Un "nouvel Afghanistan" risque de voir le jour au Mali, a mis en garde mercredi le ministre italien de la Coopération internationale, Andrea Riccardi, si des pays comme l`Italie ne s`engagent pas davantage dans cette région d`Afrique pour consolider la démocratie.
"Au Mali, on risque un nouvel Afghanistan. (...) Si le nord de ce pays, occupé militairement par les islamistes, se lie à l`action de (la secte islamiste) Boko Haram au Nigeria et à la situation dans le sud Algérien troublé, un mélange explosif se crée", a relevé dans une interview le ministre qui est aussi le fondateur de la communauté catholique Sant`Egidio, très
engagée dans les médiations discrètes dans l`Afrique sahélienne.
Le Nord du Mali est, depuis mars-avril, sous le contrôle de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Des contacts ont été déjà relevés entre certains rebelles et Boha Haram.
"Nous devons renouveler notre présence dans certains pays charnières, à majorité musulmane mais laïcs: le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal et la Guinée Conakry: ils peuvent représenter une ceinture de stabilité et de démocratie", a dit le ministre au quotidien italien Corriere della Sera.
"Je crois que la nouvelle frontière de l`Italie aujourd`hui est plus au sud de la Méditerranée, elle arrive au coeur du Sahel et du Sahara où passent les routes des trafiquants d`hommes et d`armes. Et la coopération veut dire consolidation des institutions et de la société civile", a-t-il estimé, regrettant la réduction de l`aide au développement et "le désengagement de la présence" italienne ces dernières années en Afrique.
"Le fait que l`auteur musulman (Mohamed Merah) de l`attentat contre l`école juive de Toulouse (en mars dernier) soit considéré comme un héros par des groupes fondamentalistes en Afrique m`a frappé: le jihadisme de ce continent est plus dangereux que le jihadisme arabe parce qu`il n`est pas circonscrit à une seule culture, mais adressé à tous".