Plus d’une trentaine de soldats de la Minusma sont morts à la suite d’actes terroristes au Nord du Mali. Pour faire face à cette situation, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a tenu, le 9 octobre passé, une réunion, afin « de réfléchir aux moyens d’adapter les opérations de maintien de la paix à des environnements toujours plus complexes et volatiles ». Cette réunion, qui a vu la participation des commandants des forces de trois opérations de maintien de la paix de l’ONU , a été une occasion pour le général de division Jean Bosco Kazura, commandant de la force de la MINUSMA, de tirer la sonnette d’alarme sur l’insécurité grandissante dans le nord du Mali, zone de déploiement de ses troupes.
Selon le commandant de la force de la Minusma, Jean Bosco Kazura, la réduction des effectifs de troupes et le départ de l’opération Serval, sous conduite française, a eu pour corollaire le retour en force de la violence dans des zones qui avaient été pacifiées de groupes terroristes. Des groupes dont les attaques ont fait 10 victimes parmi les soldats de la paix déployés sous le drapeau de l’ONU au cours des derniers jours au nord du Mali. La Minusma, étalera le général aux membres du Conseil de Sécurité, a le plus grand mal à empêcher que le nord du Mali soit contrôlé par ces groupes. Avant de s’interroger sur le rôle d’une mission comme la MINUSMA qui, pour l’heure «est dépourvue de moyens logistiques et humains » suffisants, auxquels devraient s’ajouter les «multiplicateurs d’effets » que sont les ponts aériens, le soutien sanitaire et les unités de génie. «Nous devons nous adapter à ce nouvel environnement, faute de quoi, le nord du Mali deviendra un endroit encore plus dangereux qu’il ne l’est déjà. Ceci, non seulement pour les Casques bleus, mais aussi pour les populations civiles», a averti le général Jean Bosco Kazura. Et selon lui, l’environnement dans lequel évolue actuellement la mission est « complexe » et est « marqué par une insécurité croissante à laquelle les troupes n’étaient pas préparées ». L’environnement sécuritaire au nord du Mali rend délicate l’exécution de notre mandat, a-t-il expliqué. Avant d’indiquer que depuis le départ des forces françaises déployées dans le cadre de l’opération Serval, une partie du nord du Mali était en voie de devenir un sanctuaire pour les terroristes et autres fauteurs de troubles. La stabilité qu’avait apportée Serval, dira-t-il, a laissé la place à la multiplication des incidents visant en particulier nos troupes.
Le général Kazura s’est interrogé sur le rôle de la Mission, qui est dépourvue des moyens logistiques et humains qui lui permettraient de répondre aux défis posés par une telle situation sécuritaire. «Les contingents de troupes attendent que votre Conseil agisse, mais aussi que les Forces maliennes de sécurité soient rapidement réorganisées afin qu’elles puissent tenir leur rôle de garant de la sécurité sur l’ensemble du territoire malien », a Soutenu M. Kazura. Le commandant de la force de la Minusma a invité la communauté internationale à accompagner, plus avant, le Gouvernement du Mali dans ses efforts de réconciliation et de désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants dans la vie civile (DDR). «Nous devons nous adapter à l’environnement que je viens de décrire, faute de quoi, cette partie du monde deviendra un endroit encore plus dangereux qu’elle ne l’est déjà, ceci non seulement pour les troupes, mais aussi pour les populations civiles », a conclu le général Jean Bosco Kazura.
A noter que ces recommandations du commandant de la force de la Minusma ont été formulées au moment où le secrétariat de l’ONU est engagé dans une réévaluation de l’architecture du Maintien de la paix à travers le monde, en vue de permettre aux troupes onusiennes de mieux assurer la protection des civils dans les zones de conflit tout en étant capables de se protéger elles-mêmes contre les menaces émergentes.
Madiassa Kaba Diakité