Poursuivi devant les tribunaux malien et français par ses partenaires pour non-respect de ses engagements, Appollinaire Compaoré, peine à rendre opérationnelle la troisième licence de téléphonie mobile, acquise depuis bientôt deux ans. Et ses relations, pour le moins controversées, avec IBK ne sont pas pour arranger les choses.
Le Chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta, n’a jamais accordé une audience à l’opérateur burkinabè de la téléphonie mobile. Ni avant son investiture, comme président de la République, ni après. Il s’est, toujours, méfié du « Golden boy burkinabè ». Comme de la peste. Arrivé dans notre capitale, la veille du départ d’IBK pour New-York où il devrait prendre part à la conférence de l’ONU, Appollinaire Compaoré s’est vu, pour la troisième fois consécutive, opposer une fin de non-recevoir à sa demande d’audience. Comme les deux autres fois, il est reparti à Ouagadougou, bredouille.
SA CREDIBILITE FORTEMENT ENTAMEE
Cette méfiance, vis-à-vis du richissime opérateur burkinabè de la téléphonie mobile, s’explique, en partie, par sa triste réputation. Surnommé « le boulanger » dans les hautes sphères de l’Etat, Appollinaire Compaoré est accusé, à tort ou à raison, d’avoir « roulé » dans la farine tous ceux qui l’ont « aidé » à obtenir cette troisième licence de téléphonie mobile au Mali. A commencer par Mr Cessé Komé.
Opérant dans l’hôtellerie et l’import-export, Cessé Komé était le principal, voire l’unique partenaire d’Appollinaire Compaoré, dans la course à la troisième licence de téléphonie mobile, mise en vente sous la transition. Coût total : 55 milliards CFA. Compaoré devra verser 33 milliards CFA et Komé, 22 milliards CFA. Mais dix jours après la signature du cahier de charges, Komé est déclaré défaillant. Selon les mauvaises langues, il n’aurait pas assuré ses obligations contractuelles, notamment, financières. Ce que conteste Cessé Komé, qui n’entend pas s’avouer vaincu. Il a saisi le tribunal international de commerce
De Paris.
LE GOLDEN BOY BURKINABE, BIENTOT, DEVANT LE TRIBUNAL DU COMMERCE DE BAMAKO
Autre victime d’Appollinaire Compaoré dans la course à la troisième licence de téléphonie mobile : la Société Ouest-Africaine de Développement (SOAD-SARL).
Pour acquérir la troisième licence de téléphonie mobile, la Société Planor Afrique-SA, dont le PDG n’est autre qu’ Appollinaire Compaoré, a fait appel aux services de la SOAD-SARL, en qualité d’intermédiaire. Aux fins de l’assister auprès des autorités maliennes. Sa mission : aboutir à la signature d’une convention, entre Planor Afrique-SA et le gouvernement malien d’alors.
Selon le protocole d’accord, signé le 19 avril 2012, la SOAD-SARL devrait percevoir, à l’issue de la signature de la convention, une commission fixée au taux de 10% du prix d’achat de la licence. Soit la somme de 5 milliards CFA. Ce n’est pas tout. Planor Afrique-SA s’est, aussi, engagé à céder, à SOAD-SARL, 10% des actions qu’elle possède dans la société Alpha Telecom-SA, filiale burkinabè du Groupe d’Appollinaire Compaoré.
Cependant, au regard de la situation politico-sécuritaire dans laquelle notre pays était plongé, les deux partenaires décident de réexaminer leur accord. D’où la signature, le 11 avril 2013, d’un nouveau protocole d’accord. Qui régira, désormais, leurs relations d’affaires.
C’est ainsi que, Moumouni Norris Kouda, agissant pour le compte de Planor Afrique-SA, s’engage à l’article 2 dudit protocole à payer, à SOAD-SARL, la somme forfaitaire de 100 millions CFA, représentant ses frais à rebours. Et ce, dans un délai de 60 jours, à compter de sa date de signature.
Mais premier coup de théâtre : à l’expiration de ce délai, Appollinaire Compaoré sollicite un autre délai pour honorer ses engagements. C’était dans une correspondance en date du 9 juin 2013, dont le canard déchaîné s’est procuré copie. Ce délai lui a été accordé par SOAD-SARL.
Et second coup de théâtre : cet autre délai, sollicité par le désormais acquéreur de la troisième licence de téléphonie mobile, ne sera pas non plus respecté. Au mépris de l’article 4 dudit protocole, qui stipule que : « le non-respect dudit protocole d’accord définitif le résilie de plein droit, après une simple lettre de mise en demeure et ouvrant ainsi droit à la partie qui le juge nécessaire de poursuivre son action en justice pour la sauvegarde de ses droits ».
C’est, en effet, ce que fait la SOAD-SARL. Après une lettre de mise en demeure, en date du 13 mai 2014, elle porte plainte devant le tribunal de commerce de Bamako pour le paiement intégral de ses commissions, estimées à 5 milliards CFA ; mais aussi, pour le versement de 500 millions CFA à titre de dommages et intérêts.
Entamés, il y a quelques mois, au quartier Niaréla, non loin du cimetière, les travaux pour l’opérationnalisation de la troisième licence de téléphonie mobile se seraient arrêtés. Subitement. Sans qu’on sache trop pourquoi. Les habitants de ce quartier n’auraient pas apprécié les désagréments causés à leur environnement. D’où leur révolte.
Entré dans la vie active comme laboureur, cuisinier puis vendeur de billets de loterie, Appollinaire Compaoré règne, aujourd’hui, sur un holding, composé entre autres de Planor Afrique-SA, Burkina-Moto, Telecel-Faso, UAB (assurances), Sodicom, Ski, Hôtel Yibi etc……qui pèsent plusieurs dizaines de milliards CFA.
Mais le non-respect de ses engagements, vis-à-vis de ses partenaires, a fini par entamer sa crédibilité en Afrique et Outre-Atlantique. Et les plaintes, déposées contre lui par SOAD-SARL devant le tribunal de commerce de Bamako, et par Cessé Komé au tribunal international de commerce de Paris, ne sont pas pour arranger ses affaires. Surtout, dans notre pays où, la troisième licence de téléphonie mobile – dont il est l’acquéreur depuis deux ans – peine à être opérationnelle.
Oumar Babi