Si de bon gré, le président IBK n’est pas dans une logique de remaniement du gouvernement, les institutions financières viennent de lui en imposer. Elles exigent que les membres du gouvernement mêlés à l’affaire de surfacturation soient exclus de la délégation malienne qui doit prendre part le mois prochain à New York aux négociations de décaissement de fonds. Reste à savoir si IBK va céder à ce chantage.
Après avoir obtenu de nos autorités la publication des rapports d’enquêtes dans l’affaire de surfacturation de l’avion présidentiel et d’équipements militaires, les institutions financières ne veulent plus s’arrêter en cours de route. Elles veulent obtenir la tête des ministres dont les noms sont cités dans lesdits rapports. A commencer par le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko. Elles demandent que cette dernière ne soit pas le chef de file de la délégation malienne qui doit se rendre à New York en décembre pour les négociations de décaissement de fonds pour notre pays. Ce fonds, suite à l’achat de l’avion présidentiel et d’équipements militaires, a été gelé par le FMI en attendant de faire la lumière sur cette affaire rocambolesque.
Même si le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ne disent pas à IBK de changer son gouvernement, le fait de ne pas voir le ministre de l’Economie et des Finances conduire la délégation malienne à cette importante rencontre pour notre pays contraint le président malien à nommer une autre personne à l’hôtel des Finances. Le FMI et la BM, qui apportent des appuis financiers conditionnés à notre pays, seraient mécontents de la violation de toutes les procédures de passation de marché public. Ils pointent un doigt accusateur sur Mme le ministre des Finances qui a pêché par sa légèreté et son incapacité à faire preuve de rigueur dans le traitement des dossiers. Ils n’ont pas aussi compris qu’au sortir de la grave crise politico- institutionnelle que la voracité et la gloutonnerie des gouvernants peuvent prendre le dessus sur la reconstruction du pays.
Ce gangstérisme financier au sommet de l’Etat a profité à des ministres sans dimension et incultes de s’enrichir de façon crapuleuse sur le dos des pauvres maliens qui cherchent désespérément à assurer le prix de condiments des trois repas réguliers. Ainsi, le président IBK, à l’instar de ses deux prédécesseurs, rentre dans l’histoire de fabrication des démocrates-milliardaires.
On se rappelle qu’en 1998 à la suite d’un rapport publié par la Banque mondiale, il a été décelé vingt et un (21) milliardaires dont onze (11) fonctionnaires. Et avec ATT, la liste des milliardaires s’est dangereusement allongée à la suite de la corruption sophistiquée, du détournement de deniers publics, de la spéculation foncière et du trafic d’influence.
Les institutions de Bretton Woods, en quittant notre pays le mois dernier, avait souhaité que les femmes et les hommes impliqués dans cette sale affaire puissent être sanctionnés. Mais depuis, rien n’a été entrepris dans ce sens pour faire démissionner les ministres concernés du gouvernement et les mettre à la disposition de la justice. Les ministres incriminés siègent toujours dans le gouvernement, président fièrement les ateliers et autres cérémonies et le président de la République donne l’impression à son peuple que ses proches sont au dessus de la loi.
Selon une source diplomatique, les ministres impliqués dans l’affaire de la surfacturation ne feront pas le voyage des USA. Elle nous informe aussi que si IBK veut que son pays bénéficie des milliards des institutions financières, il doit écarter les ministres en question et les mettre à la disposition de la justice conformément à sa déclaration de faire de l’année 2014, l’année de la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
Si IBK avait écouté les sages conseils de son ancien Premier ministre, Oumar Tatam Ly, en écartant les incapables de son entourage, il ne serait pas aujourd’hui entre l’enclume de la pression extérieure et le marteau de son orgueil. En tout cas, la balle est dans son camp.
Yoro SOW