Le Conseil régional aide les acteurs à tirer le meilleur profit de leurs activités.
Notre élevage est basé sur le mode d’exploitation extensif, autrement dit le rang social d’un propriétaire de bétail se mesure à la taille de son cheptel. C’est pourquoi, il est courant de voir de milliers de têtes de bétail appartenant à un pasteur qui ne veut en aucun cas s’en défaire. Ce mode d’élevage n’engendre peu ou pas de profits financiers immédiats, ni au propriétaire, en dehors du prestige de posséder pour lui cet effectif, ni à la communauté en termes de retombées économiques.
Le département du Développement rural a inscrit pour le sous-secteur la promotion des produits d’élevage (viande, lait, œufs de consommation, cuirs et peaux, exportation de la viande à partir des abattoirs frigorifiques nationaux et privés etc). Pour réussir cette politique une meilleure exploitation des ressources de l’élevage s’avère indispensable et le département s’y attelle à travers la présente campagne agricole harmonisée et consolidée qui prend en compte à la fois, les productions végétales, pastorales et piscicoles.
Comment assurer une meilleure productivité des ressources pastorales, comment permettre aux éleveurs de tirer le meilleur profit de leur cheptel et comment peuvent-ils s’insérer dans le circuit commercial des produits d’élevage et sous-produits d’abattage ? Les réponses à ces différentes questions viendront pour la région de Mopti d’une petite localité, où l’élevage est florissant.
modèles d’élevage améliorés. En effet, la localité de Danna, située à 13 kilomètres de Sévaré dans la commune rurale de Fatoma (sur la route de Gao) abrite le Centre de formation élevage bovin lait. Cette infrastructure est le fruit de la coopération décentralisée entre le Conseil régional de Mopti et le département français d’Ille et Vilaine.
Ce centre s’inscrit dans la ligne droite de la stratégie nationale de valorisation du lait cru local en vue d’améliorer la productivité laitière de la région. La région de Mopti est réputée comme étant celle qui dispose d’un effectif de cheptel assez important et de ressources agro-sylvo-pastorales naturelles provenant de ses deux zones agro-écologiques (inondée et exondée).
Ainsi, ce centre a été réalisé en vue de former, de démontrer et d’expérimenter les modèles d’exploitation d’élevage pour la production laitière et la production de compost pour les cultures fourragères. Le centre vise la formation des éleveurs, plus spécifiquement les acteurs communément appelés les Dioros (adeptes de l’élevage extensif et disposant d’un nombre élevé de cheptel), et des techniciens d’élevage aux pratiques de l’élevage moderne en s’appuyant sur des modèles d’exploitations familiales économiquement viables et rentables.
Il s’agit pour les apprenants d’apporter des changements positifs dans la conduite de leurs exploitations en les amenant à suivre des formations sur les différents modules dispensés. Ces modules concernent, en outre, la connaissance du potentiel des exploitations et la précision des objectifs de production, les précautions à prendre pour l’installation d’une ferme à savoir le choix du site d’implantation, la nature du sol, la végétation, le choix du cheptel de départ etc, les techniques de cultures, de conservation et de stockage du fourrage.
La connaissance des formules alimentaires et la ration adaptée aux vaches gestantes, aux laitières et aux veaux, la connaissance des différents paramètres nécessaires pour une meilleure exploitation du troupeau laitier, la formation et l’accompagnement des acteurs de la filière lait et la réalisation du programme d’insémination artificielle des races locales bovines sont aussi des modules dispensés. Par ailleurs, la production et l’expérimentation des cultures fourragères pour l’alimentation des vaches laitières et le développement des énergies renouvelables (bio-digesteurs) à partir des bouses de vaches parachèvent la formation.
taux d’insémination de 65%. Pour toutes ces activités didactiques, le Centre dispose d’infrastructures appropriées comme un bureau, deux salles de formation, trois salles d’hébergement, une cuisine équipée, une ferme laitière composée d’étable, de hangars de stockage de fourrages, de magasins, d’un château d’eau d’une capacité de 5 mètres cubes et de fosses compostières. L’électrification et l’alimentation en eau sont assurées par une installation solaire et un bio-digesteur. Les formations sont dispensées par groupe de 20 participants qui adressent une demande au Conseil régional de Mopti. Sont visés par ces formations, les membres des groupements, coopératives, fédérations, associations, organisations communautaires de base, organisations de producteurs agricoles, d’éleveurs évoluant dans la filière lait et les techniciens d’élevage de la région qui en expriment le besoin.
La visite guidée du Centre était expliquée en langue locale peulh à l’intention de cette communauté qui pratique l’élevage. Il s’agissait pour la délégation de les sensibiliser à cette forme d’élevage afin qu’ils puissent tirer le meilleur profit de leurs activités. Bâti sur une superficie de 6,5 hectares, le Centre a, depuis 2011, où il est opérationnel, déjà dispensé diverses formations et a à son actif quelques résultats intéressants.
Ainsi, 281 éleveurs ont été formés, 219 vaches ont été inséminées avec un taux de réussite de 65%, la production de fourrage a atteint 38 tonnes (maïs fourrager, niébé, sorgho et arachide) et la production laitière annuelle a atteint 7000 litres pour 6 vaches. Il faut rappeler que le Centre dispose d’un effectif d’expérimentation de 9 femelles et 6 mâles, tous de races métisses Montbéliard et Holstein. Les visiteurs étaient visiblement très séduits par les résultats obtenus et tous ont exprimé l’envie de s’essayer à l’élevage moderne. Toutes ces formations étant dispensées gratuitement, les vœux ainsi exprimés seront certainement suivis d’effets.
M. COULIBALY
LEG. Les techniques d’élevage sont expliquées en langue peule
afin de toucher le maximum d’éleveurs