Le dialogue entre le gouvernement malien et les six groupes armés du Nord, signataires le 24 juillet à Alger d’une « feuille de route » pour certains et d’« une déclaration de cessation des hostilités » pour d’autres, a repris, le mardi dernier après un report de 72 heures, sous la houlette de l’Algérie, chef de file de la médiation internationale.
Au menu de ce round de négociations, le troisième du genre, l’examen à huis clos des éléments de base d’un avant-projet de paix négociée, équitable, globale et définitive de la crise malienne élaboré par la médiation algérienne à partir des propositions qu’elle a reçues des deux parties, celles-là mêmes qui ont été « sommées » vendredi dernier par le Conseil de sécurité de « négocier de bonne foi ». « Nous souhaitons à la faveur de ce troisième round une exploitation sage du temps qui nous est offert et arriver, en présence de toutes les parties impliquées dans cette crise, à une solution définitive », a déclaré, en ouvrant les travaux, Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, mettant en exergue l’intérêt que porte le président Bouteflika à ce dialogue et le climat de « maturité, de sagesse et d’ambition ». Lamamra prie ceux qui se prêtent au jeu des terroristes de cesser de le faire.
L’Union africaine, la Cedéao et l’OCI mettent en garde
Le président mauritanien Abdelaziz, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, très préoccupé par la situation au nord du Mali et qui tient beaucoup à la paix et à la stabilité dans la région du Sahel, se réjouit de la reprise du dialogue et remercie fortement l’Algérie pour ses efforts, un pour continuer le « difficile » processus qu’elle a initié malgré les « embûches », deux, faire converger les frères Maliens vers la préservation du caractère républicain de l’Etat malien », a déclaré Hindou Bint Ainina, ministre déléguée chargée des Affaires maghrébines et africaines.
Selon les représentants du Niger, du Tchad et du Burkina Faso, leurs pays, gouvernement et peuple attendent une lueur pour le Mali en provenance d’Alger. Les Maliens présents aux négociations sont priés par N’Djamena et Ouagadougou d’apporter chacun une pierre à l’édifice qui se met en place avant qu’il ne soit trop tard. « Nous avons envoyé des soldats au nord du Mali pour faire la paix et non la guerre », affirme l’ambassadeur du Niger à Alger, qualifiant le dispositif actuel de la Minusma de « pas sécurisant ». « Il est urgent d’arriver à un accord de paix », dit-il. Pour le délégué du Nigeria « Ce qui se passe au Mali nous préoccupe au plus haut point », a déclaré, avant de suggérer aux Maliens qui souhaitent réellement trouver une solution à la crise du Nord de prendre le taureau par les cornes avant qu’il ne soit trop tard. Un appel que Pierre Buyoya, le haut représentant de l’Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, reprend à son compte, après avoir invité toutes les parties maliennes à faire des compromis « gagnant-gagnant ». « Comme la paix au Mali est importante pour le Mali d’abord, la région ensuite et tout le continent. On ne peut attendre plus longtemps, d’autant que la situation sécuritaire actuelle est fragile. »
Paul N’GUESSAN