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Mali-bailleurs de fond : Les dessous de la normalisation
Publié le vendredi 21 novembre 2014  |  Le Républicain
Coopération
© aBamako.com par mouhamar
Coopération militaire régionale: Exposition de Soumeylou Boubeye Maiga
Bamako, le 13 février 2014 (Hotel Salam. Lors de la 14e édition du forum de Bamako, le ministre de la défense et des anciens combattants du Mali, Soumeylou Boubeye Maiga a fait un exposé sur la Coopération régionale - mutualisation des dispositifs et stratégies de sécurité.




Même si le Représentant du Fmi ne s’est pas fait prier à la Maison de la Presse de saluer le travail des vérificateurs sur les audits concernant les achats de l’avion présidentiel et des équipements pour l’armée, les temps paraissent loin où la ministre des Finances flanquée de deux experts de Bretton Woods se prêtait aux questions des journalistes sur les deux affaires.
Tentant de reprendre la main, Mme Fily Boiré, à la suite de Soumeylou Boubeye Maiga, rendait publiques ses réserves sur les rapports d’audits quelques jours plus tôt avant d’accorder une interview sur une radio internationale. La ministre des Finances cherche à dédramatiser : elle répète que l’Etat n’a pas déboursé un franc pour le marché des équipements militaires qui est, rappelle t-elle, une affaire entre la banque et le prestataire Guo Star. Et la garantie de cent milliards de Fcfa accordée à la Banque ? N’est-ce pas une forme de financement ?

Décrisper et continuer

La caution de l’Etat à certaines transactions n’est en rien une anomalie, se défend elle, rappelant que la pratique a toujours eu cours entre l’Etat et la société cotonnière Cmdt. Dans le même temps, les avocats de Guo Star entrent dans la danse et s’évertuent à démonter le rapport du Vérificateur général. Tout cela a-t-il payé ? En tout cas, peu de temps après l’offensive de l’ex ministre de la Défense, celle de la Ministre des Finances et des avocats des prestataires incriminés, la pression des Partenaires techniques est comme tombée.

C’est la France qui ouvre le bal, cette semaine, avec un accord de coopération de 110 milliards de Fcfa dont une conversion de dette monétaire de 42,5 milliards de Fcfa, un prêt budgétaire concessionnel de 26,2 milliards de Fcfa et une subvention d’appui budgétaire de 2,6 milliards de Fcfa. Second sur la liste : la Banque mondiale. Elle vient de reprendre sa coopération avec le Mali en lui accordant un financement de 63 millions de dollars.
Côté Fmi, c’est aussi l’apaisement. « Peu de doutes que l’Union européenne, grand partenaire du Mali, suive » selon un expert malien.

Pourquoi les relations entre Bamako et ses partenaires se décrispe t-elle aussi vite ? Ceux-ci ont reçu du président malien l’assurance que la justice passera pour toutes les affaires concernées sans préjudice des sanctions politiques qu’il pourrait être amené à prendre contre tout ministre incriminé.

Opacité oui mais enrichissement personnel ?

Mais les services d’intelligence de pays partenaires ont fait également leur travail et donné leur conclusion : Si les opérations ont été de peu de transparence, concernant le contrat d’équipement pour l’armée, la preuve de l’enrichissement personnel est très difficile à établir. D’abord nos partenaires ont eu connaissance de l’audit comparatif sur les prix réalisé par le Premier ministre Mara.

Il ressort de cet audit portant sur les acquisitions de ces dix dernières années, que les prix pratiqués par Guo Star sont bien plus abordables. Et puis, rappelle un haut officier il y a huit mois, les Etats-majors même pensaient que ce contrat déboucherait sur des marchés fictifs. Mais, reconnaît-il, des centaines de containers ont été livrés. Officiellement, on estime que 90% des commandes ont été livrées, y compris les rations alimentaires « halal pour la première fois ».

Reste les armements. C’est là où le bât blesse. Car le rapport du Vérificateur pointe l’équivalent de 15 milliards Fcfa qui, sur le montant de près de 70 milliards qu’il n’a pas tracés. Pour une bonne raison. Transférés à la société Bart à Abidjan, une part substantielle de ces fonds a servi à faire des commandes d’armes qui ne pouvaient être avouées à la Banque.
Des commandes d’armes et d’équipement seront effectuées auprès de la Direction Générale de l’armement au Ministère français de la Défense qui autorise la transaction, le 30 janvier 2014 dans la lettre No 102889 signée du Cmt Alain Blondet.

Des lance grenades et des véhicules d’appui bastion notamment. Bien plus importantes seront les commandes faites à la société bulgare Metalika-AB Ltd portent uniquement sur du letal ; trente variétés d’armes et de munitions qui nécessitent selon un spécialiste 102 voyages d’avion cargo à Bamako pour livrer les produits.

Guo Star et Kagnassy dans le viseur

Commandé en janvier 2014, ces produits n’ont été disponibles qu’en septembre dernier, ce qui a fait l’objet d’une notification par lettre de Zvakvo Dimitrov, Pdg de la société Metalika à Sidi Mohamed Kagnassy, le Pdg de la société Bart domiciliée à Abidjan. Un Malien qui a fait fortune à l’international et dont le chiffre d’affaires annuel est de 650 millions d’euros. Cette commande n’a pas encore été livrée selon nos sources. Elle doit avoir le OK de la Cedeao.
Guo Star dont le promoteur Amadou Baiba Kouma n’était pas en odeur de sainteté à Bamako, s’est imposé : elle dispose des agréments requis pour les transactions d’équipement militaire dont Bamako a besoin. Il sera alors le partenaire de Kagnassy dans le deal du contrat d’équipement militaire audité. Ceux qui le connaissent se demandent ce que Kagnassy est venu chercher dans cette galère. Conseiller spécial d’Ibk, il a démissionné en septembre de sa position qui n’était plus tenable.

Le scandale des surfacturations avait fait le tour du monde. Il n’était pas rare de l’entendre rêver « d’un certain Mali capable d’ émerger et faire comme d’autres ». Il ne savait sans doute pas qu’il serait radioactif aussi vite. Ses partisans le donnent pour victime collatérale de l’après-Kidal où une lutte à mort a opposé le Premier ministre Moussa Mara et le ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maiga, démissionné lui aussi depuis. SBM comme on l’appelle se bat bec et ongles pour que le rapport du Vérificateur général fasse pschitt.

Inversement, il fait tout pour que l’après-Kidal rattrape Moussa Mara. Les partenaires du Mali eux, ont d’autres préoccupations qui les amène au compromis avec les faiblesses de Bamako : l’après Alger et l’après Ebola. Des batailles bien plus dures à gagner que la relecture du controversé article 8, celui du secret défense dont le champ d’application est désormais restreint.
Adam Thiam
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Le Républicain N° 4380 du 7/5/2012

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