Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, et son homologue de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, Mahamadou Camara, ont rencontré, hier au ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, les diplomates accrédités dans notre pays, pour un échange sur l’épidémie de virus Ebola qui focalise l’actualité sanitaire à l’échelle planétaire. C’était en présence du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Mamadou Maki Traoré, et du le coordinateur du Centre des opérations d’urgence, le Pr Samba Ousmane Sow.
Cette rencontre initiée par le gouvernement s’est attachée à briefer les ambassadeurs des pays amis vivant dans notre pays sur la situation de la maladie à virus Ebola. Notre pays a été contaminé en octobre dernier à partir d’un cas importé de la Guinée voisine. Il s’agissait d’une petite fille de deux ans qui succombera à Kayes.
Les autorités sanitaires ont pris les dispositions utiles pour mettre en observation les personnes entrées en contact avec la petite fille à Bamako et à Kayes. Au moment où notre pays pensait avoir contenu le virus parce que les contacts mis en isolement étaient déclarés indemnes de la maladie, notre pays a enregistré une contamination à partir d’un patient guinéen, admis en hospitalisation à la polyclinique Pasteur. Un infirmier de 25 ans (décédé) et un médecin de l’établissement de soins seront également contaminés, en soignant le vieil imam guinéen.
Depuis, les autorités s’emploient à circonscrire tous les risques de propagation de la maladie à virus Ebola dans notre pays. La polyclinique en question a été totalement désinfectée et les contacts à risque ont été mis en quarantaine. Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a indiqué que le médecin contaminé est encore en vie et reçoit des soins au centre d’isolement, installé au Centre national d’appui à la lutte contre la maladie (CNAM).
Faisant le point de la situation épidémiologique de la maladie, le coordinateur du Centre des opérations d’urgence, le Pr Samba Ousmane Sow, a expliqué qu’à la date d’hier notre pays a enregistré 50 cas suspects de la maladie dont 5 cas confirmés et 4 décès.
Notre pays qui était en alerte, a renforcé son système de surveillance surtout au niveau des frontières. La mobilisation est générale comme en témoigne la forte implication du président de la République. Aujourd’hui plus de 500 personnes entrées en contact avec les victimes de la fièvre hémorragique dans notre pays, sont sous observation médicale. Cependant, explique le Pr Samba Sow, il est nécessaire de maintenir la garde haute à travers une mobilisation accrue et plus de vigilance.
DANS LA TRANSPARENCE.
Le coordinateur du centre des opérations d’urgence a détaillé aux diplomates les dispositions et mesures urgentes prises par notre pays pour contenir la maladie et éviter toute propagation. Dans ce combat, notre pays a besoin de mobiliser 10,2 milliards de Fcfa en 3 mois et 18 milliards en 6 mois, a souligné le Pr Sow.
Parmi les dispositions prises pour lutter contre la propagation du virus Ebola et la stigmatisation, la communication figure en bonne place. En effet, explique Ousmane Koné, notre pays a opté pour la transparence : le point de la situation sera fait quotidiennement et diffusé dans la transparence. D’où cette rencontre avec les ambassadeurs des pays amis. Le ministre a donné l’assurance que tout est mis en œuvre grâce justement à l’accompagnement et à la solidarité de ses pays amis.
Le choix de la transparence, selon le ministre l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, répond au souci d’instaurer la crédibilité dans la parole publique. A cet effet, le gouvernement joue la carte de la transparence, de la régularité et de la précision pour informer l’opinion nationale et internationale de l’évolution de la situation de la maladie à virus Ebola. Les journalistes sont des relais sur lesquels s’appuie le gouvernement pour mieux véhiculer les messages et l’information vraie. Mahamadou Camara a invité les hommes de médias à savoir raison garder en évitant de véhiculer des rumeurs et de ne pas ajouter à la panique.
A cet effet, les journalistes se sont engagés avec leur ministère de tutelle de ne diffuser que des informations officielles. De son côté, le gouvernement s’efforcera de faire le point de la situation quotidiennement, cela en présentant la situation en tant que telle. Cette collaboration, explique le ministre Camara, a pu contenir les rumeurs qui circulaient ça et là et qui créaient une certaine psychose. Aussi, a-t-il indiqué, des messages ont été élaborés pour mieux faire comprendre à la population que la maladie existe bel et bien, mais ne constitue pas une fatalité. Sans banaliser la maladie, il faut la dédramatiser. Mamadou Camara a par ailleurs expliqué notre pays a fait le choix de maintenir la frontière ouverte avec la Guinée Conakry mais en limitant les visites.
Pourquoi ne pas fermer les écoles ? Pour le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, la maladie n’a pas atteint le seuil où il faudra déclarer l’état d’urgence sanitaire et fermer les écoles. Il est aussi préférable, dit-il, qu’on laisse les enfants en classe où les dispositions sont prises pour mieux les informer, les sensibiliser et leur dire comment se protéger de la maladie.
Présentement, l’heure est à la mobilisation générale où chaque citoyen doit savoir qu’il est un soldat dans la lutte contre l’Ebola. Seule cette mobilisation peut avoir raison de cette maladie, a jugé le ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication.
ATTENTION A LA STIGMATISATION.
Les leaders religieux, traditionnels, les élus locaux et les jeunes ont été appelés en renforts pour mieux sensibiliser les populations maliennes. A cet effet 15 000 jeunes seront formés, a annoncé Mahamadou Camara. Bref, le gouvernement travaille à une prise de conscience nationale. Le ministre a exhorté les diplomates à faire autant, à faire comprendre à leurs ressortissants que le Mali fait face au virus Ebola et que le peuple entier est mobilisé pour éviter toute propagation.
La stigmatisation étant l’une des conséquences graves de la maladie à virus Ebola, il est nécessaire que les uns et les autres comprennent que, passée la période d’incubation, les personnes mises en observation ne présentent plus un danger de contamination. Notre pays, a conclu le ministre Camara, a besoin dans sa guerre contre le Virus Ebola d’une mobilisation globale.
Les diplomates ont apprécié la gestion de la maladie à virus Ebola dans notre pays. L’ambassadeur de la Guinée a tenu à préciser que toutes les dispositions étaient par son pays prises pour éviter que le Mali, le seul pays frontalier qui n’a pas fermé sa frontière avec la Guinée, ne soit pas contaminé. Malgré ces précautions, des cas ont été importés de Guinée. Des mesures sont prises pour que cela ne soit plus le cas, a annoncé le diplomate en assurant que son pays est parvenu à contenir la maladie et qu’il enregistre de moins en moins de nouveaux cas de contamination.
Des rumeurs ayant fait cas d’une fermeture des frontières aériennes entre notre pays et la France, l’ambassadeur français les a démenties. Gilles Huberson a assuré que la seule disposition prise par son pays a été d’informer sa population de l’existence de la maladie au Mali. Les voyageurs français ont été aussi informés des mesures à prendre s’ils devaient venir au Mali. La France, toujours solidaire des Maliens, a déjà débloqué 200 000 euros soit environ 131 millions de Fcfa, pour aider dans la lutte contre Ebola.
M. A. TRAORE