Vives tension entre religieux à Badalabougou : L’affrontement est inévitable

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Publié le mardi 14 octobre 2014 | Le Matinal

On a déjà vu des situations conflictuelles et des humeurs d’incompatibilité entre religieux, mais ce qui se passe, actuellement, dans les mosquées de Badalabougou, pourtant fief du président du Haut Conseil Islamique (HCI), dépasse le cadre spirituel et l’entendement humain. A telle enseigne qu’on se demande si les fidèles s’inclinent réellement pour la cause divine. Aujourd’hui, la tension fait rage entre religieux. La division au niveau des deux mosquées situées, côte à côte, dans ce quartier, est consommée. Mahmoud Dicko, président du HCI, sollicité, pour faire parvenir les protagonistes à de meilleurs sentiements, a échoué dans cette tentative. Dès lors, l’intervention de la police est devenue nécessaire.

Les faits
La rivalité entre ces deux mosquées qui se chévauchent ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte, selon des temoins, à la période qui a précédé l’avènement de la démocratie au Mali. On pense même que l’ancien président de la République le Général à la retraite Moussa Traoré avait opposé une fin de non recevoir à l’idée de la construction de cette mosquée. A la chute de ce dernier, la mosquée verra le jour et Mahmoud Dicko intrônisé Imam. Toute chose qui mit le feu aux poudres. Vu sous cet angle, le même Dicko, proposé pour intervenir entre fidèles rivaux, était mal placé, selon nos informations, pour faire régner la paix entre les camps antagoniques. Donc, Mahmoud Dicko est non seulement contesté à Badalabougou, mais aussi au niveau de l’instance dirigeante de l’islam dans notre pays. Résultat : l’unité des musulmans est menacée. Voilà qui explique pourquoi il n’a pas réussi à sauver ce qui pouvait encore l’être, vendredi, relativement à la cause divine.

Parlons du vrai sujet : dans la mosquée principale de Badalabougou, des fidèles proches des familles Niagadou et Golfa refusent de prier derrière l’mam atitré de la mosquée soutenu par le chef du quartier. Les familles sus-citées disposent leur propre imam. Ainsi, il n’était pas rare dans cette mosquée de voir un Imam dirigé la prière du Fajr, de voir un autre le faire à l’occasion du Dhuhr, du Maghrib ou de l’isha’a. Il faut croire que la prière était devenue une question de bon vouloir de certaines personnes. Dieu est oublié pour des querelles personnelles et de clocher.

Face à la guerre en couveuse (des fidèles en sont presque venus aux mains) qui planait sur la prière, certaines autorités religieuses ont fait appel aux forces de l’ordre qui ont vite débarqué pour éviter l’embrasement de la situation.

Intervention de la police
Pour la direction nationale de la police, la présence des forces de l’ordre est plus dissuasive que sécuritaire afin d’éviter un affrontement sur le terrain. Arrivés sur les lieux, les éléments de la police du 4e Arrondissement ont mis aux arrêts les perturbateurs.

Pour ce chef de la police, « l’arrestation de certains cadres de la mosquée comportait des risques : celui au premier chef de voir des récalcitrants attaquer la mosquée ». Si tel était le cas, a-t-il estimé, « ses éléments pouvaient riposter en légitime défense ». C’est pour éviter un tel scénario que les autorités de la direction nationale de la police ont instruit au commissaire du 4e Arrondissement de faire appel à Mahmoud Dicko pour calmer les ardeurs des uns et la furie des autres. « Nous sommes restés jusqu’à 2 heures du matin sans parvenir à un compromis. Mahmoud Dicko n’a pas été entendu » a indiqué l’un des responsables de la police impliqué dans le dossier. Preuve que monsieur Dicko ne maîtrise pas sa troupe, lui même étant considéré comme perturbateur à Badalabougou. Il n’en fallait pas plus pour réveiller les vieux démons.
Pour parer à toute éventualité, les éléments du 4e Arrondissement ont tenu à faire régner l’ordre au sein de la mosquée. Des policiers sont restés dans l’enceinte du culte jusqu’à la fin de la prière du Fasj afin de traquer tout contrevenant. « Cette situation me met mal à l’aise. Ce n’est pas le rôle de la police de faire régner la discipline dans la mosquée. Les arrestations ne sont pas aussi la solution car des ripostes et des risques de voir le conflit se dégénérer entre policiers et musulmans existent » a soutenu un responsable.

Eviter le bicéphale
Comment comprendre, que des musulmans d’un même quartier, s’entredéchirent au sujet de la prière quotidienne ? Faut-il conclure qu’on ne prie pas pour le même Dieu ? Justement à ce propos, on a vu des caisses de certaines mosquées de Bamako injustement pillées, l’argent généré par le corbillard disparu, les dons et legs enlevés impunément. L’islam est dans l’impasse. Les fidèles n’ont plus de conviction religieuse. Il n’y a que des fidèles de circonstance pour tel ou tel interêt. Où sont les musulmans partis au Maroc pour des formations en sciences religieuses ? Il faut dissocier les bonnes graines de l’ivraie. Pour un islam pur et tolérant.
Au Mali, les bars sont la propriété des musulmans. Les filles de nuit qui y déambulent portent des noms à consonnance musulmane. La situation est catastrophique. La dépravation des mœurs est une réalité sous l’œil coupable des responsables religieux. Notre islam, au Mali, est alimentaire. Car ventre creux ne connaît pas et ne dit pas la vérité…
Issiaka Sidibé