Voici quelques mots de la Francophonie
illustrant les avancées et les difficultés des 77 Etats et territoires ayant
le français en partage:
A comme Afrique
Le français peut dire merci à l'Afrique ! Si le nombre de francophones dans
le monde a augmenté ces quatre dernières années de 7% à 274 millions de
locuteurs, c'est grâce à la vitalité démographique de l'Afrique. A elle seule,
l'Afrique subsaharienne enregistre un bond de 15% et dans certains pays
(Bénin, Burkina Faso, Burundi, Congo...), le nombre de locuteurs a bondi de
30% en moyenne, selon un rapport de l'Organisation internationale de la
Francophonie (OIF).
L'Afrique concentre 54,7% des francophones, devant l'Europe (36,4%) et à
l'horizon 2050, 85% des 700 millions de francophones vivront sur le continent
noir.
Mais le français est un "géant aux pieds d'argile", prévient l'OIF. Sans
infrastructures scolaires ni formation d'enseignants, les jeunes en Afrique
pourraient rapidement se détourner du français.
B comme Burkina
Les prémices d'un "printemps africain" ? Poussé par la rue - en majorité
des jeunes - à quitter le pouvoir après 27 ans au pouvoir, le président
burkinabé Blaise Comparé a été balayé en quelques jours, sans que sa fin
brutale provoque de coup d'Etat militaire ou bain de sang.
Pour Dominique Gnangoin, politologue ivoirien, les événements burkinabè
constituent une "bouffée d'oxygène" pour l'Afrique. Il se dit persuadé que
d'autres pays du continent suivront, permettant enfin un "renouvellement de la
classe politique" africaine, tant décriée.
Le changement de régime à Ouagadougou a en tout cas modifié le jeu des
candidatures à la tête de l'OIF. Sans ce revirement brutal de situation, Abdou
Diouf aurait aimé voir Compaoré lui succéder au poste de secrétaire général,
a-t-il dit récemment. Selon Abdou Diouf, l'ex-président burkinabé était aussi
le candidat de la France.
C comme Commonwealth
Onze Etats au sein de la Francophonie sont aussi membres du Commonwealth,
organisation dont les pays ont un lien historique ou culturel avec la
Grande-Bretagne et symboliquement dirigée par la reine d'Angleterre (dont
Chypre, le Rwanda, le Canada, le Cameroun, le Ghana, Maurice et le Mozambique)
Rien n'empêche les Etats membres de l'OIF de faire partie d'autres
organisations mais l'annonce en 2008 du Rwanda, alors en pleine rupture de
relations diplomatiques avec la France, qu'il rejoignait le Commonwealth et
imposait l'anglais dans l'enseignement public comme dans l'administration a
créé un vif émoi.
D comme démocratie
Dans la "Déclaration de Bamako" en 2000, la Francophonie, qui juge la
démocratie "indissociable" de ses valeurs, exprime pour la première fois son
rejet des prises du pouvoir par la force et s'engage à mettre en oeuvre des
sanctions pouvant aller jusqu'à l'exclusion d'un Etat membre en cas de coups
d'Etat ou violations des droits de l'homme.
Si les ONG ont regretté que l'OIF ne se soit pas allée plus loin, en
dénonçant notamment la liberté de la presse bafouée dans nombres de pays,
l'Organisation a, depuis, suspendu plusieurs pays après des coups d'Etat. La
Thaïlande et la Centrafrique sont actuellement suspendues.
O comme observateurs
Outre les 57 pays membres de plein droit, l'OIF compte 20 Etats
observateurs. Au 15e sommet de Dakar ce week-end, les chefs d'Etat vont se
pencher sur trois nouvelles demandes: le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo,
dont la requête suscite des réserves de la part de certains pays, comme la
Grèce et l'Arménie.
Q comme Qatar
A la stupeur générale, le Qatar a été admis membre associé de l'OIF lors du
sommet de Kinshasa en 2012. Après examen de son dossier pour ce statut
particulier réclamant des engagements pour renforcer le français sur son
territoire, l'OIF avait recommandé que le Qatar, pays non francophone mais
gros investisseur en France, ne soit qu'observateur.
Son entrée a été attribuée à un intense lobbying de dernière minute et à la
pression exercée par les chefs d'Etat africains. Les révélations sur le
non-paiement de la contribution du Qatar depuis deux ans (montant fixé selon
le PNB/habitant) ont jeté de l'huile sur le feu.
R comme regrets
L'heure du bilan pour Abdou Diouf. Après 12 ans à la tête de l'OIF,
l'ex-président sénégalais regrette l'absence au sein de la Francophonie de
deux pays: Israël et l'Algérie.
blb/prh/ros