"L'appel incessant à une intervention militaire étrangère contribue à affaiblir davantage notre armée, à l'empêcher de retrouver son honneur et à humilier le Mali incapable de se défendre face à des groupes armés qui ont envahi une partie de son territoire", estime Me Tidiani Guindo, en "réaction" à la requête du président de la république par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, relative au soutien militaire de la Cedeao.
Une copie de la réaction de Me Guindo (''président et candidat du parti Mali Danbé à la présidentielle de 2012, avocat à la Cour de Paris, Dr en Economie'') a été déposée samedi à Xinhua, qui a choisi quelques extraits.
"Aucun patriote ne cautionnera l'arrivée des troupes étrangères sur son sol. Nous voyons cela dans les différentes crises politico-militaires dans le monde arabe. Dans tous les conflits récents en Tunisie, Libye, Yémen, Égypte, Syrie, mêmes les oppositions armées ou pas, malmenées par les armées régulières, n'ont jamais accepté que des troupes étrangères interviennent dans leurs pays pour les soutenir au sol", a fait remarquer Me Guindo.
Celui-ci a ajouté: "Mais en revanche une aide logistique, un soutien aérien et mêmes quelques agents de renseignement ou des conseillers formateurs sont les bienvenus".
Selon lui, "au Mali la polémique est sans objet, l'armée malienne demande des moyens pour mener la reconquête du territoire, qu'on lui donne ces moyens et qu'on observe ce qu'elle va faire. Si malgré tout, elle est en difficulté, alors on peut envisager une intervention étrangère au sol. Si on aime le Mali notre armée a été humiliée au Nord tous les Maliens doivent avoir comme souci comment aider cette armée à laver l'affront, il y va de l'honneur du peuple malien".
De l'avis de Me Guindo, "l'appel incessant à une intervention militaire étrangère contribue à affaiblir davantage notre armée, à l'empêcher de retrouver son honneur et à humilier le Mali incapable de se défendre face à des groupes armés qui ont envahi une partie de son territoire".
Par ailleurs, il estime que "certains pays ne veulent pas une guerre au Nord du Mali, ils veulent une négociation qui aboutira à un compromis entre le Nord et Bamako. Ces pays ont des soutiens à l'intérieur du Mali et dans la sous-région. Ils veulent des troupes pour protéger leurs hommes à Bamako et s'assurer que tout se passe bien comme ils le souhaitent".
Celui-ci a ajouté que "c'est cela la réalité. Ceci étant, nous savons que le Mali doit maintenir de bonnes relations avec la CEDEAO et avec tous les pays amis, mais malheureusement le Mali est affaibli car nous ne parlons pas le même langage. Il y en a qui veulent continuer à jouir tranquillement du pouvoir comme s'il n'y a jamais eu de coup d'Etat et d'autres qui souhaitent enfin un vrai changement de gouvernance politique dans le pays".
"Je profite pour dire que je suis opposé à toute tenue d'une élection présidentielle sans reconquête de nos territoires du Nord car, derrière le débat d'une intervention militaire de la CEDEAO se cache aussi un tel plan qui va consacrer définitivement la partition de notre pays. QUE DIEU SAUVE LE MALI ! Nous n'avons d'autres ennemis que nous-mêmes", a conclu Me Guindo.