Freetown, un membre du corps expéditionnaire médical cubain en Sierra Leone a été contaminé par le virus Ebola, qui mobilisait la vigilance des services de santé mercredi au Mali, dernier pays atteint, mobilisé pour circonscrire la propagation de la maladie.
Au Liberia, le pays le plus touché, le ralentissement des nouvelles contaminations paraissait perdurer, suscitant un satisfecit aux personnels soignants de la présidente Ellen Johnson Sirleaf. La chef de l’Etat a néanmoins récemment remanié son gouvernement, remplaçant les ministres de la Santé et de l’Education.
"Tout le monde travaille bien, les médecins, les infirmiers, et autres personnels soignants. Ils sont tous très vigilants et très efficaces. Et le plus important, c’est que la plupart des centres de traitement d’Ebola n’ont pas de patients", s’est réjouie Mme Sirleaf mardi lors d’une tournée des centres de Monrovia.
Le président américain Barack Obama s’est félicité mardi du "réel impact" des efforts des Etats-Unis au Liberia, où ils ont envoyé plus de 2.200 militaires, mais "nous sommes loin d’être tirés d’affaire en Afrique de l’Ouest", a-t-il souligné.
L’épidémie a réduit au chômage plus de la moitié de la population active du Liberia, selon une étude de la Banque mondiale publiée mercredi.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également indiqué prévoir une nette décrue du nombre de nouveaux cas dans le courant de l’année prochaine.
Au Mali, où le virus a fait cinq morts, dont quatre dans la capitale Bamako, 413 contacts potentiels étaient suivis par les services de santé, un seul - un médecin de la clinique Pasteur où est décédé un imam guinéen - ayant été testé positif, selon le dernier bilan officiel arrêté mardi.
L’épidémie, la plus grave de l’histoire de cette fièvre hémorragique identifiée en 1976 en Afrique centrale, a fait au moins 5.177 morts sur 14.413 cas recensés, dans leur immense majorité au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, où elle s’est déclarée en décembre 2013, selon le dernier bilan de l’OMS arrêté au 11 novembre.
- Médecins cubains pour la CAN -
Un médecin du contingent de 165 soignants cubains déployés en Sierra Leone, Felix Baez Sarria, 43 ans, a été contaminé et se trouve au centre de traitement de Kerry Town, près de Freetown.
Basée à Genève, l’OMS, qui supervise le déploiement des équipes cubaines, a proposé son évacuation vers l’hôpital universitaire de la ville suisse, a précisé le ministère cubain de la Santé.
Il s’agira de la première évacuation d’un personnel étranger aux pays touchés par Ebola depuis plus d’un mois.
Les soignants sont particulièrement vulnérables au virus, qui se transmet par les fluides corporels: 570 d’entre eux ont été contaminés, dont 324 sont morts depuis le début de l’épidémie, selon l’OMS.
Le chef de la délégation cubaine, Jorge Delgado Butillo, a indiqué à l’AFP que le praticien malade, spécialiste de médecine interne, a ressenti de la fièvre dimanche mais ne présentait aucun autre symptôme, se disant "sûr qu’il va s’en remettre".
Arrivé il y a plus d’un mois, le contingent cubain commence tout juste à se déployer dans l’ouest de la Sierra Leone, a-t-il précisé, soulignant les difficultés linguistiques et l’apprentissage spécifique d’Ebola.
Au total, Cuba a envoyé quelque 250 professionnels de santé: 49 au Liberia voisin, où ils gèrent un centre de traitement ouvert au début du mois au ministère de la Défense, et 35 en Guinée.
La Guinée équatoriale, qui accueillera la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN-2015, 17 janvier-8 février), a également annoncé avoir fait appel au savoir-faire cubain, recrutant 50 médecins de ce pays pour trois mois afin de renforcer la prévention contre le virus.
En Guinée-Bissau, une équipe de l’OMS a achevé sa mission d’évaluation en concluant que "le système de santé peu performant du pays ne permet pas de faire face à une épidémie d’Ebola", faute de laboratoire et de personnel qualifié, selon la chef d’équipe, Regina Hungria, qui a jugé contre-productive la fermeture des frontières avec la Guinée.
Une pléiade de stars de la musique et du cinéma, dont le chanteur Bono et les acteurs Matt Damon et Vincent Cassel ont lancé mercredi dans une vidéo un appel pour une lutte plus musclée contre l’épidémie.
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