Le film tout comme les caricatures islamophobes relèvent moins du test de la liberté d’expression que de la provoc au premier degré. Leurs auteurs ne cherchent pas à voir jusqu’où ils peuvent aller impunément dans l’exercice du plus beau cadeau qu’offre la démocratie, c’est-à-dire pouvoir exprimer son opinion sans finir ses jours dans un bagne. Si tel était l’objectif recherché, nul aux Usa de l’après 11 septembre n’aurait accepté les clauses liberticides du Patriot Act dans le pays qui se veut pour la liberté ce qu’est la Mecque à l’Islam.
Ce que veulent ces pyromanes, c’est de démontrer que la Mecque ne mérite point d’être la capitale de la seule religion qui s’est le plus répandue ces cent dernières années, transcendant les continents et séduisant parfois mais chaque fois avec une résonance singulière des intellectuels et scientifiques occidentaux de renom. Ils savent qu’en insultant le prophète Mohamed (Psl) qui est sacré pour les musulmans, nombre de ceux-ci pourraient ne pas se retenir. Ils savent qu’ils pourraient commettre des actes de violence ou de représailles contre celles et ceux qui leur paraissent être à leur tour les symboles de l’offense.
Or les Américains tués à Benghazi, pas plus que d’autres nationaux pris à partie pour des coups de crayon blasphématoires, ne sont ni moralement responsables ni pénalement coupables de l’acte pour lequel ils sont punis. Même en appliquant la charia et surtout en appliquant la charia, les diplomates de Benghazi seraient aujourd’hui vivants et libres.
La double douleur du croyant réside dans le blasphème commis et dans le meurtre de celui qui ne l’a pas commis. Ces foules déchaînées contre des ambassades, ces procès expéditifs de faux gourous sont tout aussi récusables que les insouciants provocateurs de l’Islam. Le Mali ne doit pas suivre la rue arabe. Nombreux sont les chrétiens et les occidentaux non musulmans qui accompagnent les musulmans à jeûn. Même Abuzeid n’a pas osé tuer Philomène Kaboré. Sinon, il aurait rendu le plus grand service qu’il pouvait rendre aux détracteurs de l’islam.