Le gouvernement a adopté récemment un projet de loi visant à donner 30% de quota aux femmes. Au Mali, la problématique de l’égalité du genre est encore d’actualité. Malgré les efforts des autorités et de leurs partenaires, la participation de la Malienne à la gestion de la vie publique et politique laisse à désirer. Ce ne sont pourtant pas la volonté politique, encore moins, les stratégies qui manquent pour plus d’implication des femmes dans la gestion du pays.
La prise en compte du genre doit être effective dans les stratégies de développement. Le gouvernement à travers le ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a adopté récemment un projet de loi visant à donner 30% de quota aux femmes. Cette nouvelle disposition adoptée par le conseil des ministres, si elle est votée par l’Hémicycle mettra fin à la problématique de la sous représentation des femmes dans les instances de décision et les postes électifs. A travers cette nouvelle stratégie lors des nominations dans les Institutions de la République ou dans les services publics par décret, arrêté ou décision, la proportion des personnes de l’un ou de l’autre sexe ne sera pas inférieure à 30%.
Par ailleurs, lors des élections aucune liste d’au moins 3 personnes, présentée par les partis politiques, groupement de partis politiques ou regroupement de candidats indépendants, ne sera recevable, si elle présente plus de 60% de femmes ou d’hommes. La loi est élaborée. Elle n’attend que l’aval de l’Assemblée nationale. Ce projet relance la problématique de la sous-représentation des femmes en particulier et de la promotion même de la femme en général. Toujours dans la quête permanente de la promotion et de l’équité du genre dans notre pays, les autorités ont élaboré et adopté une nouvelle Politique Nationale Genre du Mali (PNG-Mali) en 2011 .
Ce nouveau document est le résultat d’un vaste processus de consultations régionales et sectorielles qui a été conduit dans toutes les régions en 2009. Classée en trois chapitres, la PNG-Mali est un outil politique et juridique. Elle prône l’égalité d’accès et la pleine jouissance des droits fondamentaux pour les femmes et pour les hommes. Elle affiche une vision nouvelle des principes et des orientations. Le premier chapitre dresse l’état des lieux de la situation des inégalités entre les femmes et les hommes et présente une analyse des politiques nationales et sectorielles en vigueur sous l’angle de la prise en compte de l’égalité. Une analyse du cadre institutionnel actuel de promotion de la femme vient compléter ce chapitre. Le document présente le cadre stratégique de la PNG-Mali.
Il comprend les éléments fondamentaux de la politique à savoir la vision, l’approche, les principes directeurs, les orientations stratégiques, les axes d’intervention et les objectifs. Ce cadre englobe tout le référentiel. Il servira à guider les plans et les programmes qui découleront de la politique et qui concrétiseront sa mise en œuvre. Le troisième chapitre est consacré au cadre institutionnel envisagé pour assurer la mise en œuvre effective de la politique sur la base d’une responsabilité partagée entre l’Etat et ses partenaires et d’une obligation de résultats. Le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Bâ, explique que notre pays entend concrétiser ses engagements nationaux internationaux et africains grâce à cette politique nationale genre, au regard de l’édification d’une société démocratique et d’un Etat de droit. Ce régime repose sur l’égalité entre les femmes et les hommes une valeur fondamentale inscrite dans la Constitution du 25 février 1992. La PNG-Mali, constitue la feuille de route de notre pays pour relever son niveau de développement humain et économique.
Elle offre un cadre conceptuel et opérationnel pour assurer une cohérence, une harmonisation et un meilleur impact des actions reliées à l’égalité entre les femmes et les hommes à travers les réformes nationales et les politiques sectorielles. La PNG-Mali prend appui sur un ensemble de fondements d’ordre juridique, politique et socioculturel. disparités entre les femmes et les hommes. La PNG-MALI analyse les inégalités et disparités entre les femmes et les hommes. Les inégalités sont abordées à travers des aspects relatifs aux droits, l’accès aux services et infrastructures sociaux de base, l’accès aux biens de production, l’emploi et les revenus, la gouvernance et la représentation et participation homme et femme. Dans notre pays, les femmes sont encore peu nombreuses à investir les instances de décision dans la gestion des affaires publiques et privées , comme dans la politique.
Par rapport à la représentation aux postes électifs et nominatifs, la participation des Maliennes connaît certes des avancées, mais la situation revêt encore beaucoup d’inégalités dans la représentation. Les taux dans les instances de prise de décisions augmentent d’année en année, même si les proportions restent faibles. Pour le poste électif, le taux est passé de 6% à 8%, par contre, il est resté stable à 12% sur la période pour les postes nominatifs. Il ressort de la PNG-Mali que les femmes restent sous-représentées au niveau des postes de responsabilité dans les organisations syndicales avec un taux de 18,7% en 2008. C’est pour cette raison que la nouvelle PNG-Mali, s’est donnée comme vision : « une société démocratique qui garantit l’épanouissement de toutes les femmes et tous les hommes, grâce au plein exercice de leurs droits égaux fondamentaux, à une citoyenneté active et participative et à l’accès équitable aux ressources en vue de faire du Mali, un pays émergent fort de sa croissance et fier de ses valeurs de justice, de paix, de solidarité et de cohésion sociale ».
Dans le contexte malien, l’égalité recherchée par la présente PNG-Mali consiste à dégager des orientations et des objectifs et mettre en place des mesures. Les femmes et les hommes doivent jouir de conditions égales pour exploiter pleinement leurs droits humains. Tous contribueront alors à part égale au développement national, politique, économique, social et culturel et à la réduction de la pauvreté et pour bénéficier à part égale des retombées de la croissance économique. La mise en œuvre de la PNG-Mali aidera à vulgariser le concept même de l’égalité du genre toujours mal connu dans notre pays. Il s’agit de faire comprendre aux uns et aux autres que l’égalité signifie que les femmes et les hommes jouissent du même statut au sein d’une société donnée. Les femmes et les hommes ne sont pas des personnes identiques, mais les ressemblances et les différences sont censées avoir la même valeur. Le fait d’être une femme ou un homme ne doit plus être un facteur de discrimination dans la société ou toutes les citoyennes et citoyens doivent être égaux en droits et en responsabilités.
La PNG-Mali fera en sorte que la société malienne se libère de la hiérarchisation des rapports sociaux entre les hommes et les femmes et que le sexe ne soit plus un déterminant des rôles sociaux encore moins un facteur discriminant. L’égalité des droits entre les hommes et les femmes constitue l’un des principes fondamentaux d’un Etat de droit et du projet de société démocratique poursuivi par notre pays. Pour y parvenir les barrières juridiques, économiques, politiques, sociales et culturelles doivent être levées. L’égalité entre les hommes et les femmes est une condition nécessaire pour la réalisation des grands objectifs que notre pays s’est assigné. Il s’agit de la croissance économique, la réduction de la pauvreté, la stabilité et la cohésion sociale. Le cadre institutionnel de mise en œuvre proposé pour la présente politique prend en compte les leçons tirées des expériences des politiques de promotion de la femme dans notre pays.
Le nouveau cadre vise à corriger les faiblesses qui ont caractérisé les dispositifs institutionnels antérieurs et à lever les contraintes qui ont freiné les avancements escomptés. La présente PNG-Mali de par son envergure nationale et la nature de ses orientations et de ses principes, impose un virage conceptuel et institutionnel par le passage d’une approche de promotion de la femme à celle de l’intégration systématique de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’action gouvernementale en partenariat avec toutes les composantes de la société. Le nouveau cadre proposé intègre des éléments comme les stratégies de mise en œuvre de la politique, les mécanismes institutionnels d’orientation, de coordination et de contrôle. Il faut aussi noter la restructuration du ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, les rôles et responsabilités des institutions et des partenaires, les mécanismes de suivi-évaluation et de financement, les risques et mesures d’atténuation.
La stratégie de la mise en œuvre de la PNG-Mali est définie par un mode de gestion basé sur la responsabilité partagée et l’obligation de résultats. Aussi une stratégie de mobilisation des ressources a été développée. Cette stratégie sera facilitée par le fait que le domaine du genre disposera d’un cadre structurant englobant une politique nationale et son plan d’action, un plan opérationnel triennal et un cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) pour le ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et des programmes ministériels. La mise en œuvre de la PNG-Mali va de pair avec une la communication efficace. La PNG-Mali ne vise nullement à rendre les hommes et les femmes identiques. Il s’agit juste d’instaurer et de préserver l’égalité des chances en agissant sur les barrières juridiques, économiques, politiques, sociales et culturelles. Le sexe ne doit plus être un déterminant des rôles sociaux, ni un facteur de discrimination.
M. A. Traoré
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PNG : LES PRINCIPES ET LES ORIENTATIONS
Le Mali a, depuis 2011, une nouvelle politique nationale genre du Mali (PNG-Mali). Les principes directeurs tiennent compte des aspects stratégiques, politiques, institutionnels et sociétaux. Ils jettent les bases de la dynamique de changement à instaurer en vue de marquer des pas significatifs en matière d’égalité entre les femmes et les hommes dans notre pays. Ces principes serviront de lignes directrices pour les stratégies, les programmes et les actions qui seront mises en place pour concrétiser la présente politique.
Comme orientation, la PNG-Mali vise la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit par l’égalité d’accès et la pleine jouissance des droits fondamentaux pour les femmes et les hommes. Il s’agit de développer le capital humain (homme-femme) apte à affronter les défis du développement socio-économique du pays, de la réduction de la pauvreté, de l’intégration africaine et de la mondialisation. La troisième orientation du PNG-Mali a trait à la reconnaissance de la contribution des femmes au développement économique par leur insertion aux circuits productifs et l’égal accès aux opportunités d’emploi et aux facteurs de productions. Il faut également souligner la mise à contribution des potentialités des femmes et des hommes dans le développement du pays par leur participation égale aux sphères de décision.
La cinquième orientation préconise la promotion, la sensibilisation et la communication pour l’enracinement des valeurs égalitaires au sein de notre société tout en ralliant les traditions porteuses d’égalité aux impératifs de la modernité et de l’ouverture sur le monde. La sixième et la dernière orientation a trait à la prise en compte du genre comme un principe de bonne gouvernance dans les politiques de reformes publiques les plus porteuses de changement et dans les budgets. Cela en considérant le contexte de la déconcentration et la décentralisation et ce dans les secteurs prioritaires comme la justice, l’éducation, la santé, l’emploi et formation professionnelle, le développement rural, la décentralisation, le travail, la fonction publique et reforme de l’Etat, l’économie, les finances et communication. Il est à noter que chaque orientation a ses axes d’interventions et ses objectifs à atteindre.
M. A. T.