L’espoir d’une reconquête des régions du Nord est partagé par tous les maliens. Les rêves de la réunification du territoire national et de la victoire de l’armée malienne en sont de même. Le contrôle de l’intégrité du pays, plus qu’une ambition, est un devoir pour l’Etat. Malheureusement, une évidence reste à souligner : celle de l’acuité de la mission de reconquête des régions occupées. Autant l’option militaire laisse perdurer de véritables perspectives de résolution pour cette crise, de cette même manière il est difficile d’espérer une issue rapide et durable par le chemin de la négociation et du dialogue.
L’optimisme de notre volupté, en tant que malien, nous oblige à croire à la libération rapide et définitive des régions septentrionales de notre pays. Le pessimisme de la réalité, malheureusement, en est autrement. Cela s’explique à deux niveaux, notamment au regard de la situation actuelle du pays.
Ançardine, le MNLA et AQMI ont pris une avance et réconforté leurs positions sur le terrain…
Les dernières informations parvenues du Nord annoncent une collaboration relative entre le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), les islamistes d’Ançardine, AQMI et autres bandits armés. Ce partenariat, fondé apparemment sur les éventuelles réactions de l’armée malienne et d’une force sous-régionale, consiste à partager leurs positions, éviter tout affrontement qui pourra compromettre leurs acquis, privilégier le dialogue dans la résolution de leurs différends et concilier leurs objectifs quand bien même qu’ils soient différents. A cette entente ‘’contre nature’’, s’ajoutent bien d’autres facteurs aussi dangereux pour le Mali que la communauté internationale. Il s’agit, bien entendu, du renforcement de capacités de ces différents mouvements et l’adhésion progressive d’une franche non-négligeable de la population des zones occupées aux idéaux de certains groupes comme Ançardine. Cet état de fait parait certes logique eu égard aux conditions dans lesquelles se trouvent ces populations, mais ne doit pas pour autant être écarté. Il doit plutôt être perçu comme un désaveu de ces citoyens face à un Etat qui peine toujours à les délivrer d’une situation et semble, paradoxalement, s’effondrer. Ançardine ne cesse de recevoir, de certains pays arabes selon des informations jusque là non-vérifiées, des soutiens en vivres, logistiques…susceptibles de répondre aux besoins pressants des populations et, dans le même laps de temps, de les berner. Ils passent, tant bien que mal, leurs messages et se font de plus en plus ‘’d’acolytes’’. Ançardine, avec la particularité de ses objectifs par rapport à ses partenaires, tente de remplir le vide laissé par l’Etat. Ce mouvement, pour le moment, arrive plus à se faire adopter qu’haïr par la population. Les trafics d’influence, l’usage de la force, la corruption, l’intimidation et naturellement l’image de bon samaritain ou de saint parmi les démons qu’il tente de donner à l’opinion nationale et internationale sont autant de facteurs qui entretiennent cette position de leadership du mouvement islamiste.
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad, malgré sa discrétion et sa difficulté à mettre en œuvre ses plans, ne semble quant à lui trop se plaindre de la place qu’il occupe actuellement. Même si son ambition réelle aurait été de contrôler l’exclusivité des zones occupées, le MNLA se réconforte dans cette situation de non droit et d’absence totale de tout contrôle étatique. Le manque de pression et l’incertitude qui règne dans le sud l’auront certainement permis de se réorganiser, comme les autres, et entrevoir d’autres perspectives.
Quant à AQMI, il a été rejoint depuis quelques temps par des alliés venus de la Lybie, du Maroc et de la Tunisie. Sa présence dans le Nord de notre pays l’a valu de nombreuses convoitises. Le contrôle d’une bonne partie de la zone a favorisé ses activités, tout en lui permettant de mieux se préparer et faciliter ses opérations de prise d’otages et d’échanges de tout genre. A coté de ces 3 mouvements, évoluent d’autres minuscules groupes qui profitent de l’instabilité pour développer leurs activités criminelles et mafieuses.
La situation politique dans le pays demeure confuse, l’armée est déchirée et engagée sur plusieurs fronts…
Pendant que les ennemis du pays gagnent du terrain dans le Nord, le Sud se meurt silencieusement au vu et au su de tous les maliens. La situation politique demeure confuse malgré la mise en place d’un gouvernement. L’armée, elle, se déchire et se retrouve simultanément engager sur 4 fronts. Un premier sur le plan politique avec la détermination de certains partis et associations à la renvoyer dans les casernes. Un second front qui l’oppose à la CEDEAO, laquelle qui est résolument engagée à lui donner une leçon qui servira de jurisprudence dans toute la sous région et mettre fin aux coups d’Etats qui gênent la tranquillité de ses ‘’présidents-militants’’. Le troisième front de l’armée est la guerre froide à laquelle elle se livre en son sein et réduisant du coup ses chances sur le 4ème front, celui du nord, qui n’est en réalité le seul qui mérite tous ses sacrifices. Le pays, avec la situation politique actuelle, s’isole et compromet de plus en plus son opportunité de bénéficier de soutiens pour affronter le problème du nord. La CEDEOA, en principe un allié incontestable dans cette lutte, ne fait plus l’unanimité auprès des maliens. Les perspectives de l’envoi d’une force sous-régionale, pour épauler l’armée malienne dans la reconquête des régions occupées, hypothéquées. Le pays manque toujours de moyens logistiques, stratégiques et matériels pour se lancer dans une guerre contre ses ennemis. La mobilisation, pour la libération du Nord, a baissé d’ampleurs et la grande majorité de la population semble se résigner. Les chasseurs traditionnels et plusieurs jeunes volontaires se sont manifestés pour accompagner l’armée. La question posée est de savoir, si l’armée, elle, est psychologiquement et matériellement prête pour jouer le rôle qui est le sien.
Autant dire que la reconquête des régions occupées de notre pays est une mission qui interpelle certes tous les fils et filles de la nation, mais qui s’avèrera très difficile aux regards de certaines réalités. Il faut aussi rappeler que la résolution de ce problème, contrairement à la volonté des maliens, ne sera pas chose aisée. L’option militaire, pour le moment, ne nous est pas favorable. La voie diplomatique, elle, comme d’habitude ne fera que déplacer le problème et non le résoudre définitivement. Alors, quelle issue pour le Mali ? Ce problème du nord est une véritable équation à plusieurs inconnues dont la résolution nécessitera de durs efforts. Ceux du patriotisme, du dialogue, de la collaboration avec les autres pays voisins et internationaux, du sacrifice, de la solidarité et surtout de la responsabilité individuelle de chacun et collective de tous car dit-on ‘’à cœur vaillant, rien d’impossible’’ ou encore ‘’vouloir c’est pouvoir’’.