Le Mali endeuillé et meurtri doit aujourd’hui trouver la force d’avancer dans la réconciliation, le pardon, la reconstruction et la construction. Plusieurs voies s’offrent à elles. Mais pour y parvenir, il faudra faire beaucoup de sacrifices de part et d’autres. Il est bien connu que c’est dans le partage des idées que l’on grandit. Comment les protagonistes voient-ils l’avenir de notre pays? Car vouloir camper sur une position n’est pas chose facile pour sortir de la crise.
La construction d’un état de droit doit être également au cœur des recommandations des pourparlers d’Alger. L’état de droit, pour reprendre doit être « une situation où le pouvoir appartient à la loi, la même pour tous, et non aux décisions arbitraires des hommes politiques, même légitimement élus. […] L’état de droit, c’est le respect des droits fondamentaux des personnes et d’abord des droits de propriété et des contrats librement signés et c’est la fin de la corruption impunie.»
Le Mali, devant rompre avec les clivages ethniques et religieux, lutter contre la corruption n’a d’autre choix que d’entrer concrètement dans un tel modèle et c’est d’ailleurs la voie que proposent les nouvelles autorités. Les politiciens sont parfois sourds et aveugles. Par arrogance, par suffisance et par manque d’humilité. Ils ne voient même pas ce qui est sur le bout de leur nez alors qu’ils prétendent conduire le destin de tout un peuple. Lorsque Nelson Mandela sort de prison le 11 février 1990, il avait le choix entre être un vulgaire petit revanchard raciste anti-blanc ou être le président d’une nation juste et vivable pour les blancs, les noirs, les indiens et les métisses sud africains. Le monde entier l’attendait pour voir si les assurances qu’il avait données aux blancs pendant les négociations avaient un sens. Il avait toutes les raisons du monde de déférer les Peter Botha, Magnus Malan et autres devant n’importe quelle juridiction internationale. Mais il ne le fait pas ! Cela relève de l’intelligence et du génie politique d’un homme fiable qui veut le bien de tous ses compatriotes. C’est à celui qui est au pouvoir de créer les conditions propices à la paix. Pour diriger un pays ou un simple village de deux milles habitants il faut être d’une intelligence supérieure car une intelligence moyenne n’est même plus suffisante aujourd’hui pour diriger un simple quartier. Car si tu ne vois pas les avantages de la vie commune, si tu n’as aucune tolérance, parce-que tu es un homme plein de certitudes, rancunier, vindicatif, revanchard et de mauvais caractère, comment peux tu construire la paix et le vivre ensemble dans un pays divers et diversifié par la rencontre de toutes ses composantes ? Le Mali comme bien d’autres pays africains qui souffrent de gouvernance de leurs élites a plus que besoin d’un chef d’état profondément bon et illuminé c’est-à-dire celui qui voit la lumière du bien être de tous. Et cela l’est aussi pour les groupes armés qui sont en ce moment à Alger. On ne peut par continuer de réclamer or et oudi le fédéralisme alors que le document soumis par la médiation bannie ce mot. Quelle mouche a donc piqué les chefs rebelles du Mnla, Hcua et Maa à faire retarder les négociations, alors que le peuple qu’ils disent défendre souffre le martyr en ce moment.
Le temps de l’apaisement
La pacification par la force n’est pas profitable à l’actuel président de la république du Mali. Raison pour laquelle il veut gagner plus dans l’apaisement et le rassemblement des maliens pour fonder la paix dans le pays qui est le leurs. Nous ne lui demandons pas d’oublier les crimes commis par ses bandits armés et leurs acolytes. C’est justement parce qu’il est sorti vainqueur des élections passées en 2013, qu’il doit être plus sincère que les autres en allant vers l’apaisement nécessaire à la rencontre des autres pour fonder la réconciliation des cœurs et des esprits propice à la fécondation d’une paix juste et durable au pays de Soundjata. Cela passe par rassurer les maliens, pour les amener à se reconnaître les uns dans les autres et non dans le face à face explosif des revanchards de tous poils.
Paul N’GUESSAN