La victoire du peuple Malien arrachée au prix du feu, du sang et des larmes en Mars 1991 est de nos jours fortement éprouvée par le retour sur la scène politique des forces de la restauration et l’irresponsabilité de certains acteurs du mouvement.
Pourquoi, il ya eu le 26 Mars ? Parce que, il y avait un malaise général, qui avait fait naître une farouche volonté des Maliens de briser la spirale des frustrations et des injustices. Déjà oublié, cela ?
Il fallait se battre pour les libertés fondamentales et la démocratie avec les perspectives qu’elle offrait.
Au bout de cette conquête majeure, il y a la liberté d’association, la liberté d’expression, la liberté de presse et d’opinion. En un mot, la liberté des initiatives à la base permettant au peuple de s’assumer dans toute sa plénitude. Le tout, couronné par un pluralisme politique qui s’est depuis, traduit par un multipartisme intégral. Au point qu’aujourd’hui, avec plus de 100 partis politiques, le Mali offre au monde le spectacle d’une démocratie presque « surréaliste »
D’important acquis dont l’illustration la plus éloquente a été la tenue d’élections libres en 1992 ont été arrachés par le peuple malien.
Des élections qui ont permis au peuple malien de choisir les hommes et les femmes qui, à tous les niveaux et à travers les différentes institutions, devaient le représenter et agir en son nom.
Mais, autant Mars 1991 a été une explosion de la colère contenue du peuple, autant l’ère nouvelle engendrée par les douloureux événements de mars 2012 a donné naissance à un nouvel état d’esprit.
Tout le monde avait le 26 Mars 1991, clamé « rien ne sera plus comme avant », mais il est aisé de constater que le peuple malien organisé au sein de divers mouvements et associations, n’a pas su accompagner le mouvement insurrectionnel de libération pour un mouvement de pensée politique élaborée, une démarche intellectuelle instaurée se traduisant par des débats sur le « comment » de la construction de la maison commune.
Or, le mouvement démocratique dans ses différentes composantes devait poursuivre le combat pour le parachever, le parfaire, progressivement.
Pour cela il se devait d’élaborer un nouveau système de pensée en direction du citoyen.
Hélas, le paysage politique actuel ne reflète pas l’image de dignité acquise par le peuple grâce à son combat de Mars 1991.
Les querelles de clochet, les invectives, les intrigues subjectives, voire systématiquement destructives et déstabilisatrices, sont tout le contraire de l’attitude d’une classe politique dans le cadre d’un Mali nouveau.
Les crises successives que le pays a connues ont dramatiquement révélé le manque de vision de nos responsables politiques, ceux-là mêmes qui prétendent représenter le peuple, et agir en son nom. Conséquence de cette situation, ATT, est revenu au pouvoir (que seuls selon lui, les fous ou les idiots devraient convoiter) en 2002, puis en 2007, grâce aux mêmes acteurs du mouvement démocratique qui, dans leur fébrile recherche de place et leur méchanceté avaient oublié que nombre de maliens avaient sacrifié leur vie pour eux et la démocratie.
La venue au pouvoir de ATT était déjà un échec du Mouvement démocratique au Mali.
Mais, les acteurs réels ou autoproclamés de cette démocratie ont continué à se battre pour leur orgueil et leurs intérêts sordides.
Ce qui devait arriver, arriva alors, et au cours d’un autre mois de mars, comme par ironie du sort.
Ainsi, l’extinction du dialogue entre les acteurs du 26 Mars, l’auto-exclusion, l’animosité, l’incapacité des hauts dirigeants (responsables politiques) à travailler ensemble, le manque de discipline ou l’incapacité à tenir des engagements, la mauvaise ou l’absence de communication entre les principaux acteurs du 26 Mars, auront été des obstacles qui restent aujourd’hui encore à surmonter.
Au point que, les assassins, les voleurs d’hier et leurs héritiers peuvent désormais passer pour de vrais martyrs, seuls capables de conduire le Mali au Paradis. Après avoir tenté, mais échoué dans leur entreprise de l’envoyer en… Enfer.
Le Mali qui a donné la vie de ses jeunes, les souffrances de son peuple a de nos jours tout perdu. Aucun acquit n’étant définitif, les assassins, fossoyeurs de l’économie nationale, pendant 23 ans, ceux là mêmes que l’on croyait à jamais cachés sont de nos jours de retour.
En ce 52ème anniversaire l’Indépendance du Mali, chacun doit faire preuve de modestie, d’humilité et de tolérance.
Nous sommes au cœur d’un processus complexe qui, pour s’accomplir de manière harmonieuse, requiert la contribution de tous.
Pour mesurer le reste du chemin à parcourir dans le parachèvement de l’idéal de Mars 91, chacun de nous doit méditer cette interrogation de Julius Nyéréré, ancien chef d’Etat de Tanzanie : « Hier l’Afrique a voulu faire construire le socialisme sans socialistes, aujourd’hui, nous voulons construire la démocratie, mais avons-nous des démocrates ? ».
Une question qui devrait amener la classe politique de notre pays à réfléchir sur son attitude actuelle et son manque évident de vision nationale et de sens élevé de l’intérêt commun.
Le Pr. Dioncounda Traoré, président par intérim de la République qui demeure un martyr et un acteur du mouvement démocratique Malien, a l’obligation morale de le défendre en assumant ses responsabilités avec courage et abnégation. C’est à ce prix qu’il marquera d’une emprunte indélébile l’histoire de notre pays. Du contraire, il aura failli à sa mission.
Quant aux démocrates, républicains, acteurs du mouvement démocratique, ils doivent eux aussi rester vigilants, dignes et soudés car les martyrs du 26 mars 1991 les observent.