernement et le manque de propositions concrètes sur les points essentiels de désaccords sont beaucoup décriés par l’opinion nationale. Les remarques faites par le doyen des conciliateurs au chef de l’Etat suite à leur dernière rencontre après l’échec du dernier round, montrent à suffisance que le gouvernement doit beaucoup faire et de façon urgente dans l’amélioration des conditions de vie des travailleurs du Mali. Suite à cette rencontre, le doyen Mamadou Lamine Diarra expliquait en substance que les travailleurs ont beaucoup consenti dans les conditions difficiles, que le panier de la ménagère est aujourd’hui très faible et nécessité un effort du gouvernement. Sans prise de partie, le conciliateur a regretté que les ministres négociateurs se rabattent uniquement sur des incidences budgétaires sans voir la situation du panier de la ménagère. Celui-ci a demandé au chef de l’Etat de s’impliquer davantage pour un accord avec les travailleurs.
Avec ce préavis de grève, consécutif aux épisodes de négociations infructueuses, le gouvernement est désormais dos au mur et doit agir concrètement pour éviter la grève des 29, 30 et 31 octobre prochains s’il veut éviter le déluge. Ces doléances comprennent les 17 points de revendications dont les 12 avaient déjà fait l’objet d’un consensus avec le gouvernement. Les cinq points de désaccord qui portent sur la valorisation du point d’indice, la diminution de l’Impôt sur le traitement des salaires (ITS), le relèvement du taux du SMIG et l’augmentation du taux des allocations familiales, considérés comme les points essentiels par l’UNTM avaient été négligés par le gouvernement. Et aucune proposition concrète n’a été faite par le gouvernement pour désamorcer la tension.
Le gouvernement se tirera-t-il d’affaire dans sa logique de ne faire un pas en avant sur les points essentiels ? Ou réussira-t-il à impliquer d’autres sensibilités dans la danse pour s’échapper?
La panique généralisée !
En tous cas, depuis le dépôt d’un préavis, le gouvernement est en ébullition. L’on annonce déjà plusieurs rencontres avec le premier ministre sans se pencher même à la mise en place d’une autre commission de conciliation, comme ça se doit dans la pratique, après chaque préavis de grève. Du coté du ministère de la Fonction Publique comme du coté de la Bourse du Travail, l’on assiste régulièrement à des défilés de personnalités. Hier au cours de la journée au siège de l’UNTM par exemple, on constatait plusieurs audiences avec le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé notamment la visite du ministre du culte venue sans protocole. En visite privée ou en émissaire du gouvernement avec son couvre chef ? L’on ne saurait le dire.
Rappelons que, les revendications, objet du présent préavis de grève de 72 heures remontent d’une part au protocole CNPM-UNTM-Gouvernement en date du 02 octobre 2011 et des nouvelles revendications issues du 12ème congrès ordinaire de l’UNTM. Le cahier de charge des syndicalistes concerne la mise en œuvre effective du protocole d’accord du 2 octobre 2011 en vue de son extinction définitive ; le relèvement significatif du taux de la valeur du point d’indice ; la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salaires (ITS), le relèvement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) ; l’augmentation du taux des allocations familiales ; la modernisation et la sécurisation de l’administration générale en moyens logistiques, techniques, humains et financiers. S’y ajoutent les revendications relatives à la relecture rapide de la convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse du salaire au niveau des établissements publics administratifs (EPA) et des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) ; la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation, la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007.
Les responsables de l’UNTM réclament aussi le maintien et le renforcement de l’usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP), la maîtrise des prix des produits de première nécessité ; la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER ; la régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur ; la relecture de tous les contrats miniers ; la ratification des conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 ; et enfin la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.
Faute d’une satisfaction de ces doléances, l’UNTM se réservera le droit d’aller en grève de 72 heures qui débutera le 29 octobre 2014 à 00H00 et s’achèvera le 31 octobre à minuit. A quand le réveil ?
Daniel Kouriba