Les élèves restés à Gao ne perdront pas leur année scolaire. Les islamistes d’Ançardine, en collaboration avec certains notables et enseignants sur place, ont décidé d’organiser les examens de fin d’année et permettre aux différents candidats du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF) et ceux du Bac d’éviter une année blanche. Un dispositif de relance des activités pédagogiques, avec l’organisation de cours de rattrapage, est actuellement en cours. Les écoles ont été également dotées en fournitures et matériels scolaires. Les voies et moyens pour l’organisation des examens seraient mêmes, selon nos sources, en cours de réflexion. Cette nouvelle est certes un ouf de soulagement pour les élèves de cette localité, mais mérite d’être sincèrement bien analysée.
Le samedi 31 mars, le trio Ançardine, AQMI et MNLA a pris la région de Gao après celle de Kidal avant de s’attaquer à Tombouctou. Suite à ces attaques qui ont fait fuir l’armée dans ces zones laissant derrière elle les populations entre les mains des assaillants, les populations du Nord vivent dans des conditions déplorables et sont privées de leurs droits les plus élémentaires. Plusieurs parmi elles ont été contraintes à l’exil. Les élèves et certains de leurs enseignants n’ont pas été épargnés par cet état de fait. Les salles de classe ont été saccagées et pillées. L’administration scolaire a pris la poudre d’escampette. Le système éducatif, dans son ensemble, a été paralysé. Ainsi de la date du 31 mai à nos jours, 2 200 élèves du fondamental et 350 bacheliers (pour les trois régions) se sont déplacés vers Bamako, sans compter ceux des autres régions. Cependant plusieurs autres élèves sont restés sur place faute de moyens, de disponibilité de foyers d’accueil ou tout simplement parce que leurs parents ont préféré se remettre à Dieu ? C’est en la faveur de ces derniers qu’Ançardine a décidé une réorganisation du système éducatif.
Après avoir mis le feu à Gao avec ses partenaires du MNLA et d’AQMI, Ançardine se joue maintenant au pompier et tente de combler le vide laissé par l’Etat. C’est en tout cas ce que laisse planer son rapprochement vis-à-vis de la population dans la cité des Askia. L’initiative en soi, pour les élèves, est une opportunité pour valider l’année. Mais, en réalité, d’énormes préoccupations demeurent. Les enseignants sont-ils suffisants pour la bonne marche de ce projet ? Quelles autorités organiseront les examens ? Ces examens, si jamais ils ont lieu, seront-ils validés ? Et enfin quelles leçons tirées de cette collaboration entre Ançardine et la population de Gao ? En attendant d’avoir des réponses à ces questions, une évidence mérite d’être soulignée. Ançardine gagne du terrain et progressivement la confiance des populations de Gao.
