Le chef de l’Etat a instruit la création d’un Fonds national contre la pandémie et promis que notre pays restera mobilisé.
A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré hier la Journée mondiale de lutte contre le sida. L’événement est consacré aussi au lancement des activités du mois de décembre dédié à la lutte contre la pandémie dans notre pays. La cérémonie était présidée par le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keïta, en présence du Premier ministre Moussa Mara, du président de l’Assemblée nationale Issiaka Sidibé et des membres du gouvernement dont le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné.
On notait aussi la présence des représentants du corps diplomatique, des institutions de la République, de députés, du secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le sida (HCNLS), Malick Sène, et d’autres invités de marque.
Malgré une accalmie apparente sur le front de la lutte contre le sida, la mobilisation contre la pandémie à l’échelle nationale ne faiblit pas. Pouvoirs publics, organisations de la société civile et partenaires restent déterminés à combattre le sida dans une synergie d’action.
La Journée mondiale de lutte contre le sida crée donc un cadre de concertation et d’échange sur les préoccupations essentielles liées à la pandémie. Il faut rappeler que la manifestation a été instituée en 1988 à Londres pour mobiliser les différents acteurs intervenants dans la lutte contre la maladie afin de leur faire prendre la mesure des enjeux réels du VIH et du sida dans le monde. Cette année, le thème de la journée est « le traitement pour tous » avec comme slogan national : « au Mali dépistage et traitement pour tous ». Ce thème se veut un rappel de la nécessité pour les pays, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers (PTF), de permettre l’accès aux médicaments antirétroviraux (ARV) aux personnes vivant avec le VIH. Mais pour être mis sous traitement antirétroviral, il faut répondre aux critères d’inclusion, c’est-à-dire avoir un taux de CD4 inférieur à certaines normes.
Il faut également retenir que depuis la découverte du VIH dans le monde, il y a un peu plus de trente ans, de gros efforts ont été accomplis dans la prévention contre la maladie et dans la prise en charge des personnes infectées par le virus de la pandémie.
Notre pays n’est pas resté en marge de ces avancées significatives. Il dispose aujourd’hui de plus de 436 sites de prévention de la transmission mère-enfant du VIH, de 85 sites de prise en charge. En outre, plus de 3300 malades sont sous traitement antirétroviral. Notre pays déploie aussi de grands efforts pédagogiques en direction des communautés, des couches vulnérables ou défavorisées. Ces efforts de communication ont permis de réduire l’impact de la maladie et de circonscrire ses effets dévastateurs au plan social, médical et économique.
Dans la lutte contre le sida, les partenaires techniques et financiers accompagnent les efforts de notre pays. Ils entendent continuer à soutenir les programmes de prévention et de prise en charge des personnes touchées par la maladie. Thérèse Poirier, le chef de file des PTF, a ainsi révélé que 13 millions de personnes dans le monde sont sous traitement.
Les associations de personnes vivant avec le VIH sont en première ligne dans la croisade contre Ebola. La présidente du Réseau malien des personnes vivant avec le VIH (RMAP+), Mme Djerma Oumou Diarra, a mis le doigt sur des difficultés comme la persistance de la stigmatisation des personnes infectées au VIH et a proposé une redynamisation des actions de prévention contre le sida, la rigueur dans la gestion de fonds mondial avec l’obligation de rendre compte. Elle a aussi rappelé que désormais le 1er mars sera consacré Journée de lutte contre la stigmatisation dans le monde.
Ces deux interventions ont été suivies de celle de Malick Sène, le secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le sida, qui a rappelé que le 25 septembre dernier, en marge de la rencontre de haut niveau tenue à New York, les chefs d’Etat et la communauté des bailleurs de fonds ont décidé de lancer le programme de la dernière ligne, axé sur l’élimination du sida d’ici 2030. Cette initiative essentielle orientée sur le traitement sera basée sur les 3 x 90 : amener 90% des personnes à connaître leur statut sérologique, faire en sorte que 90% des personnes positives reçoivent un traitement et que 90% des personnes sous traitement ne puissent plus transmettre la maladie (grâce à une charge virale indétectable).
SidaDans la lutte contre le sida, la locomotive demeure le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Ce département multiplie les initiatives et les actions de lutte contre la pandémie. Pour le ministre Ousmane Koné, l’accès universel au traitement ne peut être atteint sans un accès universel à la prévention. Il a aussi rappelé les efforts de gratuité du bilan et des soins accomplis par le gouvernement dans la lutte contre le sida depuis 2004.
Le président de la République a présenté la Journée mondiale de lutte contre le sida comme celle de la communion, du souvenir, du partage et de solidarité avec les personnes vivant avec le VIH. Ibrahim Boubacar Keïta a réitéré son engagement dans la lutte contre la pandémie qui déstabilise nos foyers, ralentit et contrarie le développement du pays.
En se réjouissant du recul de la maladie dans le monde, il a souligné que, selon l’Onusida, le taux de nouvelles infections a baissé de 24% dans 22 pays africains dont le Mali. Malgré ces progrès, a conseillé le président Keita, il importe de rester prudent, de ne pas baisser la garde. « Nous ne resterons pas sur le quai pour regarder les autres partir dans la lutte contre le sida », a-t-il promis.
Evoquant la crise qui a, un moment, secoué les relations entre notre pays et le Fonds global de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le président Keita a confirmé que le directeur de l’organisation internationale avait présenté ses excuses au Mali. Ibrahim Boubacar Keïta a rendu hommage au responsable du fonds global pour son humilité et son courage parce que, jugera-t-il, il n’est pas aisé de reconnaître ses fautes à ce niveau. Il a également promis une réaction appropriée aux nombreuses doléances du RMAP+.
Le chef de l’Etat qui entend mettre en application le vieil adage : « aides toi, le ciel t’aidera », a ordonné la création du Fonds national de lutte contre le sida, un symbole fort de son engagement dans la lutte.
Enfin, le président Keïta a abordé le chapitre de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui focalise l’actualité sanitaire à l’échelle planétaire. Assurant qu’il sera intraitable sur les questions liées à Ebola, il a invité les différents acteurs de la lutte contre ce mal insidieux à faire montre de tout le sérieux requis aux cordons sanitaires. « Que personne n’échappe au contrôle », a requis le chef de l’Etat en invitant les équipes médicales à prendre exemple sur l’illustre Gabriel Touré, un médecin qui a été contaminé en soignant des patients.
Le mois de décembre consacré à la lutte contre la pandémie, sera divisé en quatre semaines thématiques. La première, portera sur la transmission mère-enfant et aura comme marraine l’épouse du chef de l’Etat. La deuxième semaine sera parrainée par le coordinateur du système des Nations Unies sur le thème : problèmes de gouvernance. La troisième semaine du mois sera consacrée à l’accès au traitement. Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique en est le parrain désigné. Enfin, la quatrième semaine sur la promotion des droits de l’homme sera parrainée par le Médiateur de la République.
B. DOUMBIA