Le but de la rencontre était d’organiser des échanges entre les sommités internationales dans la lutte contre ce fléau et les autorités, afin d’identifier les voies et moyens de renforcer la transparence et la gouvernance dans notre pays.
La Fondation Forum de Bamako de l’Institut des hautes études en management (IHEM) a organisé hier au CICB une table-robe sur le thème : «bonne gouvernance-transparence-développement», en partenariat la Fondation Friedrich Ebert, le gouvernement et la Transparency international. L’événement s’inscrit dans le cadre de la visite au Mali de Peter Eigen, fondateur de Transparency international.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le Premier ministre Moussa Mara en présence de plusieurs personnalités. L’objectif de la table-ronde était d’organiser des échanges entre les sommités internationales dans la lutte contre la corruption et les autorités, afin d’identifier les voies et moyens de renforcer la transparence et la gouvernance dans notre pays.
A travers la présentation de modèles réussis de transparence, la table-ronde devait fournir également des pistes susceptibles d’améliorer la pratique de la bonne gouvernance et la transparence. La finalité est de contribuer à construire un Etat capable de faire face aux problèmes politique, économique, social et de sécurité interne et externe.
Le groupe cible est constitué de représentants de la présidence de la République, des institutions de la République, des partenaires techniques et financiers, des étudiants, des think-tanks sur la corruption et la transparence, des médias, de la société civile, et du secteur privé.
Le fait de tenir, ici, au Mali, en ce moment, une Table ronde sur le thème : «bonne gouvernance-transparence-développement» est une illustration de la nécessité d’une certaine urgence, a expliqué le président de l’IHEM, Abdallah Coulibaly, pour qui la rencontre donnera un écho singulier à la journée internationale de lutte contre la corruption qui sera célébrée le 9 décembre prochain. « Le choix du gouvernement de participer à cette rencontre, en ce moment, est à la fois un symbole et le signe d’une réelle volonté, celle de lier les actes à la parole, en plaçant la transparence et la bonne gouvernance au cœur de l’action publique », a souligné Abdallah Coulibaly qui a rappelé le geste des autorités de se soumettre aux vérifications de ses partenaires multilatéraux.
A ce propos, le président de l’IHEM a salué la décision du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita de consacrer 2014, année de lutte contre la corruption.
Il a fait remarquer que la crise multidimensionnelle qui frappe notre pays depuis 2012 a accru de manière considérable la faiblesse de l’Etat et donc fatalement celle de ses moyens de contrôle. Mais, a-t-il relevé, les actions récentes du Bureau du Vérificateur général et de la Cour suprême apportent la preuve de leur crédibilité dans notre Etat. « La presse et l’opposition républicaine doivent aussi être saluées à travers le comportement vigilant et responsable qui a été le leur, lors des affaires qui ont défrayé la chronique ces dernières semaines », a ajouté Abdallah Coulibaly.
Le président fondateur de Transparency international, Peter Eigen a rappelé qu’il a dû démissionner de la Banque mondiale pour se consacrer à la lutte contre la corruption.
Pour lui, les entreprises étrangères favorisent la corruption dans les États africains où les institutions sont faibles. Mais, précisera-t-il, aucun pays au monde n’est épargné par la corruption. Avec le changement de mentalité, la pression d’une société civile forte et crédible, la corruption peut baisser d’ampleur, a-t-il estimé.
Il s’est réjoui du fait que la transparence et la bonne gouvernance constituent la trame de l’action gouvernementale car il ne saurait avoir d’institutions fortes ni d’approfondissement de la démocratie sans qu’une lutte acharnée ne soit menée contre la corruption.
En général l’appréciation de la gouvernance au Mali, selon le représentant résident de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, Jan Fahlbusch, est déficitaire car seulement 23% des personnes interrogées la jugent positive. Pour les populations enquêtées, a-t-il expliqué, la bonne gouvernance signifie « l’autorité du droit » pour 35,3%, la bonne gestion des biens de l’Etat et la gestion transparente des biens de l’Etat pour environ 32%. 30% des personnes interrogées comprennent la bonne gouvernance en termes de services aux citoyens auxquels ils ont droit (29,9%) ou lutter efficacement contre la corruption et la délinquance financière.
En termes de défis, la corruption occupe la troisième place avec 66,7% derrière l’insécurité (86%) et le chômage (80,7%). Ensuite suivent la santé (64,3%) et l’éducation (61,19%).
À la question de savoir les priorités pour le gouvernement, la lutte contre la corruption et les injustices viennent au second rang avec 52,2% après le chômage des jeunes (56%).
Ces chiffres exhortent clairement à un changement de gouvernance afin de faciliter la réconciliation des citoyens avec l’Etat. Promouvoir la bonne gouvernance est la condition pour rendre plus efficace les institutions et leur permettre de gérer de manière efficace et efficiente les défis énormes auxquels le Mali est confié.
Pour sa part le chef du gouvernement, Moussa Mara après avoir salué la tenue de cette rencontre, a annoncé pour bientôt, un logiciel qui permettra de contrôler la performance des différents départements. Il a également annoncé « un grand procès contre la corruption ce novembre prochain ».
A. DIARRA