C'était attendu depuis longtemps, le conseil de sécurité de l'ONU, sur l'aggravation de la crise sécuritaire au Mali dont la partie septentrionale est toujours contrôlée par des islamistes extrémistes qui y exercent des exactions de toutes sortes, avait demandé à la Haut-Commissaire de l'ONU d'établir un rapport sur ces faits.
La Haut Commissaire, qui n'a pu établir ce rapport, au motif que ses agents n'ont pu accéder à cette partie du pays, a néanmoins conclu à de graves atteintes aux droits de l'homme et à la dignité humaine commises par des groupes armés. Navi Pillay, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, est on ne plus clair dans ses dénonciations d'atteintes graves et répétées des droits de l'Homme commises par des groupes armés dans le nord-Mali, où ils exercent leur contrôle en pointant du doigt sur «plusieurs graves violations des droits de l'homme» et «éventuellement des crimes de guerre».
Ce n'est pas la première fois que de telles violations aux droits de l'homme sont signalés, dans cette parti du Mali où, depuis bientôt six mois, des groupes armés extrémistes exercent les pires exactions sur le populations locales, mais cela prend une tournure singulière quand la dénonciation vient, cette fois-ci, du haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
"Ces groupes auraient commis plusieurs graves violations des droits de l'Homme, et on pourrait également parler de crimes de guerre (...), parmi lesquels des exécutions sommaires, le recrutement d'enfants soldats, des atteintes à la liberté d'expression, des violations des droits à l'alimentation, à la santé...", a déclaré Mme Pillay, devant les 47 États membres du Conseil des droits de l'Homme.
"Des sources crédibles ont rendu compte de cas (...) de châtiments cruels par peines de morts, (...) des amputations", a-t-elle déclaré. "Trente personnes se trouvent derrière les barreaux", attendant d'être jugées "selon ce que veut la charia", dira-t-elle.
Elle a également dénoncé le recrutement par ces groupes armés d'enfants et de jeunes, ainsi que des cas de mariage forcés, de mutilations génitales féminines et des "exécutions sommaires de soldats maliens menottés".
Compte tenu de l'exacerbation de la violence dans cette partie du Mali, il avait été prévu que la haute responsable onusienne publie un rapport sur la situation dans le Nord-Mali. D'ailleurs, dit-on, cette demande lui avait été faite par une résolution du Conseil des droits de l'Homme adoptée tout récemment. En raison du fait que les experts de l'instance onusienne n'avaient pu se rendre dans cette partie du Mali, Mme Pillay n'avait donc pas établir un rapport en bonne et due forme.
On le voit, le nord-Mali est une zone de non droit où des groupes armés extrémistes commettent les pires exactions sur les populations locales. Avant cette dénonciation de ce responsable onusien, chargé des droits de l'homme, la même dénonciation de violence avait été faite par la procureur de la CPI, Fatou Ben Souda, qui, en son temps, n'avait pas elle aussi hésité de parler de «crimes de guerre».
En cette occasion, elle avait interpellé les groupes armés extrémistes face à leurs responsabilités pénales et insisté sur le fait que le tribunal international pourrait lancer des mandats d'arrêts internationaux à l'endroit d'éventuels coupables de ces actes.
L'interpellation de la procureur, on s'en souvient, avait été adressée à ces groupes armés quand ces derniers, gagnés par l'envie de défier la communauté internationale, avaient multiplié dans la zone de non droit des actions de destruction de mausolées de saints musulmans et des lieux de culte. Cette façon arrogante et violente de s'attaquer à des croyances veilles de plusieurs années, et à des symboles culturels d'une profonde densité historique, classés patrimoines mondiaux, avait provoqué le tollé général au sein de l'opinion publique et même de la communauté internationale. En l'espèce, le procureur Fatou Ben Souda de la CPI avait déclaré justement que la destruction de ces vestiges culturels et historiques, classés patrimoines mondiaux, n'était pas acceptable, en ce sens qu'elle constituait, dans certaines de ses manifestations, de véritables «crimes de guerre», prévus et jugés comme tels.
Les dernières condamnations unanimes de la communauté internationale, n'avaient pas assouplie l'envie barbare de ces groupes salafistes extrémistes de s'attaquer à des mausolées de saints musulmans. L'illustration en est que le samedi dernier, dans les environs de Gao, le Mujao, ces maitres des lieux, se sont à nouveau signalés par la destruction de mausolée d'un saint musulman.
"Les islamistes ont détruit samedi le mausolée de Cheik El Kébir, à 330 kilomètres au nord de Gao. Ils sont arrivés sur les lieux à douze. Avec des marteaux, des pioches, ils ont démoli le mausolée", a affirmé à l`AFP un élu de la région de Gao qui n'a pas souhaité être cité.
"Aujourd`hui à Gao, les islamistes se sont vanté d'avoir détruit le mausolée de l'érudit Cheikh El Kébir. Ils ont affirmé avoir cassé le mausolée samedi. C'est un crime", a par ailleurs déclaré à l`AFP un notable de la ville de Gao, sous couvert de l'anonymat.
Le mausolée de Cheik El Kébir, qui vient d'être détruit à Gao, est jugé très important pour la communauté des Kounta, considérés comme la communauté maraboutique des arabes. On les rencontre, celle-ci, notamment au Mali, en Algérie, en Mauritanie et au Niger. Au-delà de la très respectable communauté des Kounta, la destruction du mausolée de ce saint musulman, comme toutes les autres, commises par ces groupes armés extrémistes, est ressentie par les populations concernées comme une véritable humiliation.
Ces faits d'une atrocité effroyable, condamnables en tout point de vue, sont le lot quotidien des populations locales dans cette partie du partie, où les croyances sont quotidiennement violentées. Le calvaire des populations locales n'est pas prêt de s'estomper, de sitôt, car les islamistes extrémistes ont avoué à qui veut l'entendre qu'ils poursuivaient leurs actions de destruction de mausolées, y compris à l'intérieur de lieu de culte, comme c'était le cas en juillet dernier de la grande mosquée de Tombouctou.