D’un coût estimé à 51 millions de nos francs, cette unité, dédiée fondamentalement aux enfants handicapés visuels, vient ainsi renforcer la section du Cabinet médical du Centre bénéficiaire.
C’est un personnel galvanisé et des responsables satisfaits du Centre de réadaptation et d’appareillage orthopédique «Père Bernard Verspieren» (CPBV) qui ont assisté à la remise officielle des clés de ce joyau, dans l’enceinte dudit Centre, à Baco-Djicoroni.
Cette cérémonie, certes modeste, mais pleine de signification, a eu lieu jeudi, sous la présidence du Directeur national du développement social, Modibo Diallo, représentant le ministre en charge de la Solidarité. Ce fut en présence de Jean-François Brebant, président de Handicap Afrique et chef de file des donateurs. Après qu’il eut remis les clés à M. Brebant qui, à son tour, les a transmises au président du Programme de réadaptation et d’orientation des personnes handicapées d’encadrement thérapeutique élargi (Prophete), le Directeur Diallo a eu droit à une visite guidée des locaux flambant neufs, équipés de matériels de dernière génération.
La satisfaction des uns, la reconnaissance des autres
Au terme de cette visite, il a rassuré de la disponibilité des autorités à accompagner le CPBV et toutes les initiatives de ce genre. Aussi, a-t-il réaffirmé l’attachement de son ministre de tutelle à la cause des enfants auxquels le cabinet est dédié. Au nom du ministre de la Solidarité, Modibo Diallo a, séance tenante, remis 1 million FCFA en espèce à titre de contribution au démarrage des activités de la nouvelle unité. «C’est l’occasion de réitérer les salutations des autorités maliennes à l’endroit de M. Brebant et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette unité ophtalmologique, surtout en direction des enfants. Cela montre à nouveau l’intérêt de la solidarité, qu’elle soit nationale ou internationale», s’est réjoui le Directeur, magnifiant les qualités humaines du Père Verspieren. Il s’est ensuite dit convaincu que ce bien sera utilisé de manière efficiente pour le bien des populations qu’il a, au passage, invitées à respecter les consignes qui leur seront données.
Pour sa part, Mahamadou Ba, président du Prophete, a exprimé son entière reconnaissance aux donateurs, mais aussi aux autorités maliennes pour leur appui inlassable. «Tout le travail que nous avons eu à faire depuis des années est compensé aujourd’hui. L’Etat l’a manifesté il y a longtemps, parce qu’il nous a donné le terrain, d’une valeur de 70 millions FCFA, sur lequel nous sommes. Et, depuis le premier trimestre, nous avons reçu notre première subvention étatique. C’est donc une grande satisfaction que nous enregistrons au niveau du personnel, des membres de l’association et de nos partenaires», a noté M. Ba. Cet appui, dit-il, leur donne beaucoup plus de courage et de détermination pour répondre aux attentes de la population malienne, notamment les personnes handicapées visuelles.
De son côté, le Directeur médical du Centre «Père Bernard Verspieren» s’est dit conscient des avantages que la nouvelle unité ophtalmologique apporte et au Centre et aux usagers. «Jusqu’à présent, l’ophtalmo, de ce côté du fleuve, n’est pas bien dotée. Nous avons donc un cabinet où on va consulter et des enfants et des adultes qui n’auront plus à se rendre à l’Iota ou dans d’autres structures qui se trouvent de l’autre côté. Non seulement la distance est réduite, mais aussi on peut avoir des soins de qualité sur place», rassure le Pr Abdou Touré, se fondant sur le capital d’expérience de l’équipe de spécialistes dont dispose le Centre.
Chef de file d’une multitude de bailleurs de la nouvelle unité, le président de Handicap Afrique s’est dit heureux que le projet ait été enfin réalisé en dépit des difficultés liées notamment à la crise que le pays a connue. Présent au Mali depuis 1998 (à titre personnel), M. Brebant justifie ce projet par une enquête qu’ils ont réalisée, en 2008-2009, dans la région de Kayes. Cette enquête a révélé que 32% des scolaires handicapés avaient des problèmes de vue. «A chaque fois qu’on allait en mission, les prof. et les directeurs nous disaient : quand est-ce que vous allez venir nous aider ?», a-t-il expliqué. L’initiative du cabinet avait ainsi été prise en 2010, avant qu’elle ne soit mise en standby par les événements de 2012. Ce projet, qui est à présent achevé, ne vise pas que la seule ville de Bamako, si l’on en croit Jean- François Brebant, Traumatologue de son état. La nouvelle unité est au service de toutes les régions du Mali. Toutefois, une participation financière sera demandée aux bénéficiaires pour éviter un «abus complet» des lunettes qui leur seront fournies.
Un centre de formation pour handicapés en ligne de mire
Il n’y a pas de doute que chez le président de Handicap Afrique, l’appétit est venu en mangeant. A peine ce projet exécuté, M. Brebant se propose en effet de créer, sur le même site, le premier Centre de formation professionnelle pour handicapés au Mali. «Je pense que l’année prochaine on devrait pouvoir commencer et ce sera un très gros centre», promet-il. Dans le futur établissement qui recevra également une dose de valides, il y aura sept corps de métier, dont le carrelage et la peinture.
Il importe de rappeler que le cabinet ophtalmologique est bâti sur un terrain de 5800 m2 et comprend un bureau, un magasin, une salle de consultation, une salle pour le lunettier et une salle d’attente. Il dispose à ce jour de 1 200 paires de lunettes pour enfants.
D’un coût estimé à 51 millions de FCFA (locaux plus équipements), la nouvelle unité est l’œuvre de plusieurs partenaires, notamment Handicap Afrique, la Fondation AnBer, Essilor Rotary International, Wasquehal, Mazars, la Fondation initiative et formation et les étudiants UIT de Tourcoing.
Bakary SOGODOGO