Les cortèges de mariage constituent de nos jours un casse-tête dans la capitale malgré les dispositions prises par les autorités pour minimiser leurs dégâts.
Le mariage civil est un acte juridique et solennel par lequel un homme et une femme s’engagent devant un officier d’état-civil à s’unir pour le meilleur et le pire. Dans notre capitale presque tous les mariages civils s’accompagnent de pratiques qui dénaturent la symbolique cet acte sacré, notamment les cortèges en véhicules et motos.
En effet, manifester sa joie lors d’un mariage est une bonne chose, mais la façon dont on le fait surtout pendant le cortège de mariage constitue un vrai danger pour la population.
Le 18 octobre 2000, le conseil municipal de la Commune V a adopté une note sur la gestion des cortèges de mariage avec les amendements suivants :
Limiter le nombre de véhicules de cortège à trois voitures de tourisme
Limiter à six le nombre de personnes autorisées à accompagner les époux et leurs témoins dans les salles de célébration, soit un maximum de dix personnes
Payer pour chaque mariage une caution de 10 000 F CFA contre la remise des macarons destinés aux trois véhicules du cortège au moment de la déclaration du mariage.
Le conseil a par ailleurs décidé que tout trouble à l’ordre public ou dégât matériel qui surviendraient sur les lieux de la célébration pourrait engendrer la perte de tout ou partie de la caution déposée. Malgré ces dispositions, le phénomène continue à battre son plein.
Ce sont les autorités qui n’informent pas les citoyens ou ce sont les citoyens qui n’en tiennent pas compte. Un agent de la sécurité sous couvert anonymat nous explique que les gens sont bien au courant de la délibération mais qu’ils n’en veulent pas. « C’est bien de manifester sa joie, mais les gens en font trop et c’est ce qui pose problème. Nous qui sommes là, pour leur sécurité, quand on les arrête, ils ne nous considèrent même pas et du coup, on a plus le choix que de les laisser », déclare-t-il.
Contrairement à certains qui croient que les cortèges extravagants sont la meilleure façon de manifester sa joie lors d’un mariage, pour d’autres ça ne l’est pas. « Je ne l’aime pas, car c’est une perte de temps. On passe souvent toute la journée à faire les cortèges. La consommation de carburant aussi n’est pas facile parce que ce n’est pas tous les invités qui en ont les moyens et c’est surtout une source d’insécurité », nous déclare Souleymane Sangaré.
Pour Aoua Haïdara, le cortège est un vrai casse-tête lors des mariages. « Si les mariés accompagnés de leurs témoins pouvaient aller seuls à la mairie et ensuite partir saluer les parents, cela pouvait réduire les embouteillages dans la circulation et surtout faire moins de victimes liées à ce phénomène. Les jeunes qui conduisent mal en se mettant dans tous les sens ne respectent même pas les feux tricolores », ajoute-elle.
Moussa Kéita, jeune célibataire : « Moi, je ne me suis pas encore marié, mais le jour où je déciderai de prendre une femme, je n’admettrai jamais qu’un cortège nous suive. C’est jeter son argent par la fenêtre que de financer un cortège de mariage qui se termine souvent en catastrophe ».
Selon Mohamed Diallo, chef de division état-civil et archives au secrétariat général de la mairie du district, c’est l’application qui fait défaut chez nous. « Tout le problème réside au niveau du changement de comportement. Il faut que les gens changent et qu’ils se disent qu’ils n’ont pas besoin de réclamer seulement des droits, mais qu’ils ont aussi des devoirs », poursuit-il.
La mauvaise pratique du cortège de mariage nui à la population. Les citoyens, les jeunes en particulier doivent savoir qu’ils n’ont pas besoin de disposition pour leur propre sécurité.
Adama Haïdara (stagiaire)