La scolarisation des filles dans notre pays se présente trop fréquemment comme un véritable parcours de combattant pour celles qui devraient en être les bénéficiaires. La course à obstacles est dûe à plusieurs facteurs, notamment le mariage précoce, les grossesses non désirées et la pauvreté.
Malgré plusieurs actions entreprises par le gouvernement, particulièrement le ministère de l’Education nationale accompagné par ses partenaires œuvrant dans le domaine de l’enfance, le taux de scolarisation des filles reste encore faible dans notre pays. Face à cette situation regrettable, le Parlement des enfants, en collaboration avec l’ONG Oxfam et à travers son projet « Girls Can », a organisé en début de semaine à la Cité des enfants une session de plaidoyer en faveur de la scolarisation des filles.
Etaient présentes à la cérémonie d’ouverture, les ministres Mme Togola Jacqueline Marie Nana (Education nationale) et Mme Sangaré Oumou Ba (Femme, Enfant et Famille), la chargée du volet éducation Oxfam, Kadidiatou Yara, la présidente du Parlement des enfants, Lala Wangara, et les enfants parlementaires.
Ce plaidoyer faisait suite à la grande rencontre organisée le 11 octobre dernier. Cette date a été instituée en 2012 lors de l’Assemblée générale de l’Organisation des nations unies comme Journée internationale de la fille. L’initiative traduit la volonté de la communauté internationale d’accorder une importance particulière à la fille et à sa place dans la communauté. Quant à la session de lundi dernier, son but était d’inciter les autorités en charge de l’éducation, les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile à s’impliquer davantage dans la campagne de sensibilisation afin d’atteindre une augmentation considérable (98 %) du taux de scolarisation des filles en 2015.
Pour sa part, le Parlement des enfants entend mener des actions concrètes afin d’éradiquer le problème de la scolarisation des filles en milieux urbain et rural. Selon la chargée du volet éducation d’OXFAM, de nombreuses filles ne vont pas à l’école ou abandonnent celle-ci en raison des mariages précoces, des grossesses non désirées et du manque de moyens financiers. Des progrès notables sont cependant constatés par rapport à la prise en compte des besoins des filles et des femmes dans le système éducatif de notre pays à travers la politique nationale de scolarisation des filles (avec les plans d’action actualisés).
QUATRE PRINCIPES. Dans le cadre de la mise en œuvre des activités de la scolarisation des filles, des structures ont été créées pour mieux appréhender les différents problèmes qui y sont liés. Avec la Cellule nationale de scolarisation des filles qui a vu le jour en 1992 pour assurer la coordination des cellules régionales et locales, on a assisté à un meilleur ancrage de la division scolarisation des filles au sein de la direction nationale de l’Enseignement fondamental. Au niveau des académies d’enseignement, figure désormais la section SCOFI (Scolarisation des filles).
L’importance accordée à la scolarisation des filles et les efforts consentis en la matière par les hautes autorités de notre pays avec l’appui et l’accompagnement de nos partenaires – parmi lesquels l’UNICEF et Plan Mali – ont permis d’enregistrer des résultats appréciables en termes aussi bien qualitatifs que quantitatifs. Cependant, Mme Togola Jacqueline Marie Nana a reconnu que l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car de nombreux défis restent à relever.
Ces défis sont, entre autres, l’alimentation de l’accès, de la qualité, du maintien, de l’achèvement, de la gestation et du financement du système. A cet effet, le département chargé de l’Education a envisagé un certain nombre de mesures, à savoir l’intensification du contrôle pédagogique, le suivi-évaluation des enseignants, et des établissements publics et privés. Plus spécifiquement pour le privé, l’adoption du cahier de charges et le contrôle de l’effectivité de son application constitueront des garanties pour l’amélioration de la qualité de ce type d’établissement.
La présidente du Parlement des enfants a, dans son plaidoyer, rappelé la Convention relative au droit des enfants qui s’appuie sur quatre principes, à savoir la non discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le suivi et la participation de l’enfant.
Faisant écho aux nombreux messages de plaidoyer, le ministre de l’Education nationale a assuré les enfants de l’engagement de son département à tout mettre en œuvre pour garantir la scolarisation des filles.
Pour cela, l’accès des filles à l’école sera amélioré, des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales seront recrutés pour soulager les localités où les parents supportent encore la charge des maîtres dans les écoles communautaires. Le ministre a ensuite invité les parlementaires à participer à la sensibilisation des parents pour inscrire les filles à l’école. Dans le combat engagé, aucune énergie n’est en effet de trop.
Anne-Marie KÉITA