Après dix mois d’occupation et deux ans d’abandon par les autorités maliennes qui ont vu le saccage des édifices publics, le pillage des biens de l’Etat et des populations, la peur, la terreur et, surtout, l’insalubrité et l’incivisme des populations de Gao, jadis une des villes les plus coquettes du Mali, la légendaire capitale des Askia renaît de ses cendres. Sur un coup de tête des autorités communales, la Nordic International Support Foundation(NIS) a fait confiance au Dr Nouhou Ganaba pour redorer l’image de Gao et remédier à l’incapacité d’EDM. s.a qui n’arrive plus à fournir Gao en électricité.
Le drainage des eaux usées et de pluie pendant l’hivernage, l’acheminement des ordures ménagères et autres déchets liquides et solides vers un dépôt final en vue de leur destruction ont toujours été le casse-tête des populations de Gao, même si l’équipe communale actuelle en a fait son cheval de bataille. Cependant, c’est sous l’occupation de la ville et les mois qui ont suivi que Gao est devenue plus insalubre(très sale même) avec des tas d’immondices à tout bout de carré, des déchets solides et même liquides déversés çà et là par les agents des GIE d’assainissement et même par les éléments des forces de la Minusma.
Un défi auquel, le conseil communal de Gao s’est attaqué avec le concours financier de NIS qui n’a pas lésiné sur les moyens. C’est ainsi qu’à la grande surprise des populations habituées à l’obscurité que leur imposait EDM.s.a, les grandes artères de la ville sont illuminées, permettant aux petits commerçants de faire leurs business et aux élèves d’apprendre leurs leçons. Du coup, la vie reprend dans la Cité entraînant une baisse de l’insécurité et du banditisme résiduel. Un projet à double avantage car permettant de contribuer à la relance économique et sécuritaire de la ville à travers une énergie propre et renouvelable et, au-delà, amener les populations à vivre et travailler ensemble dans le cadre de la stabilisation.
Notons que 200 plaques solaires, illuminant chacune 60m (30m de chaque côté du poteau et 15m de front) avec des ampoules d’une durée de vie de 10.000 heures, sont déjà fonctionnelles sur un parcours de 9 km
Le second volet du projet consiste au curage des caniveaux, à la protection des collecteurs qui seront couverts en dalle et à la dotation de la commune de 500 poubelles, 40 charrettes équipées, 2 bennes et 1 incinérateur pour, éventuellement, la transformation des déchets solides. Pour le Dr Nouhou Ganaba, responsable du projet, « Le Projet d’assainissement des déchets solides de la ville de Gao est une mesure d’urgence qui répond aux besoins pressants de la stabilisation et de la réconciliation nationale au Mali, suite à une période d’occupation par les rebelles et islamistes et l’effondrement des services déjà précaires de collecte et de traitement des déchets solides. Nous avons constaté une prolifération de dépôts anarchiques de déchets solides à travers les différents caniveaux, berges, places publiques, les abords des cimetières, les rues et les ruelles de la ville. Ce phénomène a largement contribué à la stagnation des eaux de pluie, des eaux usées et excréta, favorisant ainsi la pollution, les moustiques, les nuisances et la dégradation du sol. La plus grande ville du Nord du Mali n’a plus de services de ramassage et de traitement des ordures. Certains caniveaux ne sont plus curés, les ordures ménagères sont jetées sur la voie publique ou dans le fleuve. La multiplication des zones de dépôts sauvages, l’absence d’hygiène, les nuisances pour les habitants, surtout au niveau des quartiers précaires représentent un problème sérieux pour les habitants. »
Ce projet, conclut le Dr Ganaba, « permettra à coup sûr de contribuer à la santé des populations à travers la propreté de la ville. Pour cela, il faut une meilleure organisation et une pérennisation du service d’assainissement des déchets solides et une large sensibilisation des populations. » Une aubaine que les populations de Gao et leur conseil communal ont saisie à deux mains. Déjà, un cadre de concertation et un comité des usagers ont été créés pour stimuler une participation active des populations, une meilleure coordination des efforts, le contrôle, le suivi et l’évaluation du projet. Le projet envisage le recrutement d’un technicien pour veiller sur la pérennisation de ce projet colossal que les Gaois ne sont pas près d’oublier.
Vivement un autre messie pour soulager les héritiers de Sonni Ali Ber Le Grand, Assi Tiya l’Askia Mohamed Sylla Touré.
Modibo TANDINA, Gao