NEW YORK - Trois agences humanitaires des Nations Unies ont rappelé vendredi que la situation humanitaire au Mali restait fragile et qu'il fallait continuer à soutenir les opérations humanitaires pour ne pas mettre en danger les perspectives de paix et de stabilité du pays.
"La situation au Mali reste très fragile", a déclaré le Directeur des opérations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), John Ging. "Même si l'aide humanitaire ne peut pas fournir de solution à cette crise, qui remonte à plus de 50 ans, elle peut contribuer de manière cruciale à atténuer les souffrances humaines et aider les gens à reconstruire leur résilience, alors que le processus politique se poursuit".
M. Ging s'exprimait lors d'une conférence de presse au siège des Nations Unies à New York, aux côtés du Directeur des secours du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Afshan Khan, et son homologue au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mabingue Ngom. Les trois responsables ont effectué une visite de trois jours au Mali la semaine dernière.
Lors de leur visite, ils se sont rendus à Kidal et à Gao, où ils ont rencontré des représentants des groupes armés, des responsables gouvernementaux, des partenaires humanitaires et des groupes de femmes et ont visité un centre de nutrition. Dans la capitale malienne Bamako, ils ont rencontré le Premier ministre, le Ministre de la Solidarité, de l'action humanitaire et de la reconstruction du Nord, des responsables de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA), des partenaires humanitaires et des donateurs.
"Tous ceux que nous avons rencontrés nous ont dit que le rétablissement des services sociaux de base est une priorité absolue", a déclaré Afshan Khan. "Malgré les difficultés, nous devons renforcer les systèmes de santé, en particulier en réponse à la crise nutritionnelle au Mali. On estime que 500.000 enfants souffriront de malnutrition aiguë d'ici la fin de l'année. Il est également impératif de faire fonctionner les écoles. Certains enfants dans le Nord du Mali ont passé trois ans sans étudier. Cette situation est inacceptable".
Les trois responsables onusiens ont appelé à davantage d'efforts pour assurer la sécurité des travailleurs humanitaires. Ils ont également appelé à davantage de moyens financiers pour les opérations humanitaires.
"L'appel humanitaire 2014 pour le Mali est financé à moins de 50%", a souligné M. Ging. "L'impact de ceci est bien réel : le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) a dû réduire de moitié sa flotte, réduisant l'accès aux sites éloignés à un moment critique; les équipes chirurgicales itinérantes ont dû mettre fin à leurs activités; et nous ne pouvons pas livrer de fournitures scolaires de base, comme des sacs à dos et des livres".
S'agissant de l'impact de la crise sur les femmes, Mabingue Ngom a indiqué que les femmes de Gao leur ont adressé un message simple. "Elles ont demandé à bénéficier de recours juridiques pour la violence horrible et les souffrances qu'elles ont endurées. Elles ont demandé qu'on leur donne les compétences et les moyens de gagner leur propre subsistance et qu'elles puissent participer activement aux négociations de paix et à la réconciliation nationale".