La coopération entre le Mali et l’Inde gagne en importance dans le domaine de l ‘exploitation minière. Après la société Sandeep Garg and Company qui exploite le minerai du fer dans les entrailles de la chaîne montagneuse de Tienfala à Koulikoro et le projet de l’entreprise Earsthon à Talari, une petite localité dans le cercle de Bafoulabé en première région, c’est au tour de Maifa Mining Corporation (MMC) de s’intéresser au sous-sol malien. Cette entreprise développe un projet d’unité d’essai, de recherche et d’analyse de minerai d’or dans la petite localité de Kokoyo située à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Kangaba. La petite unité sera inaugurée samedi prochain par le ministre des Mines, le Dr Boubou Cissé.
En prélude à l’événement, les dirigeants de MMC ont organisé, samedi dernier, un voyage à l’intention de la presse nationale pour la mettre dans le bain avant le jour « J ». Au programme : visite guidée des installations, randonnée récréative dans le village, visite de courtoisie aux notabilités et autres responsables villageois. Tout a été préparé pour réussir cette inauguration qui s’annonce comme une grande fête. D’ores et déjà, les communautés piaffent d’impatience. Même si le projet n’est encore qu’à sa phase test, il suscite beaucoup d’espoir dans le village.
« Kokoyo est une zone enclavée. Pas de moyens de communication, encore moins d’infrastructures sociales de base. Tout est à faire, tant sur le plan de la santé que de l’éducation. Nous fondons vraiment de l’espoir sur ce projet pour nous donner le sourire en créant des emplois pour nos enfants, mais aussi et surtout en facilitant la construction d’infrastructures scolaires et sanitaires », résume Moussa Magassouba « Djo Balla », président de la coopérative des orpailleurs.
Le village de Kokoyo est une zone d’orpaillage par excellence. La localité abrite l’un des placers les plus importants du pays de par le nombre de personnes qui y travaillent. Récemment, le village s’était distingué, cette fois là en mal, avec l’effondrement d’une mine qui a coûté la vie à quatre personnes. Ici, l’orpaillage est plus qu’une activité génératrice de revenus. C’est une pratique culturelle, tant elle est ancrée dans les mœurs. Frontalière de la Guinée, la position géographique de la localité fait sourciller plus d’un du fait de la psychose de l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola.
La population d’orpailleurs est composée de Maliens, de Guinéens, de Sierra Léonais, etc. Tous cohabitent à la fois dans la symbiose et une promiscuité qui interdit toute intimité.
Les responsables de MMC se félicitent de l’entente entre les communautés. « Nous avons été surpris par l’accueil qui nous a été réservé. Les populations sont d’une ouverture d’esprit très touchante. Nous nous sentons très bien ici. Et nous pensons que cette aventure est partie pour durer à Kokoyo », se félicite Anil Kohli, le PDG de MMC.
Le patron de la société confie ne pas s’être trompé de destination. Le Mali, dit-il, est un beau pays dont le sous-sol regorge d’importantes ressources minérales. Les informations géologiques disponibles font état de l’existence de pétrole, en plus de l’or, du fer, du zinc, du diamant, du cuivre et du titane.
La compagnie envisage de transformer, à l’avenir, la petite unité en une véritable industrie minière, à l’image des grandes sociétés multinationales. Cette ambition sera cependant difficile à réaliser du fait de la rareté des ressources humaines qualifiées, se désole à l’avance Anil Kohli. En attendant, MMC travaille à la cohésion et à la stabilité du climat social avec les communautés. L’entreprise a déjà construit un pont qui a coûté 40 millions de Fcfa et envisage d’édifier à la rentrée prochaine des salles de classe et un centre de santé.
D’un coût total de plus d’un milliard de Fcfa, la petite unité industrielle va assurer l’analyse des échantillons aurifères. Elle est composée d’un training de 2 m3, de cinq moulins couplés à un système de décanteurs par lequel transite le minerai depuis les roches jusqu’à la récupération de pépites d’or. Ce mécanisme de traitement s’effectue à travers un système de gravimétrie, sans utilisation de produits chimiques.
L. DIARRA