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Badalabougou : Une mosquée, ‘’deux’’ imams et ‘’trois’’ autorités !
Publié le mardi 21 octobre 2014  |  Le Tjikan
Mosquée
© aBamako.com par mouhamar
Mosquée Al-Rachid de Badalabougou
Bamako, le 17 octobre 2014. La Mosquée Al-Rachid de Badalabougou est fermée depuis hier jeudi.




Le torchon brûle entre les fidèles de la grande mosquée de Badalabougou en commune V du district de Bamako. Après le décès de l’imam principal, Youssouf Diaby, sa succession génère des conflits entre les prétendants au poste d’imam, et les fidèles acquis à leur cause. Le temps pour trouver une solution à cette belligérance ‘’islamique’’, le gouverneur du district a décidé de fermer provisoirement la mosquée.

En effet l’affaire remonte à quelques mois de cela, quand l’imam principal de la mosquée, Youssouf Diaby fut évacué en France à la suite d’une maladie, son adjoint, Sory Makadji dirigeait la prière avec les fidèles. Mais avec l’absence prolongée de l’imam principal, Youssouf Diaby, les fidèles demandent à son successeur, Sory Makadji de traduire les sermons de la grande prière du vendredi en langue nationale Bambara, comme son prédécesseur le faisait avant de tomber malade. Toute chose que ce dernier refusa, au motif que cela est contraire aux principes ‘’malikite’’ dont-il se réclame. Selon les témoins, c’est ainsi que Ibrahim Gamby qui accepta de faire le sermon en langue nationale (Bambara), fut appelé en rescousses pour exécuter la grande prière du vendredi. Ainsi, la conduite des autres prières quotidiennes est dévolue à Sory Makadji. Selon nos sources, probablement convaincu ou pas que l’imam Diaby ne rentrerait pas vivant de son séjour sanitaire de Paris, l’imam Ibrahim Gamby soutenu par un vieux richissime du nom de Soya Golfa, tente d’écarter carrément, Sory Makadji. Et pour ce faire, il fait appelle à son fils afin que ce dernier devienne son adjoint.

Et quand bien même, qu’avant que l’imam principal Youssouf Diaby ne tombe malade son fils Soufiane Diaby qui dirigeait souvent les prières surérogatoires avec les fidèles pendant le mois de ramadan, en présence de son père. Du coup, ce dernier était devenu par la force des choses, l’adjoint naturel du substitut de son père, qu’est Sory Makadji. Désormais déterminé à renverser l’imam Sory Makadji, à en croire les témoins, Ibrahim Gamby à pousser sa réticence jusqu’à l’empêcher de diriger la prière du crépuscule un jour. C’est dans ce contexte de climat délétère que l’imam Diaby retourne au pays, après avoir passé près d’une année en France, où il était en soin. Aussitôt retourné, sa maladie rechute et comme le malheur ne vient jamais seul, au même moment son fils se fracture un pied dans un accident. Ainsi, il instruit à Ibrahim Gamby de diriger la grande prière du vendredi, et Sory Makadji, les prières des jours ordinaires le temps que lui et son fils se rétablissent. Mais quelque temps après, l’imam Youssouf Diaby succomba finalement à sa maladie.
Dès la fin des cérémonies de la quarantaine du décès de ce dernier, le chef de quartier de Badalabougou, du nom de Adama Koné et ses conseillers, après avoir informé les Haut conseil Islamique, ont décidé de choisir, Sory Makadji comme Imam principal et Soufian Diaby, le fils du défunt pour être son adjoint.

Cette décision n’aura pas longue vie, car d’autres voix discordantes vont se lever contre l’imam designé, Sory Makadji, au motif qu’il prononce mal les versets coraniques et qu’il n’a pas une belle voix. Pourtant, selon nos sources, le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko après avoir écouté les différentes parties a tranché en faveur du choix du chef de quartier et de ses conseillers. Les mêmes sources révèlent, que l’imam Dicko aurait, même indexé, le vieux Soya Golfa qui soutient Ibrahim Gamby comme l’instigateur principal du conflit.

Après moult tractations, sous la médiation du HCI, les parties parviennent à un accord donnant le droit à Sory Makadji de faire les prières des jours ordinaires, et son adversaire, Ibrahim Gamby, celle du vendredi du mois de ramadan et des jours de fête. Mais mécontent et rancunier, le mois de ramadan dernier, l’imam Gamby décide d’aller à la Mecque pour l’Umra (petit pèlerinage) et avant de partir il aurait porté son choix sur d’autres personnes pour le substituer avant son retour. Et ce, sans concerter l’imam principal, et le chef de quartier. Ses désignés ont pour noms : Tidiane Diallo pour la prière surérogatoire du mois de Ramadan et Bourama Traoré pour la grande prière du vendredi.

Le conflit dégénère et le maire de la commune V entre dans la danse

Le maire de la commune V, Boubacar Bah entre à son tour dans la danse, en ordonnant sans l’avis du chef de quartier, la mise en place d’un nouveau comité de gestion, afin de choisir à nouveau un nouvel Imam. Alors que l’ancien comité de gestion n’avait pas été dissout.

Ainsi, à en croire certains fidèles, le comité mis en place sur initiative du maire de la commune V procédera à son tour à la répartition des taches concernant la conduite des cinq prières obligatoires de la journée entre les deux imams rivaux. A savoir, celles du matin, de l’après midi (14 heures et 16 heures) à l’imam Sory Makadji et les deux autres du soir à son rival, Ibrahim Gamby.

La situation perdura ainsi jusqu’au vendredi 10 octobre, ou le fils de l’imam défunt, Soufiane Diaby revint après s’être rétablit de sa fracture de pied, suite à un accident. Selon les témoins, ce jour après la grande prière du vendredi, celui-ci remercia les fidèles pour leur soutien, avant de dénoncer la situation compliquée dans laquelle s’est retrouvée la mosquée. « Je n’ai jamais vu ni entendu de toute mon existence, un partage des horaires de prière entre deux imams dans une seule et même mosquée », aurait-il dit, selon des témoins. Mais avant qu’il ne termine ses propos, un jeune partisan d’Ibrahim Gamby, débrancha le micro pour l’interrompre.

Pire, l’imam Gamby et ses partisans vont plus loin en faisant intervenir des loubards le lendemain de l’incident pour empêcher l’imam Makadji et les fidèles de prier. Le commissariat du 4ème arrondissement intervient alors pour ramener le calme, mais peine perdue. Car, révoltée, une partie de la population réclame le renvoi pure et simple de ‘’l’imam putschiste’’, Ibrahim Gamby.
Le temps de trouver un terrain d’entente, le gouverneur du district de Bamako a ordonné une fermeture provisoire de la mosquée, qui depuis la semaine dernière est sous le contrôle des éléments de police du 4ème arrondissement.
Affaire à suivre !

Lassina NIANGALY
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