Le blanchiment d’argent prend une ampleur considérable au Sénégal. La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) du Sénégal révèle que les valeurs relatives aux dossiers transmis s’établissent à un peu plus de 88 milliards FCfa dont seulement
459 millions ont fait l’objet d’une opposition par ladite cellule et confirmée par le Juge d’instruction. Ce qui nécessite davantage de collaboration des acteurs non financiers comme les avocats qui sont invités à déposer une déclaration de soupçon.
En matière de poursuites des crimes économiques et financiers, le Sénégal semble tirer son épingle du jeu sur la scène internationale. Des statistiques avancées par le président de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), semblent confirmer cette impression, même si elles confirment, par ailleurs, que le Sénégal est également une, terre propice aux actes de blanchiment d’argent. Le nombre de rapports transmis aux parquets rapportés à celui de déclarations d’opérations suspectes reçues par la CENTIF est de plus de 16%, alors que la moyenne internationale tourne autour de 3%.
Malheureusement, c’est à ce niveau qu’un dysfonctionnement s’opère au niveau du système, car ces montants ne sont jusqu’ici pas recouvrés. Même s’il soutient que ces statistiques montrent l’efficacité du dispositif mis en place par le Sénégal, en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, il n’a pas manqué de dénoncer les lacunes qui dérèglent le système. Il est donc à mettre en exergue, l’absence d’une législation adéquate, relative aux modalités de recouvrement des avoirs gelés, confisqués ou saisis et leur mode de gestion, mais également la non implication de l’Agence
Judiciaire de l’Etat (AJE), dans les procédures pour défendre les intérêts du trésor public ce qui s’ajoute aux nombreuses imperfections du système.
Les conclusions issues de notre analyse peuvent servir de contribution afin de dégager les voies et moyens de rendre plus efficace la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Sénégal ainsi que dans tous les autres pays membres de la CEDEAO.
Cependant, il subsiste un intérêt matérialisé par le recouvrement d’avoirs qui devient de plus en plus le centre d’intérêt de la lutte contre le crime transnational. Les efforts de recouvrement d’avoirs n’ont pas encore atteint un niveau appréciable en Afrique de l’Ouest.
Le nombre de condamnations pour blanchiment de capitaux, dans la région reste négligeable. L’évaluation mutuelle des Etats membres du GIABA montre que les Etats membres de notre région ont encore beaucoup d’efforts à faire, en ce qui concerne les recommandations relatives au recouvrement d’actifs et celles relatives à l’effectivité de poursuites judiciaires des cas de blanchiment de capitaux et délinquance financière.
Abdoulaye A Traore