Sous prétexte d'éviter une psychose, le gouvernement tait certaines informations aux journalistes. Illustration avec le dernier cas recensé.
Le nouveau cas dont le pays s'est fait l'écho est celui d'un infirmier de la clinique Pasteur de Bamako qui a succombé à Ebola. Dans les jours qui ont précédé cette information, son cas, celui de quelqu'un qui "saignait des yeux", d'après une source médicale, n'avait pas été communiqué aux journalistes malgré leurs démarches.
Volonté d'éviter la psychose
"Nous voulons éviter la psychose", expliquait un proche du ministère de la Santé malien. L'OMS Guinée avait saisi l'OMS Mali. L'infirmier aurait été contaminé par un patient guinéen traité entre le 25 et le 27 octobre à la clinique pour insuffisance rénale et paludisme. L'OMS Guinée avait saisi l'OMS Mali sur ce cas probable, mais l'information n'aurait pas circulé correctement. Après son passage à la clinique, le patient est décédé et a été enterré en Guinée. Les membres de la famille du patient ont également développé la maladie à Kourémalé, ville située à la frontière guinéo-malienne.
Les autorisations aux journalistes suspendues
Depuis quelques semaines, les ministères de la Communication et de la Santé ne délivraient plus d'autorisation aux journalistes pour produire des sujets vers Kourémalé. Dans un reportage précédent, Le Point Afrique avait constaté un manque de contrôle à cette frontière restée ouverte. À Koumanakouta, proche de Kourémalé, un homme nous avait confié travailler sur les sites d'orpaillage côté Guinée avant de rentrer auprès de sa famille au Mali, assurant que les contrôles n'avaient lieu que sur l'axe Bamako- Conakry : "De ce côté, il n'y a personne pour vérifier notre température. (...) Personne ne me pose de problème. Nous ne fermerons jamais la frontière." Dans son dernier rapport daté du 10 novembre, l'OMS préconise un renforcement de la surveillance et du dispositif à Kourémalé "compte tenu du nouveau foyer à la frontière côté guinéen".
L'Organisation mondiale de la santé insiste également sur la nécessité de mettre en place rapidement un centre de coordination d'urgence opérationnel et un centre de prise en charge dans les autres régions. Le ministère de la Santé malien devrait faire une conférence de presse très attendue à Bamako aujourd'hui. Il y a quelques jours, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avait déclaré lors d'une visite à Conakry : "Personne ne peut accepter qu'un pays soit indexé ou stigmatisé au motif que parmi ses populations il y a des porteurs de virus Ebola. Nous ne fermerons jamais les frontières du Mali."
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