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IBRAHIMA N’DIAYE à propos de la situation actuelle du pays (suite et fin) : «Je suis entrain de créer une association qui mettra l’accent sur l’information, l’éducation et la formation»
Publié le lundi 1 decembre 2014  |  Infosept




Son militantisme à l’Adema, ses rapports avec l’ancien Président de la République Alpha Oumar Konaré, son point de vue sur les pourparlers inter-maliens d’Alger, sont entre autres thèmes que le désormais 2è vice président de l’URD, nous parle dans cette troisième et dernière partie de l’entretien qu’il nous accordé juste après sa démission de l’Adema.

Infosept : Regrettez-vous alors votre militantisme à l’Adema ? Et vous reconnaissez-vous dans le bilan de l’Adema de 1992 à 2002 ?

Ibrahima N’Diaye : Je crois que je fais parti de ceux qui refusent qu’on noircisse ce bilan là et qu’on dise que rien n’a été fait. Et quand c’est l’Adema lui-même qui soutient ceux qui ont gagné le pouvoir en se livrant à cet exercice là, voilà les raisons de mes divergences avec l’Adema actuelle. Mais, je pense que tout le monde peut se ressaisir. Et, ceux et celles qui sont à l’Adema aujourd’hui ne sont pas tous des monstres, mais au contraire, il y a des gens qui sincèrement pensent comme moi et peut-être que pour d’autres raisons, ils estiment qu’ils doivent encore rester dans ce parti pour pouvoir changer quelque chose dans la direction du parti.

Moi, je suis fier de ce bilan tout en restant conscient de ce qui a été des insuffisances et des fautes. Je dois dire qu’il y a des hommes et des femmes qui en termes de durée et de niveau de responsabilités et qui sont plus comptables de cette gestion des 10 années de l’Adema que moi.

Je suis de ceux qui sont aujourd’hui les défenseurs réels des valeurs et principes qui ont fondées l’Adema et aussi du bilan de l’Adema et même du bilan de ATT qu’on veut noircir totalement. Cela n’est pas honnête et sincère. Et si vous chercher le pouvoir par de telle voie, moi, je parlerais honnêtement que en dehors de coup d’Etat militaire, il y a d’autres formes de coup d’Etat, comme avoir le pouvoir par tous les moyens et surtout les moyens qui sont répréhensibles au regard de la loi et de la morale universelle. Je pense que cela reste aussi une autre forme de coup d’Etat et il faudrait que les gens se ressaisissent et redressent le tir.

Infosept : Un mot sur vos rapports avec l’ancien Président de la République Alpha Oumar Konaré ?

Ibrahima N’Diaye : Ce que je peux dire, c’est que Alpha on l’entend pas et il faut respecter son silence. Pour moi, il a été un grand Chef d’Etat. Et quand je parlais de grandes reformes, c’est sous Alpha. Il a beaucoup fait pour le pays et pour la démocratie. C’est ce que je retiens de lui et il a tout mon respect.

Infosept : Quelles lectures faites-vous sur les pourparlers inter-maliens en cours à Alger ?
Ibrahima N’Diaye : Les pourparlers d’Alger, c’est une question cruciale et on ne peut pas être divisé sur le dossier algérien. Sur cela, je pense que c’est l’unanimité par rapport aux objectifs de la restauration de l’intégrité, de l’unité de la nation, la laïcité et la forme républicaine de l’Etat. Comment traduire cette unanimité concrètement en force en cohésion. Je crois qu’à Alger, on a envoyé les ressources humaines des plus compétentes et des plus respectables. Mais, je crois qu’il y a des paradigmes qu’il faut revoir. Il faut revoir le schéma total lorsqu’on fait une distinction entre les terroristes OUI. Nous allons négocier avec ceux-ci parce que ce sont des maliens. Je rappelle que de l’autre côté c’est aussi des maliens qui sont recrutés par le MUJAO et AQMI et ils utilisent les moyens terroristes comme ceux qui demandent la séparation. Et, je crois que les séparatistes, c’est eux qui ont surtout favorisé et accéléré la venue des jihadistes.
Alors, moi je ne fais pas de distinction entre eux. Car, si les uns sont séparatistes, les autres sont jihadistes, mais tous sont des terroristes.

Infosept : Concrètement, si vous étiez le Président de la République, quelle solution proposeriez-vous pour la solution définitive de la crise malienne ?
Ibrahima N’Diaye : Bon, je ne suis pas Président de la République, je suis citoyen ordinaire et militant simple. Pour la sortie de crise, je dirais qu’il faut d’abord identifier les problèmes, les prioriser et développer des réponses adaptées qui doivent venir de nous-mêmes. Quand les maliens sont unis, je pense que nous pouvons faire face efficacement aux grands problèmes qui nous assaillent aujourd’hui. Cela reste une condition essentielle. Fragilisez, divisez aujourd’hui au sud, nous ne faisons que des cadeaux à l’adversaire en face. Mais encore faut-il dans l’unanimité et dans la bonne gouvernance, que nous puisons nous accorder pour faire face à ce grand défi.

Infosept : Que pensez-vous du journal Infosept ?
Ibrahima N’Diaye : Je voudrais dire d’abord que je connais les initiateurs d’Infosept. Je les connais pas par de noms seulement mais par deux choses qui me paraissent essentielles et sur lesquelles, je suis très porté moi-même : la création et l’innovation.
Je ne rentrerais pas dans les détails, je les ais vu réaliser des choses admirables. Je pense que dans Infosept, j’ai cru reconnaitre les concepteurs et les animateurs de Kénédougou forum qui incarnent la réussite.
Si j’ai une appréciation d’Infosept, c’est d’abord les acteurs qui en sont les initiateurs mais aussi l’esprit novateur lorsque le journal se dit dédié à l’Afrique de l’ouest.
Vous savez un pays, il est dans un environnement et il évolue avec ses plus proches. Et tout ce qui concerne ces pays voisins concernent le Mali. Je crois qu’on connait bien le Mali si on le situe avec ses plus proches. Encore, on peut mieux aider le Mali si on le met en phase avec tous ces pays par la connaissance que le journal nous permet d’avoir avec les pays voisins. Et, le Mali par une meilleure connaissance des autres peut s’évaluer.
L’autre chose s’est également quand vous vous connaissez mieux, il ya plus de facilités à coopérer mieux à une intégration plus poussée qui est inscrit dans la Constitution du Mali et qui est dans le programme de la plupart des partis politiques. J’avoue que cette intégration peut nous permettre demain d’être à l’abri de ces comportements que nous avons malheureusement sentis lors qu’il a été question d’accepter que des troupes de la CEDEAO viennent au Mali pour nous aider au front. Cet esprit là, il faut le cultiver et c’est pourquoi je souhaite pour Infosept tout les succès possibles.
Si je peux être pour quelque chose dans la réussite de ce journal, comme d’autres maliens que j’invite les uns et les autres à bien accueillir ce journal. Et, déjà vous êtes à quelques numéros seulement et je vous lis sur la toile, ce qui est une performance.

Infosept : Votre mot de la fin
Ibrahima N’Diaye : Le mot de la fin c’est de dire que nous sommes devant des épreuves redoutables. On s’attendait à gérer des défis classiques relatifs au sous développement. Et, de façon extraordinaire, nous voilà face à deux phénomènes qui mettent en cause notre existence. Le premier c’est le terrorisme. Il y a beaucoup de pays qui ont le terrorisme sans que celui-ci ne mette en cause l’existence et demande la partition du pays. En plus de cela, ces forces rétrogrades viennent remettre en cause la laïcité du pays, raison pour laquelle je suis entrain de créer une association (dont j’attends le récépissé) pour mettre l’accent sur l’information, l’éducation, la formation pour que toutes ces questions soient débattues, partagées et que demain si je parle de laïcité, c’est de la laïcité à la malienne qui doit pas être perçu comme contre les religions. Et je dois dire que c’est à la faveur de la démocratisation que tous les maliens se sont exprimés avec la prolifération des radios. Donc, des hommes et des femmes ont réussi à entrainer les jeunes vers la religion sans violence et sans agression, mais par l’information et l’éducation et cela a eu des résultats. Il faut qu’on crée et anime des débats pour que les maliens se retrouvent UN et Indivisible.
D’ailleurs, je vous signale qu’il n’est pas acceptable qu’on gère de cette manière et qu’on veut trois régions sans jamais parler de referendum, seulement à la faveur des négociations. Et même demain, cela reste ma conviction, si on signait des accords, on n’est pas sûr que ces accords ne seront pas violés comme ceux d’avant l’ont été.

Et, face à la maladie à virus d’Ebola, nous ne pouvons être qu’un et que tout ce qui sera dit et instruit soit respecté.

Propos recueillis
Par Dieudonné Tembely
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