Bréhima Doumbia s’est lancé dans une entreprise qui apporte de la valeur ajoutée aux productions maraîchères nationales
Le conditionnement industriel dans les usines de la SAK (Société Aminata Konaté ), des épices, des légumes sous forme de condiments propres et bien emballés, fait le bonheur des agriculteurs et des consommateurs. Longtemps, la transformation moderne des produits locaux a figuré parmi les maillons faibles de notre économie. Les experts soutiennent que seule la transformation crée la valeur ajoutée et permet de lutter efficacement contre la pauvreté. Depuis quelques années, les pouvoirs publics ont encouragé des initiatives visant à inciter nos compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur à investir dans le pays pour transformer et valoriser les produits locaux. Le potentiel agricole de notre pays est un atout pour le développement de l’agro-industrie. La clémence du climat, la fertilité des sols de certaines parties du territoire la force physique de travail des populations, font du Mali «le grenier de l’Afrique de l’Ouest ». Les grandes zones d’agriculture sont les régions de Ségou, Sikasso, Koulikoro, Mopti et une partie de la région de Tombouctou. Les agriculteurs y combinent avec ingéniosité les cultures céréalières (mil, maïs, sorgho, riz etc.) aux cultures de rente (coton, thé), aux fruits, légumes et tubercules. Cette gamme riche recouvre le soja, le sésame, les patates douces, les ignames, la pomme de terre, les pois sucrés, la mangue, les oranges, les bananes, les papayes etc.). Dans ces zones, l’économie est essentiellement basée sur l’agriculture. Le développement agricole est une priorité fondamentale. Pour valoriser cette importante capacité de production, les entrepreneurs de notre pays se sont massivement investis dans la mise en place des chaines de transformation des productions agricoles. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans les différentes techniques industrielles de transformation des fruits, légumes et autres agrumes. Ces unités ne se contentent pas de réduire les pertes dues aux surplus saisonniers, elles créent aussi de la valeur ajoutée et des emplois durables. créneau porteur. Bréhima Doumbia est un jeune opérateur. Il a décidé de tenter une expérience jusque-là inédite : le conditionnement industriel des épices et condiments. Cet autodidacte, auparavant vendeur au grand marché de condiments de Lafiabougou, a lancé en 2009 une unité de transformation et de conditionnement à grande échelle des épices et des condiments, baptisée « Baara Muso » ou « L’épouse préférée » du mari polygame. En cinq ans d’activité seulement, la marque a conquis le marché malien et même sous régional. L’histoire de cette entreprise exceptionnelle, sans doute la plus dynamique de notre pays, est en réalité le fruit du rêve d’un entrepreneur autodidacte devenu réalité. En effet, vendeur de condiments, le jeune Doumbia a compris tôt que la valorisation des produits locaux essentiels au quotidien des ménagères était un créneau porteur non encore exploité par les industries maliennes. Il se lança en 2009 dans la production artisanale des sachets de bouillon en poudre à base de maïs, oignon, ail, sel et épices. L’expérience inédite se relèvera très prometteuse. Conscient du potentiel de ce marché inexploité, le jeune Doumbia se lancera dans la transformation et la valorisation des légumes, des épices et autres condiments incontournables dans le panier de la ménagère. L’administrateur de la » Société Aminata Konaté », Issa Koné, déclare que l’entreprise propose aujourd’hui aux ménagères un gamme de 15 produits. Et Issa de dérouler la liste: « en plus du bouillon « Baara Muso » qui fait la fierté de notre entre entreprise, nous produisons le bouillon « Dagani », le piment en poudre, la sauce de piment, le poivre noir et blanc en poudre, le Gombo en poudre, l’oignon en poudre, le soumbala, la pâte d’arachide, la tomate en poudre et pâte, de la moutarde, du vinaigre blanc etc . L’usine de production de l’entreprise « SAK » est sise à Sébénikoro. Les visiteurs sont d’emblée frappés par les files de machines dans les différentes salles de conditionnement. « Il s’agit de la haute technologie chinoise en matière de transformation de produits céréaliers. Nous travaillons avec une firme chinoise. Elle nous livre des équipements de production de technologie de pointe et assure la formation de nos employés », révèle Issa l’air satisfait. La particularité de l’entreprise réside surtout dans les produits qu’elle fabrique. « Nous ne transformons que des produits locaux quotidiennement consommés dans nos nourritures. En les transformant nous facilitons la corvée des ménagères. Elles étaient obligées après les longues courses au marché, de piler ou de moudre certains condiments avant la préparation. La « SAK » offre la garantie sanitaire. Les produits étaient exposés au marché sous la poussière, le vent et le soleil qui dégradaient considérablement la qualité nutritive et même l’arôme des épices. Pire, la transformation locale des produits saisonniers telle que la tomate et les piments, est un souci majeur dans notre pays. Ces légumes produits en grande quantité en période de fraîcheur pourrissent vite faute de moyens de conservation et de transformation. L’administrateur affirme que son unité a signé des contrats avec des groupements de producteurs de tomates et de piments à travers le pays. » Ils nous fournissement quotidiennement », assure- t-il. Tout n’est pas rose. Le secteur de l’agro-industrie dans notre pays est marqué par un manque criard de créativité et une forte propension au « copié – collé ». Chacun reproduit ce qui marche. Mais cette fraude entraîne un déficit d’innovation, une faiblesse de la recherche – développement. C’est la conséquence de l’absence d’un observatoire de la concurrence. Bonjour! le non- respect de l’éthique et de la déontologie. La transformation et la valorisation de céréales et des légumes sont devenues une activité très lucrative. Toutes les associations féminines s’y sont mises. Résultats : les mêmes produits (mil, Fonio, arachide) sont emballés dans les mêmes modèles d’emballages (plastiques), avec les mêmes insignes, seul les noms diffèrent. Mais la qualité des produits laisse vraiment à désirer. Dans l’entreprise innovante « SAK », l’emballage est un atout majeur des produits « Baara Muso ». Il est fait en aluminium. L’enveloppe des produits de la société attire par leur esthétique et n’a rien à envier au grand label. « Nos emballages sont importés de Chine. Au Mali, nous n’avons pas d’usine capable de nous confectionner ce genre d’emballages répondant aux normes internationales. Dans toute la sous-région, seule une usine sénégalaise en fabrique, mais cela nous reviendrait trop cher. Nous importons de Chine. Sans regret vue la grande qualité de nos emballages », relève l’administrateur Issa . La force de ce secteur réside dans l’adaptabilité de la demande, la flexibilité de l’offre, le niveau de pénétration élevé et de sourcing. Les faiblesses sont l’absence de culture de marges, des manquements dans la gestion des stocks et des encours clients, la faible éducation financière, l’insuffisance du support des banques et établissements financiers de même que l’impact de la famille dans la gestion. Le jeune promoteur a surmonté beaucoup de difficultés. « Au début, on se contentait des produits vendus sur les marchés locaux. Aujourd’hui, la forte demande, nous pousse à nous approvisionner à partir des zones de productions. » a-t-il déclaré. La SAK a aussi pris contact avec les grandes zones de productions de la zone M16 de l’office du Niger pour assurer son approvisionnement en l’ail. L’entreprise connaît des difficultés à accéder au financement pour se développer. Le promoteur a injecté ses propres fonds. Et le succès est patent. La SAK emploie 264 agents permanents et plus de 500 emplois indirects. Cette admirable entreprise se démarque aujourd’hui par son dynamisme et sa vivacité. Le promoteur n’a pas fait d’études. Il s’est formé sur le tas, à l’épreuve des réalités du terrain. Il démontre que rien ne vaut l’expérience pratique. Dans notre pays, les filières agricoles et les activités industrielles qui leur sont liées sont l’un des principaux moteurs de croissance. La crise de 2012 et la morosité économique qui a suivi ont contrarié les activités des industriels. Mais depuis quelques mois la croissance a repris. L’industrie agroalimentaire est redevenue vigoureuse. L’exemple de la « Société Aminata Konaté » « Baara Muso » en est l’illustration. Les sachets de condiments « Baara muso » sont exportés au Sénégal, en Côte d’ivoire, au Burkina Fao, au Niger, au Congo Brazzaville et en France.
D. DJIRE