A cette ville-frontière, la vigilance et l’implication des policiers sont à saluer tout particulièrement
A Kourémalé, village frontalier de la Guinée, la scène est devenue courante, même si on peut par moments lui trouver un caractère ubuesque. Les policiers de service au niveau du poste de contrôle se montrent d’une vigilance exemplaire.
Il leur arrive même d’interpeller littéralement les piétons pour que ceux-ci observent le lavage des mains et se soumettent au contrôle de température. Ces mesures de prévention, comme on le sait désormais, visent à circonscrire les risques de propagation du virus Ebola dans notre pays. Certains des passants semblent tout étonnés de s’entendre hélés ainsi, mais ils obtempèrent néanmoins, cédant à l’exigence du moment. Ils se lavent les mains au savon avant de les passer au gel. Ils se soumettent ensuite à une prise de température par les équipes médicales postées au niveau de la police et de la douane.
Dans cet exercice de contrôle de température à l’aide de thermomètres infrarouges, les équipes médicales répètent le geste deux ou trois fois pour certaines personnes. L’explication fournie à ce sujet par un agent de santé est qu’il se produit parfois un phénomène non pris en compte au départ : certaines élévations de température peuvent être liées à une forte exposition du sujet au soleil. Les personnes concernées par cette particularité sont alors mises au repos à l’ombre pendant quelques minutes, avant de se soumettre à une autre prise de température.
Le cas des motocyclistes est plus compliqué à gérer. Souvent certains de ceux-ci passent sans se soumettre à la recommandation du moment. Ils n’ont probablement pas pris la mesure des enjeux liés à une éventuelle propagation du virus Ebola dans notre pays. Peuvent-ils représenter un risque de propagation de la maladie ?
Par ailleurs, le visiteur peut facilement constater que le lavage des mains au savon n’est pas un réflexe absolument ancré à Kourémalé. Certains tentent même de s’y soustraire par tous les moyens. Pour les plus récalcitrants, il faut une intervention de la police comme pour ces deux jeunes Guinéens venus régler à la gendarmerie malienne à Kourémalé, une affaire qui les opposait à un transitaire. Ils tentaient obstinément de se soustraire à la règle au niveau du cordon sanitaire. Et dédaignaient ouvertement les approches conciliatrices. Mais les policiers de service ont su se montrer suffisamment dissuasifs et les deux « frondeurs » ont fini par se laver les mains et se soumettre à la prise de température. La police a procédé également au contrôle de leurs identités pour montrer qu’elle ne badinait dans ce genre de situation. Une fois l’incident clos, les jeunes gens sont repartis vers leur terre natale.
Dans la gestion de l’épidémie de fièvre Ebola, la police apporte donc un concours précieux. Elle veille à l’application des directives données par les autorités sanitaires dans la localité de Kourémalé. Les policiers de service se montrent d’une vigilance extrême, sachant déployer quand il le faut un gros effort pédagogique pour sensibiliser les passagers des divers véhicules sur l’urgence, mais surtout la nécessité d’observer ces mesures élémentaires d’hygiène et de gestion des risques de propagation. Les voyageurs sont aussi enregistrés au niveau de la police et des cordons sanitaires. Ils peuvent ainsi être identifiés et recherchés en cas de besoin.
L’observateur qui fait un tour de Kourémalé en dehors du parcours balisé de la délégation officielle se rend bien compte que le dispositif déployé comporte encore des insuffisances auxquelles il faut pallier au plus vite.
Chacun doit jouer sa partition pour éviter que des négligences coupables ne soient à l’origine d’une éventuelle propagation de la maladie. Par exemple, les cordons sanitaires, à en croire les agents de santé, ont été dotés de gel (une solution hydro alcoolique qui permet de désinfecter les mains) et d’un deuxième thermomètre infrarouge pour chaque cordon, seulement la veille de l’arrivée du président de la République.
Au niveau de l’autre cordon sanitaire, installé au niveau de la barrière douanière, un thermomètre infrarouge s’affole et signale de temps en temps des températures variables sur la même personne contrôlée. Un défaut de piles, nous précisera-t-on. Mais ici, et compte tenu de la complexité de la mission confiée aux acteurs impliqués, c’est surtout au défaut de vigilance qu’il faut veiller constamment.
B. DOUMBIA