La Convention nationale pour une Afrique solidaire (Cnas-Faso/Hère), présidée par l’ancien Premier ministre Soumana Sako, a fustigé hier le double langage des autorités sur le document de synthèse des pourparlers d’Alger, la surfacturation et le virus Ebola.
Mardi, le bureau politique national de la Cnas-Faso/Hèrè a organisé une conférence de presse pour évoquer le document de synthèse issu des pourparlers d’Alger, les surfacturations intervenues dans l’achat de l’avion présidentielle, des équipements militaires et la propagation de la maladie à virus Ebola au Mali, dossiers dans lesquels il perçoit une duplicité des autorités.
« Tout en clamant urbi et orbi son attachement au caractère républicain et laïc de l’Etat ainsi qu’au respect de l’intégrité territoriale de notre pays et son rejet de toute formule d’autonomie et de fédéralisme, le gouvernement malien se dit satisfait d’un document de synthèse qui propose en réalité un système confédéral (donc pire que le fédéralisme). Or, outre les nombreuses contradictions et incohérences qui le caractérisent, le document de synthèse de la médiation est fondamentalement entériné par le gouvernement », a accusé l’ingénieur Soumana Tangara, secrétaire général du parti de Soumana Sako.
« Ce qui est proposé par les médiateurs et que le gouvernement malien est sommé de faire avaler au peuple militant du Mali, n’est rien d’autre que le programme politique du MNLA, d’Iyad Ag Ghaly et de leurs commanditaires étrangers aseptisé parce qu’expurgé des mots autonomie fédération et confédération et par la mention purement formelle du caractère républicain et laïc de l’Etat. Qu’il viole la Constitution de la République du Mali et constitue une attaque frontale contre la République, l’égalité des citoyens devant la loi, le service public et la justice, ainsi que contre la laïcité de l’Etat et la démocratie et encourage l’immixtion des leaders religieux dans le champ institutionnel politique ».
Il expliquera : « la Cnas-Faso/Hèrè s’interroge sur le rôle réel du Haut représentant spécial du président de la République que l’on voit et entend paradoxalement de moins en moins en cette phase pourtant cruciale des pourparlers d’Alger et ce, d’autant plus qu’il y a lieu de fustiger l’attitude et les propos inacceptables des représentants de l’Union africaine, de l’Union européenne et du Médiateur algérien enjoignant au Mali de violer sa propre Constitution pour accommoder un groupe de rebelles armés dépourvus de toute légitimité ».
Face à ces développements porteurs de gros dangers pour l’avenir démocratique et républicain de l’Etat malien, le BPN de la Cnas a lancé un appel pressant à la mobilisation générale de toutes les forces patriotiques, progressistes, démocratiques et républicaines ainsi qu’à la vigilance des pays frères et amis pour faire échec au plan diabolique visant à détruire le Mali en tant que République démocratique, laïque et unitaire.
Malversations financières
Le secrétaire général a déploré que depuis la proclamation de la République en novembre 1958, notre pays n’a connu une telle frénésie boulimique de détournement d’argent public et une telle atmosphère nauséabonde de pratiques proprement mafieuses de la part d’agents de l’Etat et de leurs partenaires affairistes étrangers.
« S’abritant derrière une interprétation élastique mais erronée de l’article 8 du Code des marchés publics et exploitant à son profit l’exigence populaire d’un réarmement des Forces armées et de sécurité, un réseau mafieux d’officiels publics, miné par des luttes intestines entre clans rivaux, s’est adonné à un véritable festival des brigands aux dépens du peuple malien et de ses maigres ressources financières ».
Il a soutenu que le peuple malien ainsi que la communauté internationale sont en droit d’attendre du président de la République qu’il s’adresse publiquement et solennellement à la nation et l’éclaire sur son rôle réel et sa part éventuelle de responsabilité personnelle dans la conception et l’attribution des contrats et marchés sulfureux dénoncés par la Cour suprême et le Bureau du Vérificateur général.
Sauf à laisser persister et accréditer dans l’opinion publique nationale et internationale un lourd soupçon de connivence de leur part avec des criminels à col blanc, il a exigé que le président de la République et son Premier ministre se doivent de prendre sans délai et d’annoncer publiquement « les inéluctables sanctions draconiennes qui s’imposent contre les auteurs et complices des ignobles malversations financières perpétrées aux dépens du peuple et de l’Etat maliens ».
Ebola au Mali
La Cnas-Faso/Hèrè a recommandé aux pouvoirs publics, avec l’aide de la communauté internationale, de renforcer la formation, la sensibilisation et l’équipement du personnel médical et paramédical, d’améliorer le système d’information, d’alerte précoce et de réaction rapide, d’améliorer la coordination et la circulation de l’information non seulement avec les pays voisins, mais aussi entre les différentes composantes publiques, privées, associatives et communautaires du système national de santé publique. Elle a insisté sur l’ouverture d’une enquête internationale contre les personnes responsables de la propagation du virus au Mali.
Maliki Diallo