Dans une interview qu’il nous a accordée, Moussa Ag Acharatoumane, membre fondateur du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et chargé de communication, évoque les grandes lignes des négociations d’Alger. Il se prononce sur le fédéralisme, les points d’achoppements, entre autres.
L’Indicateur du Renouveau : Quelle est votre lecture du document proposé à la médiation ? Quelles sont les concessions que vous êtes prêts à faire pour que la paix revienne ?
Moussa Ag Acharatoumane : Nous pensons que le document proposé par l’équipe de médiation n’est pas à la hauteur de la crise actuelle et ne répond pas de façon explicite aux aspirations fondamentales de nos populations, bien que des choses intéressantes s’y trouvent. C’est pour cette raison que nous avons demandé un temps pour travailler sur le document en question que nous avons parcouru en entier et modifié pour l’harmoniser avec les aspirations des populations azawadiennes qui sont à l’origine de la crise actuelle que nous vivons.
Notre objectif est et sera toujours la paix, raison pour laquelle nous pensons qu’il est nécessaire de donner le temps et la chance de bâtir une paix juste, équitable dans laquelle tous les Maliens dans l’ensemble et les Azawadiens en particulier se retrouveront. Des concessions, nous sommes prêts à en faire, nous l’avons toujours dit et redit, il n’y a pas de paix sans concessions entre les belligérants ; cette concession doit être partagée par les deux parties, nous en avons fait beaucoup et l’essentiel est la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Mali et aujourd’hui le gouvernement doit faire des efforts et oser le changement et l’innovation qui sont la seule issue garante pour une paix viable au Mali.
Fondamentalement, quels sont les points de divergence avec le gouvernement malien ?
Le gouvernement propose la régionalisation qui n’est pas notre demande. Le Mali revient de loin et nous constatons malheureusement que le gouvernement actuel a du mal à voir le danger qui guette ce pays et le sacrifice nécessaire pour maintenir une paix dont la conquête devient chaque jour plus difficile.
Nous avons demandé que des solutions soient apportées à une entité géographique, économique, culturelle meurtrie par un abandon de plus d’un demi-siècle du gouvernement malien. L’appellation de notre territoire ‘Azawad’, la reconnaissance des crimes commis contre nos populations depuis les indépendances, l’armée malienne un instrument d’oppression des populations sont, entre autres, quelques points de divergences parmi beaucoup d’autres.
Les préalables posés par le gouvernement sont connus, quels sont les vôtres ?
Il faut aussi ajouter que ces préalables sont acceptés par tous y compris nous, le gouvernement malien malheureusement n’a pas fait l’effort d’accepter les nôtres qui sont le nom Azawad et l’entité politique qu’on revendique. Nous pensons avoir fait des efforts sur plusieurs plans depuis 2012 dans le cadre de la recherche de l’apaisement et d’une solution pacifique à la crise actuelle, mais le gouvernement agit souvent même contre la paix et le 21 mai à Kidal en est un exemple parmi tant d’autres.
Est-ce que le fédéralisme est toujours d’actualité ?
Il est toujours d’actualité, car nous n’avons rien vu du côté du gouvernement qui nous fera agir autrement. Nous pensons que le fédéralisme est un changement bénéfique et porteur d’une nouvelle gouvernance au Mali et cette proposition doit être saisie par le peuple malien dans sa composition multiple, car elle permet à chacun au sein d’un ensemble malien de gérer son quotidien.
Etes-vous prêts à rentrer dans un gouvernement d’union nationale ?
Nous pensons que cette question n’est pas d’actualité encore, il faut chercher et trouver la paix ensuite les populations décideront de ce qui est meilleur pour elles. Nous sommes les messagers de la cause d’un peuple, c’est ce peuple qui décidera demain de ce qui lui semble juste et bien.
Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé