En l’absence des représentants des groupes armés, la cérémonie d’ouverture a été remise à aujourd’hui.
« Nous souhaitons que toutes les parties prenantes soient présentes à la cérémonie d’ouverture. Cela se ferra demain matin (NDRL mardi). La délégation de la coordination est en train d’arriver à Alger. Elle arrivera précisément à 19h30 et nous avons ainsi préféré reporter la cérémonie à demain. » C’est en ces termes que l’ambassadeur d’Algérie au Mali, Nourridine Ayadi a annoncé hier le report de la cérémonie d’ouverture des pourparlers d’Alger, dans la salle de conférence de l’hôtel El Aurassi. Cette annonce est intervenue alors que les représentants de certains groupes armés, notamment la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) tendance modérée, la Coordination des mouvements et forces de résistance, le Groupe d’autodéfense Touareg Imghad et alliés (GATIA), avaient déjà pris place dans la salle, et attendaient déjà depuis plus de 3 heures. La délégation attendue est en fait celle de la coalition formée par le MNLA et ses alliés du HCUA et du MAA tendance radicale.
Le diplomate algérien a expliqué que la médiation mettrait à profit la soirée d’hier pour « poursuivre les consultations au niveau de certaines délégations de la médiation afin de mettre au point l’ensemble du calendrier du processus, d’examiner un certain nombre de questions liées au processus ».
Il faut aussi préciser que la délégation gouvernementale conduite par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop est arrivée depuis samedi dans la capitale algérienne. Toutes les délégations de la médiation internationale (ONU, Union africaine, Union européenne, Cédéao) sont également sur place.
Dimanche lors d’une séance de travail de la délégation gouvernementale, le ministre Diop a révélé que la médiation internationale a élaboré un document qui est la synthèse des propositions faites par le gouvernement et les groupes armés pour arriver à un accord de paix définitif. Le chef de la diplomatie a assuré que ce document ne touche pas les lignes rouges tracées par le gouvernement à savoir le respect de l’intégrité territoriale, de l’unité nationale et de la forme laïque et républicaine de l’Etat. Il a aussi tenu à préciser que le fédéralisme proposé par certains groupes armés a été rejeté par la médiation. Aussi, la proposition de la création d’une armée parallèle à l’armée malienne pour sécuriser le nord du Mali a été refusée.
Abdoulaye Diop a également expliqué que le document élaboré par la médiation internationale sera soumis aux différentes parties pour observations et amendements avant une autre rencontre prévue en novembre prochain dans la capitale algérienne. Selon lui, le plan tracé est de parvenir à signer un accord de paix définitif à Bamako avant fin décembre 2014.
Hier dans une déclaration à la presse, le secrétaire général du Groupe d’autodéfense touareg, imghad et alliés (GATIA), Fahad Ag Almahmoud, s’est dit favorable à l’adoption d’un mode de gouvernance qui prend en compte les aspirations profondes des populations locales. « Nous sommes un mouvement qui a été créé dans la circonstance. A ce titre, nous n’avons pas demandé la scission du Mali. Nous n’avons non plus demandé ni le fédéralisme ni l’autonomie ni l’indépendance. Bien avant 2012, nous ne pensions qu’au développement de notre zone…Nous espérons parvenir à un accord de paix définitif entre frères maliens pour mettre fin à cette situation qui a fait beaucoup de mal aux populations du nord. Cela fait trois ans maintenant que les services sociaux de base, notamment l’école sont fermés dans une partie du nord. Il est temps que tous les frères se réconcilient car le terrorisme gagne de plus en plus le terrain », a-t-il développé avant d’ajouter ce qui se passe sur le terrain est une manière d’arriver rapidement à la paix.
Quant au président de la Coordination des mouvements et forces de résistance, il dira que l’objectif des pourparlers d’Alger III est de parvenir à se mettre d’accord autour d’un document final tenant compte des aspirations légitimes des populations qui ne veulent aujourd’hui que la paix. « Le plus important, ce n’est pas la signature d’un document, c’est la volonté du peuple malien d’aller vers la paix et surtout vers la sécurité des frontières. Nous pensons que ce qui reste essentiel à faire, c’est de voir les populations du Mali se mobiliser pour préserver l’intégrité territoriale. C’est plus important que la signature d’un acte », a indiqué Me Harouna Toureh.
Pour lui, « le fédéralisme ne peut faire l’objet d’une revendication. Les groupes qui l’ont demandé se sont engagés depuis Ouagadougou à y renoncer formellement par écrit. Il n’est plus question de parler de fédéralisme. En revanche, une régionalisation poussée, une décentralisation bien pensée, pourrait conduire aujourd’hui la population à la paix, à la tranquillité. C’est que nous avons demandé dans les revendications que nous avons faites ».
Pour sa part, le président de la communauté arable du Mali et membre du MAA, Mohamed Mahmoud El Oumarany, pense que la médiation doit faire comprendre aux mouvements rebelles qu’il est temps de penser à leurs populations parmi lesquelles il y a les réfugiés du Burkina, du Niger, de la Mauritanie. « Toutes ces populations n’attendent que la paix. Depuis deux ans, on a mis ces populations en ruines et nous voulons que leur souffrance cesse aujourd’hui et cela par un accord de paix. Nous sommes venus pour faire avancer cet accord de paix », a-t-il souligné. Selon lui, il faut faire en sorte que nos frères du MNLA et alliés acceptent la régionalisation qui est synonyme de bonne gouvernance à la base. « Nous voulons maintenant un accord qui fixe le cap de la régionalisation », a-t-il ajouté.
Après l’ouverture officielle prévue aujourd’hui, le programme prévoit une session spéciale sur le document qui a été élaboré par la médiation internationale et qui pourrait être le document de base du futur accord tant espéré.
Envoyé spécial
M. KEITA