Après le mauvais film, empreint de racisme anti-islam « l’innocence des musulmans », le journal français ‘’Charlie Hebdo’’ a remué le couteau dans la plaie en France où, désormais, on peut donner libre court à son islamophobie sans vraiment craindre les foudres de la justice. Cela sous le couvert d’une certaine liberté d’expression.
Comme bon nombre de confrères, pour la plupart des coreligionnaires, l’on est saisi par l’urgence de porter un regard critique sur le défoulement islamophobe auquel s’est laissé aller ‘’Charlie Hebdo’’, et cela, au nom d’une prétendue liberté d’expression que le directeur de publication Charb se plait à agiter comme un argument. Mais il arrive parfois que l’on découvre la déception qui est sienne, au regard de la naïveté qu’étale certains musulmans ou supposés tels. C’est-à-dire que l’on est envahi de rage, lors que certains vont jusqu’à déposer plainte contre un journal qui n’a fait que sauter sur une occasion (trop belle d’ailleurs) pour se taper une renommée, pour vendre son maudit journal.
Mais ce n’est pas cela qui pose un grand problème. En clair, le vrai souci apparait lorsque des quidams comme Marine Le Pen en font une chance de calmer les ardeurs de leurs dents lasses de guetter des occasions. Leurs dents d’islamophobes, de xénophobes et que sais-je encore ; des phénomènes dont le Front National détient le monopole dans une société française mobilisée en faveur de la préservation du « bon vouloir de vivre ensemble », pouvant consolider les bases de la République. Marine Le Pen n’a fait que remonter à la surface pour assener ces discours d’une inutilité tentaculaire visant à berner et à faire rêver tous ceux qui sont hostiles à « l’autre », c’est-à-dire le subsaharien, le maghrébin…bref tous ceux qui se retrouvent dans ce qu’on appelle en France les minorités visibles.
Il faut aussi relever que la manière de répondre par la violence, comme ça été le cas avec le film islamophobe, qui est en honneur dans le monde musulman, s’assimile à une ignorance anachronique et affligeante. Au Pakistan comme au Liban, quand les leaders religieux appellent à manifester ou mieux encore, mettent à prix la tête d’un tel ayant signé un film dans lequel il s’attaque aux musulmans et à leur prophète, ils contribuent inconsciemment ou non à renforcer, voire à ancrer les idées stéréotypées que les adversaires de l’islam diffusent partout dans le monde. Dans le même temps en Europe ou du moins en France ils donnent une opportunité à l’extrême droite dont le Front National de Marine Le Pen, porte l’étendard pour monter en force contre « l’étranger ».
La liberté d’expression, un arbre qui cache la forêt ?
Il est aussi vrai que tous ces événements posent tout simplement le problème de la limite que peut avoir la liberté d’expression. D’ores et déjà, sans vouloir vexer personne, je suis amené à dire que pour ma part, les caricatures du prophète dont se sont rendus coupables les journalistes de ‘’Charlie Hebdo’’ n’impliquent pas la liberté d’expression, mais relève d’une irresponsabilité qu’il serait irresponsable de défendre. Pas besoin de démonstrations pour affirmer que le moment ne s’y prêtait pas ! A dire vrai, en partant d’une évidence d’après laquelle toute règle ou principe a une exception que l’on peut confondre à la limite, l’ordre des choses nous oblige à dire que la liberté d’expression en tant que principe fondamental de la constitution des grandes démocraties, ne saurait manquer de limite. Sinon elle cesse d’être une loi établie par les hommes pour symboliser la liberté et devient un outil dont on peut se servir pour agir bêtement, et de manière irresponsable. Pour être honnête, le prétexte de liberté d’expression mis en avant par ‘’Charlie Hebdo’’ n’est que l’arbre qui cache la forêt d’une envie d’étaler son racisme anti-islam, d’ailleurs partagé par beaucoup d’occidentaux qui se donnent la liberté de le crier sur des plateaux de télévision au su et au vu de tout le monde. Comment trouver justification aux affiches islamophobes que l’on rencontre dans les bus dans certaines villes américaines ? Quelle est cette ignorance qui pousse à crier sur tous les toits le « je suis islamophobe ! » ?
La question « faut-il légiférer contre les atteintes au sacré ? » que l’on se pose dans ces derniers temps dans certains pays où les manifestations ont démarré en premier lieu contre le film islamophobe, doit faire l’objet d’un débat sérieux, déconnecté des considérations d’égotisme à l’échelle internationale. Pour ne pas laisser se diviser davantage un monde contre lui-même. Il y va de l’intérêt de tous !