Parti pour présider la cérémonie d’ouverture d’un séminaire portant sur « le renforcement des capacités des organisations syndicales du Mali sur les principes et droits fondamentaux au travail et la gouvernance pour la participation des travailleurs dans la mise en œuvre du Pptd au Mali », organisé par le bureau international du Travail (BIT) à l’intention de l’Untm et de la Cstm, le ministre du travail, de la Fonction publique et des relations avec les institutions, Bocar Moussa Diarra a échappé de justesse à une agression le 18 novembre dernier à la Maison du partenariat.
N’eut été l’intervention énergétique du secrétaire Général de l’Untm, Yacouba Katilé, certains membres de la centrale syndicale voulaient faire passer au ministre Bocar Moussa Diarra un très mauvais quart d’heure. Une dame l’aurait même interpellé à la porte en le traitant de tous les maux d’Israël. Surpris par ce déchainement de haine contre lui, le ministre ne cessait de demander ce qu’il avait dit de mauvais.
En vérité, le tort du ministre de la Fonction publique est d’avoir pris ouvertement position pour deux centrales, à savoir la CMT et la CDTM. En pleine cérémonie d’ouverture, laissant son discours de côté et devant la représentante du BIT, il a osé demander pourquoi le séminaire était organisé pour l’Untm et la Cstm seulement alors que deux autres centrales existent au Mali. Ajoutant que l’Untm n’a plus le monopole de la légitimité. Une goutte qui a fait déborder le vase. L’autre contentieux qui oppose la centrale de Yacouba Katilé au ministre Bocar Moussa Diarra est le choix des délégués des travailleurs au Conseil économique, social et culturel. Faut-il rappeler que c’est l’Untm qui a toujours proposé les douze délégués devant statuer au sein de cette institution de la République pour le compte des travailleurs. Mais pour cette année Bocar Moussa Diarra veut briser le monopole de la centrale syndicale en donnant un quota aux autres syndicats (Cstm, Cmt et Cdtm). Pour priver l’Untm de ses privilèges à ce niveau, le ministre userait de toutes sortes de subterfuges pour que l’ancien secrétaire général Siaka Diakité et la patronne d’un syndicat dissident de l’Untm soient retenus parmi les représentants des travailleurs dans cette institution de la République. Toutes choses que l’Untm fustige dans une lettre incendiaire et se propose d’organiser une réunion extraordinaire pour statuer sur cette immixtion inacceptable et intolérable.
Les vérités de Yacouba Katilé à Bocar Moussa Diarra
Nous vous livrons l’intégralité de la correspondance du secrétaire général de l’Untm en date du 18 novembre 2014 au ministre de la Fonction Publique :
« Monsieur le Ministre, «Fidèle à ses principes de franchise dans la collaboration avec les pouvoirs publics, l’Untm, et l’ensemble des participants du Séminaire portant sur « le Renforcement des capacités des organisations syndicales du Mali sur les principes et droits fondamentaux au travail et la gouvernance pour la participation des travailleurs dans la mise en œuvre du Pptd au Mali » à la maison du Partenariat ce 18 novembre 2014, élèvent avec véhémence, leur désapprobation à votre immixtion flagrante, et partisane dans les affaires syndicales, et cela, en présence d’une représentante du Bureau international du Travail. Nous ne ferons pas l’injure de soupçonner de vous, une méconnaissance des instruments juridiques nationaux (la Constitution, le Code du Travail) et des conventions internationales (la déclaration Universelle des droits de l’homme, des Conventions et recommandations de l’Organisation internationale du travail) qui tous, font obligation aux pouvoirs publics d’observer la neutralité absolue entre les organisations syndicales, de respecter leur autonomie, leur indépendance, leur liberté de décision, de structuration.
Comment donc avez-vous osé, en interrompant votre discours d’ouverture du séminaire, faire le plaidoyer pour des Centrales que vous entretenez nuit et jour, sous le prétexte que leurs initiatrices ont un certificat de conformité de la justice. Comment vous pouvez ignorer que la représentativité des syndicats au plan de l’entreprise, comme au plan national en dehors des élections professionnelles, est déterminée par des critères, auxquels vos protégés ne répondent pas ? Jusqu’ici les informations relatives aux intrigues que vous nouez avec les deux Secrétaires généraux que vous savez bien défendre, nous paraissent comme des rumeurs.
Mais vous avez étalé votre dessein de semer la discorde, de nuire à l’Untm pour lui faire payer son audace. Nous le savions, mais nous le prenons comme une saute d’humeur que l’esprit de responsabilité, qui doit prévaloir en chaque membre de Gouvernement ou d’une institution républicaine, va supplanter les ressentiments personnels. Sachez donc que chaque fois que l’Untm a dénoncé les tentatives de division, afin que des aisances de régner soient possibles, elle ne parlait que de vos tentatives, que vous croyez secrètes, et de celles de vos semblables, actifs dans le mépris de notre Centrale. Je vous invite, en guise de conseil, à entrer dans l’humilité de l’homme cherchant à connaitre ce qu’il n’a pas appris : l’indépendance des syndicats ; dimensions, rapports avec les pouvoirs publics, le patronat ; la représentativité des syndicats : cas dans les entreprises, cas au plan national, c’est à dire Conseil économique, Conseils d’Administration, Conseil supérieur du Travail, conseil supérieur de la Fonction publique, Dialogue social, négociations collectives ; la liberté syndicale ; tenue des élections, organisation interne, élections, regroupement, alliances stratégiques.
En attendant, l’Untm vous fait remarquer qu’elle ne saurait admettre définitivement vos empiétements répétés, les violations du droit syndical que votre Ministère abrite en longueur de semaines. Elle s’abstient de toute plainte contre le Gouvernement auprès de l’Organisation internationale du Travail, sachant bien que vous agissez en fonction de vos propres ressentiments tout en profitant de votre position. Mais, du fait de la présence d’une Représentante du BIT, témoin de votre plaidoyer et pris comme témoin du plaidoyer pour la Cmt et la Cdtm, cette interférence pourrait avoir des répercussions. L’Untm ne saurait les démentir. Recevez l’expression de notre profond respect.»
Et pour prendre l’opinion nationale et internationale à témoin, le secrétaire général à fait ampliation de son courrier au Président de la République, au Premier ministre , au Président de l’Assemblée nationale, aux Présidents de la cour Constitutionnelle et de la Cour Suprême, aux Présidents du Conseil économique Social et Culturel et du Haut Conseil des Collectivités, au médiateur de la république et au Vérificateur Général ainsi qu’au Représentant résident du BIT au Mali et au Président de l’Amdh.
Paul N’GUESSAN