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Crise politique et sécuritaire du Mali : les vérités qu`on ne dit pas
Publié le mardi 8 mai 2012   |  Info Matin




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Le 22 mars 2012, le régime du Président ATT a été balayé par un coup d’Etat dirigé par de jeunes officiers conduits par un capitaine du nom de Amadou Haya Sanogo. Toutes les organisations sous régionales, régionales et internationales ont condamné le coup d’Etat.
Beaucoup de gens, dont des personnalités africaines, prédisaient déjà un chaos, une catastrophe pour le Mali. Ils disaient que les jeunes officiers n’avaient pas d’agenda, n’étaient pas préparés à faire un putsch et étaient donc considérés comme des aventuriers sans but précis qui allaient conduire le bateau Mali vers un gros iceberg.

Tout cela avait été soutenu et amplifié par une certaine presse, des chaînes de télévision et des stations de radio aux ordres de leurs maîtres comme RFI ou France 24.

Bamako a été la proie aux pilleurs, aux voleurs, aux brigands pendant trois jours. Le plus important est que ces jeunes officiers ont réussi au bout de trois à quatre jours à remettre de l’ordre dans toute cette situation. Personne, trois jours auparavant, n’aurait parié sur leur capacité à réussir cela.

Les stations d’essence ont repris du service sous la supervision des militaires, les bâtiments administratifs, les domiciles privés des anciens dignitaires et les magasins et boutiques des commerçants ont été sécurisés. Je crois que cela a dû surprendre les détracteurs de la junte et doit être salué. Une certaine presse internationale aurait dû, par franchise, mentionner cela, notamment RFI, France 24 et autres Africa 24, toutes basées en France.

Le plus grand aveugle, dit-on, est celui qui ne veut rien voir.

Une presse hypocrite, une presse aux ordres, une presse acquise voire achetée à la cause des ennemis de l’Afrique qui lui tracent la ligne à suivre, sans scrupule. Bref, une presse transformée en béni-oui-oui ou en une simple chambre d’enregistrement. Que de contre vérités, que de mensonges, que de provocations envers le Mali. Heureusement, bon nombre de nos frères africains, dont certains ont déjà été victimes de cette presse taillable et corvéable à merci par l’Elysée, ont compris.

Ainsi, le 27 mars 2012, jour officielle de reprise du travail après le putsch, Bamako était une ville calme, contrairement aux mensonges que continuaient à faire véhiculer des medias hypocrites, aux ordres et à la solde de Paris, comme France 24 et autres RFI, qui parlaient de confusion, de bagarres voire de chaos. On aurait cru qu’il s’agissait d’une autre ville que Bamako.

En fait, rien n’indiquait que le pouvoir avait changé de main. On aurait pu se poser la question de savoir si un putsch avait eu lieu au Mali quelque cinq jours auparavant car la normalité était visible partout. Pendant ce temps, nous nous évertuions, moi comme beaucoup d’autres, à convaincre des partenaires extérieurs que le calme régnait à Bamako et qu’ils ne devaient pas renoncer à leurs projets au Mali sur la base de simples mensonges véhiculés par des medias qui ont choisi de dénigrer le Mali pour des raisons connues.
Il faut aussi noter que ces jeunes officiers nous ont donné une belle leçon de démocratie. En effet, au cours des quelques jours qui ont suivi le coup d’Etat, on a vu défiler sur le petit écran des dizaines de représentants de partis, d’associations, de mouvements politiques, religieux, traditionnels, de la société civile, apportant leur soutien aux putschistes ou les condamnant.

Tout le monde y avait sa place, y compris, bien sûr, les farouches opposants au coup d’Etat que d’aucuns ont désignés sous le nom de ‘’front anti-putsch’’, partisans de la restauration de l’ordre ancien ainsi que les patriotes sincères et les démocrates convaincus qui voyaient dans ce putsch une bonne occasion pour le Mali de redémarrer sur de bons pieds. Toutes choses qui, quelques jours seulement auparavant, étaient ‘’interdites’’ à l’ORTM où les voix discordantes, n’allant pas dans le sens de la pensée unique, étaient étouffées.

Ainsi, pendant quelques jours, le vent de la démocratie et de la liberté d’expression a, enfin, soufflé sur la grosse boite de Bozola, dont les PDG ne devaient leur longévité à la tête de cet Office qu’à leur acharnement à le fermer à toute possibilité d’évolution démocratique au profit du prince d’alors.

C’est au cours de cette période que les différents groupes rebelles ont occupé les trois grandes régions du Nord Mali que sont Kidal, Gao et Tombouctou. Cela a amené beaucoup de gens à accuser les putschistes d’être la cause principale de cette situation d’occupation rapide de ces régions.

Ce qu’il faut comprendre, de mon point de vue, c’est que l’armée malienne était dans un état de déliquescence avancée, de sous équipement inadmissible et de démotivation inquiétante et même, par moments, de panique incompréhensible, qui étaient tels qu’il fallait s’attendre à ce que, comme par effet domino, les autres localités du nord tombent.

En effet, dès que le premier important domino, que constituait la zone de Tessalit avec son camp hautement stratégique, tomba, tout le reste allait suivre inévitablement. Même sans le coup d’Etat. Car cette armée, constituée de vaillantes gens, d’hommes et de femmes courageux, persévérants et sérieux au travail, n’avait pas été préparée pour faire face à une telle situation de rébellion.

Je reste convaincu que si elle avait à sa disposition les moyens conséquents, c’est à dire tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission de défense de l’intégrité du territoire national, tous ces mouvements de bandits armés seraient déjà mis hors d’état de nuire.

Face aux différentes mesures prises à l’encontre du Mali, dont un dangereux et injuste embargo, que la CEDEAO s’apprêtait à nous imposer, le Capitaine Sanogo et ses camarades ont, par un sursaut patriotique inégalé, fait le choix de sauver le Mali à nouveau en acceptant le retour à la normalité constitutionnelle tant réclamée par nos partenaires extérieurs.

Heureusement, le président par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, dans son discours d’investiture, l’a reconnu en saluant le sens élevé du patriotisme dont ils ont fait preuve sans lequel cette cérémonie d’investiture n’aurait pas été possible. Hommage leur a également été rendu par MM. Adama Bictogo et Djibril Bassolé, respectivement Ministre ivoirien de l’Intégration Africaine, représentant le président en exercice de la CEDEAO, et Ministre burkinabé des affaires étrangères et de la coopération régionale, représentant le Médiateur Blaise Compaoré.

Jamais de sa vie, la CEDEAO n’avait connu autant de facilité et de succès dans la gestion d’une crise de cette taille qu’au Mali. Elle y a connu tellement de réussite que cela lui est monté à la tête. Ainsi, la CEDEAO a décidé de pousser les pions plus loin, d’engager la vitesse supérieure en décidant unilatéralement, au mépris de l’Accord Cadre qu’elle a signé avec le CNRDRE et de la rencontre des forces vives du Mali à Ouagadougou avec le Médiateur Blaise Compaoré sanctionnée par une déclaration dans laquelle il a été fait mention de la création prochaine par les Maliens d’un cadre de concertation au sein duquel les questions qui n’ont pas pu trouver de réponses dans l’Accord cadre et dans les discussions de Ouagadougou, pourraient être résolues.

Autrement dit, la CEDEAO a décidé, à la place des Maliens, de donner ses réponses à des questions qui devraient trouver réponses au sein du cadre de concertation par les Maliens, notamment la question de la durée de la transition, du président à choisir pour la transition, entre autres. Comme si cela ne suffisait pas, la CEDEAO a également décidé d’envoyer à …….Bamako, contrairement à ce qui avait été convenu au départ, un contingent de soldats pour, dit-elle, ‘’sécuriser la transition’’.

C’est certainement la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase malien. Que cache cette mesure? Où veut-on nous mener ? Qui veut-on mettre à la tête du Mali à l’issue de la prochaine élection présidentielle? Qui a détourné la CEDEAO de son objectif initial qui était d’intervenir pour libérer le Nord et non pour venir, sous prétexte de ‘’sécuriser’’ la transition, s’adonner à des pratiques d’anguille sous roche à Bamako ?

La CEDEAO a tout obtenu du CNRDRE (abandon du pouvoir qu’ils ont acquis au prix de leur vie, retour à la normalité constitutionnelle, libération des dignitaires de l’ancien régime arrêtés, etc. ) et elle a bénéficié de toutes les facilites auprès du CNDRE dans la gestion de la crise malienne. Toutes choses qui ont permis au président en exercice, Alassane D. Ouattara, de se tailler une réputation de dur, d’intransigeant, de grand démocrate convaincu ne reculant devant aucun obstacle pour faire régner l’ordre constitutionnel sur l’espace CEDEAO dont il a actuellement la charge.

Ainsi, se voyant pousser des ailes, à force de succès engrangés dans sa gestion de la crise malienne, la CEDEAO, qui y trouve une belle occasion de renforcer sa crédibilité, en est devenue arrogante au point de vouloir ignorer le CNRDRE, l’autre partie à l’Accord-cadre, auquel elle se permet de demander de rentrer tout simplement dans les casernes, comme un père demanderait à son fils de rentrer se coucher. Quel manque de respect.

Le plus gros risque pour le Mali serait aujourd’hui d’abandonner le CNDRE ou de le ‘’livrer’’ à la CEDEAO. C’est pourquoi tous les démocrates convaincus et tous les patriotes sincères doivent soutenir le CNRDRE qui prépare activement, en toute discrétion, la bataille pour la libération du Nord. Le Mali ne doit pas être davantage humilié. Le Nord suffit. On veut bien que les frères de la CEDEAO nous viennent en aide, mais dans le strict respect de notre dignité, car nous ne sommes ni colonisés, ni sous tutelle. Nous avons des problèmes et nous cherchons de l’aide. Une aide désintéressée. Une aide franche et sincère.

Bref, une aide qui nous rend fiers, heureux de l’avoir reçue. Pas plus, car ne l’oublions pas, Djossé, Tiéba et Babemba Traoré, de leurs tombes, nous observent dans tous nos faits et gestes. Je reste convaincu que le Mali s’en sortira. Ce n’est pas facile de réparer en quelques semaines ce qui a été détruit en dix ou vingt ans. J’ai bon espoir que nous pourrons bientôt nous déplacer de Bamako à Aguelhock, et dans le sens contraire, sans encombre. In Chah Allah.

Après le rejet par la junte militaire malienne des mesures de la CEDEAO, une certaine presse internationale, fidèle à son rôle d’intox, essaie d’en faire une affaire du CNRDRE uniquement. L’erreur serait de croire que les Maliens sont dupes et qu’ils se mettront en marge de cette affaire qui doit les concerner au premier chef.

Ces mesures ont déjà soulevé un tollé général chez les descendants de Samory, Soundiata, Firhoun, Babemba, Tiéba, Da Monzon, Bakaridjan etc, qui veulent bien que leurs frères de la CEDEAO leur viennent en aide mais dans le strict respect de leur dambé, de leur dignité. On connaît la suite de tout cela, la tentative d’élimination de celui qui a dit ‘’NON’’ au nouveau diktat de la CEDEAO. Si la CEDEAO ne nous aime pas, ALLAH, le Tout-Puissant, lui, nous aime.

Il en a donné la preuve en faisant déjouer le complot qui visait à conduire notre pays vers une guerre civile. Dieu Merci. Mais le CNRDRE a besoin de plus de vigilance.

La CEDEAO qui a signé l’Accord-cadre avec le CNRDRE est-elle la même organisation que celle dont les dirigeants se sont réunis à Abidjan le 26 avril 2012 pour prendre des mesures violant ses propres engagements dans l’Accord-cadre ? J’en doute fort. On dirait qu’entre temps, une force occulte s’est emparée d’elle pour l’amener à changer de façon de faire.

Pourquoi la CEDEAO s’est subitement transformée en adversaire acharné ou en ennemi de son partenaire principal dans la gestion de la crise malienne, malgré l’existence d’un Médiateur ?

De plus, après les mesures du sommet d’Abidjan violant l’Accord-cadre et la déclaration des forces vives de Ouagadougou, la CEDEAO qui s’est réunie à nouveau à Dakar n’a pas eu l’honnêteté et la franchise de condamner la tentative de contre coup d’Etat qui visait à déstabiliser le Mali, à provoquer une guerre civile dans un pays qu’elle prétend défendre.

On attendait, non pas une condamnation générale des violences, mais des agresseurs nationaux et étrangers du Mali. Au lieu de cela, elle s’est contentée, dans son communiqué, de mettre en garde le CNDRE contre tout acte de déstabilisation durant la transition, qui pourrait justifier son intervention, passant ainsi sous silence l’énorme responsabilité de forces occultes locales appuyées par des mercenaires étrangers lourdement armés, ayant causé la mort de dizaines d’innocentes personnes, civiles et militaires. C’était un complot super diabolique, prémédité, savamment planifié et exécuté. Jugez-en par la présence de mercenaires recrutés à cet effet, et la précision des cibles visées (QG du CNRDRE à Kati, ORTM, Aéroport). Que fallait-il de plus pour convaincre ou édifier suffisamment la CEDEAO sur les intentions réelles des comploteurs ?

L’origine du mal

L’origine du mal ou du problème s’appelle le ‘’consensus’’.

ATT, un Indépendant ou un Sans-parti, démarra son premier mandat en tant que président de la République du Mali en 2002. Au cours des années précédentes, il avait vu l’opposition dans ‘’ses œuvres’’, notamment le coppo, sous Alpha Oumar Konaré et il savait cette opposition très dynamique et intransigeante. ATT n’a pas les mêmes capacités intellectuelles, le même savoir faire, les mêmes talents de débateur, de politicien aguerri et d’adaptation aux contradictions qu’Alpha.

N’ayant pas les capacités d’un dirigeant réellement charismatique et n’étant pas capable de supporter la moindre contradiction, de tenir le moindre débat politique franc, ATT inventa une forme de ruse pour pouvoir échapper aux bombes de cette opposition, constituée principalement de grands cadres, et qui allait lui mettre plein de bâtons dans les roues. Rappelez-vous, ATT avait refusé de faire un débat contradictoire contre Soumaîla Cissé à l’occasion de l’élection présidentielle de 2002.

Il inventa ainsi le ‘’consensus’’ consistant à s’attirer la sympathie de tous les grands opposants d’alors, dont les Maliens étaient fiers des actes sous AOK, en leur donnant l’occasion d’être au pouvoir sans avoir eu besoin de passer par les urnes pour y accéder.

Une opportunité inespérée, une aubaine, une chance inouïe à saisir surtout après tous les problèmes, toutes les misères rencontrées au cours des dix années passées. Le Mali devenait ainsi un gâteau à se partager. Le processus de trahison contre le peuple et la démocratie qu’il a mise en place au prix de son sang abondamment versé en 1991 avait ainsi démarré.

Ou plutôt une forme de démocratie de façade, de démocratie trompe-l’œil, voire ‘’trompe – communauté - internationale’’ naissait au Mali. La ‘’marmite du consensus’’, pour reprendre ce terme de Me Cheick Oumar Konaré, dans sa chronique du Jeudi dans l’Indépendant, que le pouvoir du ‘’consensus’’ a interdite en se servant du bâtonnier d’alors, devenu plus tard Ministre de la Justice.

Tous ceux qui étaient impliqués dans ce jeu de ruse pouvaient donc plonger la main dans cette marmite pour en retirer les plus beaux morceaux de viande qu’ils voulaient, ne laissant au peuple que quelques os inutiles. La démocratie malienne venait, de ce fait, de recevoir un violent coup de poignard dans le dos. Sa mort a ainsi été décrétée en la vidant de ce qui en constituait la substance, le levain, la crème, l’essence, c'est-à-dire une opposition, un contre pouvoir. Tous désormais unis derrière un seul homme. Tous devaient désormais accepter tous ses faits et gestes, sans protester. Tous devaient désormais faire les béni-oui-oui.

C’était le suivisme, le ‘’béni-oui-ouisme’’ au Mali. Le système de monopartisme de l’UDPM n’aurait rien à envier à ce mode de gestion qui a totalement ruiné le Mali. Au Mali, on opta ainsi pour le ‘’consensus’’ au moment où de grands pays démocratiques, comme les USA, la France, l’Allemagne…, cherchaient à renforcer leurs systèmes par de nouvelles mesures ou des lois visant à mettre davantage leurs peuples à l’abri d’éventuels caprices, dérives ou diktats de futurs dirigeants, même élus démocratiquement. C’est pourquoi, à la longue, ATT n’écoutait plus personne. Il n’en faisait qu’a sa tète. Il méprisait même les siens.

Seule son opinion, à lui, comptait. On sait ce à quoi tout cela nous a conduits : détournement massif de deniers publics, corruption, gabegie, impunité, népotisme, trafic d’influence, richesses nationales mal distribuées, une justice aux ordres, mal gouvernance même au niveau de l’armée et surtout……gestion solitaire et calamiteuse de la question du Nord de notre pays. Plus jamais de ‘’consensus’’ au Mali encore. Plus jamais ce que Tiéblé Dramé avait qualifié lors des campagnes pour la présidentielle 2007 de ‘’pouvoir de la ruse’’.

Retrouvons notre démocratie dont nous devons fixer les nouvelles règles qui s’imposeront à tous.

Les solutions aux coups d’Etat en Afrique

D’une façon générale, les coups d’Etat en Afrique francophone ont, de mon point de vue, trois causes principales : la mauvaise gestion des affaires de l’Etat, les règlements de comptes ou mésententes entre les militaires au pouvoir et les militaires qui se sont sentis trahis ou mis à l’écart de leur chose commune, le pouvoir, qu’ils ont pris ensemble; et enfin la troisième cause, non moins importante, est l’ancienne puissance colonisatrice, la France, qui provoque un changement de régime chaque fois qu’elle se sent abandonnée ou en train d’être abandonnée ou voit ses intérêts menacés par les tenants du pouvoir au profit d’autres puissances comme la Chine, la Russie (ou l’ex-URSS avec ses 15 républiques), les USA.
Suite au sommet de la Baule, organisé par François Mitterrand, et au fameux vent de l’Est, l’Afrique a suivi le mouvement et, en conséquence, le nombre de coups d’Etat a connu une baisse considérable. Bon nombre de pays, sous la pression de l’Occident et des organismes de financement ou d’aide au développement à ses ordres, brandissant menaces ou promettant primes à la démocratie, ont fini par décider d’aller au multipartisme et à la démocratie, souvent dans des circonstances douloureuses. Parallèlement à tout cela, la France-Afrique, qui est l’instrument privilégié de défense des intérêts de la France en Afrique, n’a fait que se renforcer et se durcir davantage. Tant que cette machine sera en marche, la France s’imposera toujours jusque dans nos……’’urnes’’.

Chez nous, on dit qu’une aiguille ne sera jamais retrouvée tant que la personne qui la cherche la cache en posant un pied là –dessus. Car, dans le cadre d’une démocratie de façade, bon nombre de chefs d’Etat ont trouvé de nouvelles astuces consistant à truquer les élections et à faire enregistrer leurs volontés par des assemblées dites nationales, presque entièrement achetées à leur cause, devenant ainsi des présidents à vie du fait de l’enlèvement du verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels. En effet, les constitutions africaines ont sérieusement souffert des agressions de nos dirigeants.

Ces constituions ne sont plus, pour eux, que de simples morceaux de tissus qu’ils peuvent tailler pour leur donner les formes qu’ils veulent en fonction de leurs intérêts, ou des intérêts de l’ancienne puissance colonisatrice. En un mot, toutes sortes d’astuces. La France a-t-elle intérêt à ce que des pays comme le Gabon, le Congo Brazza, le Cameroun, Djibouti etc, par exemple, soient dirigés par des hommes ayant les mêmes visions que Thomas Sankara, Sékou Touré, Patrice Lumumba, John Fru NDi etc. ? Rappelez vous l’élection présidentielle de 1992 remportée par l’anglophone camerounais John Fru NDi contre le francophone et ‘’ami’’ de la France Paul Biya.

Rappelez- vous également la victoire de Gilchrist Olympio au Togo en 1998 contre Eyadema père qui mit brusquement fin au processus électoral au vu et au su de la fameuse communauté internationale qui est restée muette. Pour ne citer que ces deux exemples parmi tant d’autres où des ‘’amis’’ de la France ont été imposés contre la volonté des urnes en Afrique. La réponse est connue. Le risque serait trop grand de laisser faire sans ingérence.

‘’Je ne veux voir à la tête d’un Etat ‘’ami’’ qu’un ‘’ami’’’’, semble vouloir dire l’Elysée. C’est pourquoi je doute fort que François Hollande puisse changer quoi que ce soit à ce système, s’il venait à être élu président de la République française, car la FrançAfrique est un système pour la France, pas pour un individu. C’est pour la sauvegarde des intérêts de la France, au delà de De Gaulle, Pompidou, Giscard D’Estaing, Mitterrand, Chirac et Sarkozy.

Au Mali, le capitaine Sanogo a eu la ‘’malchance’’ d’avoir fait un coup d’Etat qui n’a pas été autorisé par la France, qui n’a pas eu l’aval ou la bénédiction de l’Hexagone. C’est justement de cela qu’il souffre aujourd’hui car la France n’aime pas les coups qui n’ont pas été téléguidées par elle. Contrairement au coup d’Etat d’octobre 1987 au Burkina Faso, pour ne citer que cet exemple, parmi tant d’autres.

A ceux qui comptent sur cette fameuse force en attente pour régler les problèmes, je voudrais poser une question. Que fera t-on contre une junte qui prendrait le pouvoir à Abuja, le Nigeria étant l’un des plus gros fournisseurs en hommes de la standby force de la CEDEAO ? Inutile de chercher la réponse. Elle est connue. On négocie ou on se résigne devant le fait accompli. Pas plus. Le Mali aussi avait une grande armée respectable qui, hélas, connaît aujourd’hui d’énormes difficultés. On dit, chez nous, que lorsqu’un grand arbre tombe, même les chèvres peuvent monter sur ses branches par ce qu’il ne fait plus peur et par ce qu’il devient vulnérable.

Tous les patriotes du Mali doivent faire preuve de vigilance. Les ennemis du Mali cherchent à nous conduire vers une situation similaire à celle qu’a connue Brazzaville il y a des années, avec les ninjas, les zoulous et le cobras qui avaient réduit le Congo en ruines sauf, bien sur,……Pointe Noire, le siège du pétrole français, pardon congolais. Comme il fallait s’y attendre, c’est ‘’l’ami’’ de la France Sassoun Nguesso qui a fini par s’imposer. Le Mali n’est pas le Congo. Le Mali, terre bénie de Dieu, grande nation à la riche histoire, ne sombrera pas dans l’horreur grâce à son grand peuple et à son armée de vaillants hommes et femmes qui viennent de réussir à faire déjouer un des plus dangereux complots qui aient jamais été ourdis pour anéantir ce pays.

L’intensité du complot était telle qu’il fallait la baraka, les bénédictions, les prières des Maliens et de leurs amis ainsi que la vigilance de nos forces armées, pour pouvoir le déjouer et arriver à sauver le capitaine Sanogo et ses camarades du CNRDRE, le gouvernement, le PM et le Président par intérim ainsi que tous les grands patriotes maliens.

Si le coup avait marché, nous serions déjà mis devant le fait accompli d’une occupation du Nord par le MNLA et peut-être du Sud par la CEDEAO.

Conséquence du coup d'Etat au Mali : Le président Boni Yayi, qui a été, au sein de la CEDEAO, le plus volubile et le plus extrémiste dans son opposition au coup du Mali, a procédé à un remaniement ministériel. Il prend désormais en charge le portefeuille de la défense. La peur bleue de voir se produire chez lui ce qui est arrivé à son ami ATT qu'il a défendu de mille manières lors du premier sommet sur la crise du Mali, y est pour quelque chose. La solution au coup d’Etat n’est pas de faire de grands principes, des mesures, des lois, des décisions dans les textes des organisations sous régionales, régionales ou internationales en prônant la ‘’tolérance zéro’’, en menaçant d’intervenir militairement pour rétablir le soi-disant ordre constitutionnel ou tout simplement en s’octroyant le portefeuille du ministère de la défense.

Mais, la solution réside bel et bien dans la bonne gouvernance qui, de mon point de vue, signifie qu’il faut 1) bien gérer les affaires du pays, favoriser les libertés individuelles et collectives, assurer la sécurité des personnes et des biens, la justice pour tous, la santé, le logement, la sécurité alimentaire, l’emploi, entreprendre la lutte contre la corruption, les détournements massifs de deniers publics, le népotisme, l’arrogance, le mépris pour le peuple ou pour son armée, l’impunité, la gabegie, le partage illégal des richesses nationales, les actes de trahison contre peuple, les abus de toute sortes, etc…, 2) faire des élections libres, crédibles, transparentes, car tant que le président sortant sera considéré comme celui qui, par des manœuvres frauduleuses, imposera toujours le choix de son successeur ou qui se succédera à lui-même tout simplement, au lieu que ce soit le peuple qui décide, par ses votes, à choisir ses représentants, il y aura inévitablement d’autres coups d’Etat ou des soulèvements ou révolutions populaires en Afrique, comme ceux du printemps arabe ou comme celui d’Iran en 1979. Avoir été élu ‘’démocratiquement’’ ne suffit plus, car même Hitler a été élu ‘’démocratiquement’’, mais on sait ce qu’il a fait par la suite.

Donc, ceux qui ne veulent pas voir l’armée intervenir doivent faire le travail pour lequel ils ont été élus. La CEDEAO doit constamment veiller au strict respect des principes de bonne gouvernance dans ses états membres. Sinon, elle interviendra toujours comme un médecin après la mort, c'est-à-dire après coup, et n’aura que des crises à gérer.

L’Afrique est connue pour être le continent ou les élections sont les moins transparentes, les moins crédibles et les moins justes. C’est pourquoi, s’il nous était donné de faire des élections normales dans les 54 Etats de ce continent, j’ai des raisons de douter que plus de cinq de nos ‘’démocratiquement élus’’ puissent voir leurs mandats renouvelés ; et 3) que l’ancienne puissance colonisatrice, la France, qui constitue un des facteurs de blocage de notre avancée démocratique, cesse de se mêler de nos élections et surtout qu’elle arrête ses manœuvres visant à imposer les hommes acquis à sa cause au détriment de ceux du peuple souverain dont le choix doit être le seul à prendre en compte.

De plus en plus, les citoyens se détournent de leur devoir citoyen de vote, car ils ont la conviction que c’est de la pure mascarade et que leurs votes ne seront pas pris en compte dans les différents scrutins.

Enfin, au président Sarkozy qui a affirmé à l’occasion du débat pour la présidentielle qu’il n’y avait aucune raison de faire un coup d’Etat au Mali, nous répondrons qu’il n’y avait également aucune raison de créer ou d’encourager le MNLA pour le lancer contre le Mali, car ceci explique cela. Autrement dit, ceci est la conséquence de cela.

Dramane Dembélé
Bamako, MALI

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