Les observations de l’ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubeye Maïga, sur le rapport du Vérificateur général, ont l’avantage d’apporter des précisions sur les deux dossiers querellés et enquêtés à la demande du FMI : les marchés de l’avion présidentiel et des équipements et fournitures de l’Armée.
Outre la précision que : « les options ont été confortées par le mandat donné le 5 novembre 2013 par le Président de la République, Chef Suprême des Armées, à un intermédiaire qui était disposé à mobiliser le financement nécessaire à l’acquisition de nos besoins et procéder au règlement des fournisseurs à la livraison , tout en acceptant, sur la base d’une convention, d’être payé sur une durée de deux ans avec un différé d’un an »; la deuxième précision non moins importante est que : « Le choix du conseiller du Gouvernement pour l’acquisition de l’avion, en la personne de Monsieur Gaffa Joli, a également été établi sur la base de l’accord préalable du Président de la République ».
Deux types de marché, deux types d’intermédiaires, tous deux conseillers du pouvoir, mais à chacun sa profession. Si d’une part, l’intermédiaire dans l’acquisition des équipements et fournitures militaires, est le conseiller du président, Sidi Mohamed Kagnassy de GUO-Star Il, qui a eu mandat du Président IBK, et avec lequel l’armée a signé une convention ; d’autre part, c’est Gaffa Joli, un représentant de Michel Tomi, qui a été fait conseiller du Gouvernement et choisi par IBK, pour l’acquisition de l’avion présidentiel.
Qui est Gaffa Joli ? Cet homme est le directeur d’AfriJet, société de location d’avion appartenant à Tomi. Il constitue le lien entre Tomi et l’avion d’IBK. Et le Premier ministre Moussa Mara en sait beaucoup sur les liens entre Michel Tomi et l’avion d’IBK, et sur le rôle de Gaffa Joli dans le système, en sa qualité de conseiller du Gouvernement.
En visite en France, il y a deux semaines, le Premier ministre Moussa Mara a insisté sur le fait que : « Nul n’est au-dessus des lois » (article de Vincent Hugeux, publié le 07/10/2014). Concernant l’avion présidentiel, le Boeing 737, Moussa Mara signale que « c’est bien l’armée malienne qui a procédé à l’achat, puisqu’il s’agit d’un avion de commandement … C’est donc le ministre de la Défense de l’époque qui a signé le contrat. De même qu’il a été es-qualité maître d’œuvre pour les achats de fournitures [militaires] auprès de sociétés françaises. »
Révélations de Moussa Mara
Moussa Mara, a indiqué que le Fonds monétaire international (FMI) a constaté, au vu du rapport d’audit de ses experts, que son prix figure bien dans la fourchette pratiquée pour les appareils de cette catégorie : 20 milliards de francs CFA [soit environ 30 millions d'euros]. Mais, souligne le Premier ministre, « Reste à déterminer, s’il y a eu recours à des intermédiaires et quel a été dans ce cas le montant de leur rétribution. » Michel Tomi ? « . Il ne figure pas à ma connaissance parmi ces intermédiaires, mais il se peut qu’il ait présenté X ou y au ministre de la Défense d’alors. » L’allusion faite à X ou y n’est pas fortuite, et c’est Moussa Mara qui en a le secret. C’est lui qui parle de Tomi dans ce dossier, et le Monsieur X n’est autre que le représentant de Tomi auprès du gouvernement malien comme conseiller, en l’occurrence le directeur d’AfriJet, société de location d’avion appartenant à Tomi. S’interroge-t-il sur le montant de la rétribution des intermédiaires, que Moussa Mara doit se souvenir de ses propos lors de la Déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale.
La responsabilité d’IBK
Quand Moussa Mara déclare à Paris, que nul n’est au dessus de la loi, à qui fait-il allusion ? On se rappelle les déclarations faites par le président IBK au Ghana, où il est revenu sur l’achat de l’avion de commandement, en faisant selon lui, certaines mises au point nécessaires : «Je vous demande, mes chers frères, est ce qu’aujourd’hui un pays au monde peut se défendre, dire au reste du monde ce qu’il est, si le chef de l’Etat n’a pas les moyens d’aller là et là, ici et là, pour dire le pays et défendre le pays. En conscience chacun peut répondre à cela. Nous louions un avion, la location est tellement chère qu’en deux ans ça nous auraient fait le prix d’un avion. Donc le gouvernement, je dis bien le gouvernement a décidé qu’on achète un avion dans des conditions de très grandes clartés, sur 5 ans et voilà le problème. Certains maliens qui se disent responsables, qui disent aimer le pays ont dit n’importe quoi, ont écrit à la banque mondiale et au fond monétaire pour mettre le Mali en cause. Et depuis tous les bruits que vous entendez, je suis tranquille dans ma tête et dans mon cœur. Cet avion n’est pas pour Ibrahim Boubacar Keita il est écrit dessus République du Mali. » Mais le président IBK n’a pas dit à nos compatriotes de Ghana, qu’il a désigné le Directeur d’AfriJet de Michel Tomi, Gaffa Joli, comme conseiller du Gouvernement pour l’acquisition de son avion.
Mara lors de la DPG
Le Premier ministre a profité du débat autour de l’adoption de sa Déclaration de Politique Générale pour faire taire les rumeurs qui circulaient concernant l’achat du Boeing 737-700 acquis par la République du Mali pour les besoins de voyage de notre Chef d’Etat. En réponse aux préoccupations des députés, le nouveau chef de l’exécutif malien, Moussa Mara a déclaré «Il y’a la question lancinante de l’avion. Cet avion est acquis par la République du Mali … en toute souveraineté. Il n’appartient pas à Ibrahim Boubacar Kéita. Il appartient à tous les Maliens, cet avion est acquis pourquoi? D’abord ce que nous avons comme avion, le fameux Boeing 727 dont on dit qu’il n’a pas de problème. Sachez que le Mali ne peut pas justifier la propriété de cet avion. Nous n’avons aucun élément qui justifie que le Mali est propriétaire de ce Boeing 727. Dans nos régies financières des 10 dernières années, nous n’avons aucune trace du payement de cet avion, aucune trace! S’il a été payé, c’est par un autre canal qui ne concerne pas l’Etat. Nous n’avons pas de preuves d’immatriculation dans le patrimoine de l’Etat et auprès du ministère de la défense. Est-ce que c’est raisonnable de voyager avec cet avion ici ou là au risque de se le voir saisir? Deuxièmement nous avons procédé à un audit technique pour savoir si cet avion était sûr, l’audit est disponible, le Boeing exige un certain nombre de test auquel a échoué cet avion. Laissons de côté cet avion qui est inutilisable, si on doit voyager nous avons le choix entre louer un avion ou acheter un avion. Mesdames et Monsieur, le coût de location d’un jet pendant 4 ans équivaut au prix d’achat de l’avion qui a été acheté et qui a une durée de vie d’au moins 15 ans. Vous avez le choix entre louer et acheter, la location coute plus chère que l’achat, vous achetez. Et quand on a décidé d’acheter l’avion, nous avons dis compte tenu des moyens limités de l’Etat, nous dévons acheter un avion d’occasion. Nous avons déterminé un certain nombre de critères, dont le nombre d’heures de vol, le nombre d’atterrissage et le nombre de propriétaire de l’avion. Nous avions choisi l’avion qui offrait le meilleur rapport qualité/prix parmi les 3 options que nous avions. L’avion a couté à l’Etat malien 20 milliards de Francs, achat, transport, assurance, frais d’intermédiation. 20 milliards de francs financés par un emprunt sur 4 ans. Et au bout de 4 ans, cet avion appartiendra au peuple malien, un avion qui durera 15 ans», a indiqué le Premier ministre.
Et des ministres
Comme ayant provoqué une manie, chez nos gouvernants, le Boeing 737 a suscité des réactions pour les moins inattendues. Que dire des tweets du ministre de l’Economie numérique de l’Information et de la Communication Mahamadou Camara? « La République du Mali vient de se doter d’un nouvel avion, Boeing 737, qui remplace le B727 hors d’usage. Fini la location! (8 avr.)
1/2 Président IBK demain à Nouakchott, investiture du Président Aziz. Dimanche départ pour Washington, Sommet US-Afrique les 5 et 6 août.
2/2 Check up de l’avion Ok. Dommage pour les aigris (@MCamara2012/1er août) »
Comme si les propos du président de la République, du Premier ministre, et du ministre Mamadou Camara, ne suffisaient pas, le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko se lance dans la danse de l’explication diabolique de l’avion de malheur. Selon elle, l’avion a couté 20 milliards de francs CFA, qui se décomposent comme suit: les frais d’achat, de livraison, d’assurance et de dédouanement. Donc, en tout et pour tout il a couté 20 milliards dont 18,6 milliards ont déjà été transférés du trésor public.
On voit que le diable est dans l’explication, car selon son patron de Mara, le paiement devait se faire, sur une période de 4 ans. Si vous touchez à l’argent du trésor public, c’est là où sont hébergés les fonds donnés par nos partenaires pour des raisons connues.
B Daou