L’usine de broyage qui sera construite en 2015, aura une capacité annuelle de production d’un million de tonnes d’engrais issus du phosphate.
La coordination du Programme « maïs » du Centre régional de recherche agronomique de Sotuba (CRRA) et son projet « Valorisation du phosphate naturel de Tilemsi » (PNT) dans le cercle de Bourem (région de Gao), ont organisé mercredi une journée portes ouvertes à l’intention des paysans, des cotonculteurs, des sociétés de coopératives du secteur de l’Office de la Haute vallée du Niger (OHVN), des encadreurs des services de vulgarisation de la direction nationale de l’Agriculture (DNA), des directions régionales (DRA), de la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT) et de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM). Objectifs : associer les paysans et les services d’encadrement aux activités en station de recherche, évaluer l’effet et l’expérience des nouvelles formulations du phosphate naturel de Tilemsi granulé enrichi à 27% P0205 et 35% P0205 sur les céréales (maïs, mil, sorgho, riz, coton) et sur les légumineuses à graine (arachide et niébé).
L’opération s’attache également à impliquer ces hommes et organisations dans le processus d’évaluation des technologies, montrer aux techniciens et aux paysans les résultats des recherches opérées dans les champs de sorgho où le PNT a été testé, ou encore, mettre les producteurs au courant des travaux sur le PNT. Le phosphate naturel de Tilemsi est un engrais organique essentiellement composé de phosphore (30%) et de calcium (43%). La capacité, l’analyse et les prélèvements du produit ont toujours été effectués avant son utilisation dans les champs. L’usine de broyage du phosphate naturel de Tilemsi sera construite courant 2015 à Bourem. Elle aura une capacité annuelle de production d’un million de tonnes d’engrais issus du phosphate. Son produit sera, lui, disponible en 2016. La nouvelle unité produira des granulés stables de même calibre et de meilleure qualité et qui seront, en plus, colorés pour donner un aspect attractif au produit. Le colorant sera aussi un produit naturel. La construction sera financée par la société canadienne « Great Quest S.A. » et une autre usine pilote de formulation du PNT verra le jour à Ségou.
TEST DU PHOSPHATE. La journée portes ouvertes a été marquée par une visite dans les champs où le phosphate naturel de Tilemsi a été testé, notamment les champs de sorgho de Samanko, à 15 km de Bamako, et de Sotuba, en Commune I. Le champ de sorgho de Samanko couvre une superficie d’à peu près 480 m2. Il a été traité avec l’engrais du PNT (3 formulations du phosphate : 27% P205, 35% NPK d’azote, du phosphore et du potassium, et enfin, le complexe). La variété du sorgho de ce site s’appelle la « Collection sorgho du Mali » (CSM). Son cycle est de 90 jours. Ici, le semi du sorgho s’est révélé à temps. C’est-à-dire que le test du phosphate naturel de Tilemsi a réussi dans ce champ. Et la récolte y est déjà possible. Le champ de sorgho de Sotuba, lui, couvre une superficie de 880 m2. Il a été soumis au même traitement qu’à Samanko. La variété y a été dénommé en langue nationale bamanankan « Grinkan », et en français, « Sorgho amélioré ». Pour un cycle normal de 120 jours, le semi du sorgho s’y est révélé en retard. C’est à dire que le test a échoué dans ce champ.
La visite guidée des parcelles, sous la conduite du Dr Lamine Traoré, de Sidaty Mahamane et de Fily Dembélé, tous du Programme « maïs » du CRRA de Sotuba, a débouché sur une rencontre entre techniciens et producteurs dans la salle de conférence du CRRA. Le coordinateur du Programme « maïs » du Centre régional de recherche agronomique de Sotuba, le Dr, Lamine Traoré, a rappelé que les sols sont dégradés, épuisés. Du coup, toutes les productions sont insuffisantes et limitées. Face à la situation et au coût élevé des engrais chimiques importés, le gouvernement a encouragé l’utilisation du phosphate naturel de Tilemsi, a précisé l’agronome et microbiologiste du Programme « maïs ».
15 à 20 années de travaux de recherche et de vulgarisation ont confirmé l’application difficile de la forme poudreuse du PNT, a noté le Dr Lamine Traoré. D’où les deux nouvelles formulations granulées enrichies respectivement à 27% et à 35% P2O5 adoptées pour le phosphate naturel de Tilemsi. La première, appelée « medium grade » ou PNT granulé à 27 % P2O5, comporte trois sous-produits (granulation simple, granulation plus et granulation soufre et granulé) pour l’application directe. La deuxième, appelée « High grade » ou PNT granulé enrichi à 35 % P2O5, combine l’urée et le potassium pour former trois sous-produits (granulation simple, granulation soufre et granulation bore), a-t-il expliqué.
Le projet « Valorisation du phosphate naturel de Tilemsi » a vu le jour en 2013. Il vise à utiliser les ressources naturelles locales et la recherche pour produire des engrais locaux propres à améliorer les sols et le rendement des cultures. Il s’agit aussi de déterminer, en station, l’effet des formulations à base de PNT enrichi à 27% et 35 % P2O5 sur la croissance ainsi que sur la nutrition phosphatée et le rendement des céréales et des légumineuses à graines. Le projet entend aussi impliquer les partenaires du ministère du Développement rural dans l’appréciation de l’effet des nouvelles formulations sur les cultures en station.
Outre ce projet, la coordination du Programme « maïs » du CRRA a, à son actif, les projets « Développement des variétés hybrides de maïs tolérants à la sécheresse » et « Support à la recherche pour le développement des cultures stratégiques en Afrique » (SARD). La coordination veut aider les producteurs à gagner suffisamment et à subvenir à leurs besoins en revendant leurs surplus de production. Elle travaille également avec les firmes agronomiques dans le cadre de l’homologation des produits pesticides.
S.Y. WAGUE