D’après Jean Félix Paganou, la lettre de Dioncounda Traoré demandait des forces pour « sécuriser le Sud ». Ce qui est confirmé par avant-hier, par la Cedeao. Ses troupes seront stationnées au cœur de Bamako. Cette capitulation de Dioncounda Traoré et de son gouvernement vis-à-vis de la Cedeao, sonne comme une insulte à l’écrasante majorité des Maliens. A l’annonce de la nouvelle, ils sont nombreux les Maliens qui n’arrivent pas, encore, à contenir leur colère.
Lors de son adresse du toujours président de l’Adema à l’endroit des Maliens (sa sortie sur l’Ortm au lendemain de son retour de Paris), Dioncounda Traoré avait affirmé qu’il faisait confiance aux forces de sécurité du Mali, voire « l’armée », pour veiller sur sa sécurité.
Les pauvres Bamakois sont tombés des nues quand ils ont appris que les troupes de la Cedeao seront basées à Bamako. Qu’importe la façon, pour les dirigeants de la Cedeao, c’est une victoire, d’autant que leurs troupes seront stationnées à Bamako et disputées certainement la capitale avec les forces de sécurité maliennes qui assurent jusque là la sécurité des institutions de la République ainsi que celle des personnes et des biens.
Les explications du ministre de la défense, le colonel Yamoussa Camara, ne rassurent pas, pour autant, les Maliens qui se sentent, à la limite, trahis par des gouvernants qui disent une chose et son contraire en même temps.
Abusés, les Maliens ne comptent pas se laisser faire. Un micro trottoir diffusé par nos confrères de TV5 montre à suffisance, à la face du monde, l’opposition farouche des populations de Bamako, à l’arrivée d’une force étrangères dans leur capitale. Selon nombre d’entre eux, les forces de sécurités maliennes sont à même de reconquérir le nord si les moyens nécessaires sont mis à leur disposition. Et même si des troupes de la Cedeao doivent intervenir à nos côtés, ils ne doivent pas s’installer à Bamako, car la guerre est à un millier de kilomètre de là.
A l’aune de la fameuse lettre adressée à la Cedeao, il est permis de penser que cette déclaration était une piqure pour endormir les Maliens. En effet selon les propos de Jean- Felix Paganou sur les ondes de la Voice of America, cette lettre avait pour objet de requérir les forces armées de la Cedeao pour « sécuriser le Sud et surtout libérer le Nord ». Si les propos du représentant spécial du président français (l’homme qui a été le premier à communiquer sur la lettre et son contenu et l’aurait même transporté à Abidjan) était vrai, alors Dioncounda a encore agit comme Dioncounda. C’est-à-dire faire une feinte de corps à droite et passer à droite sous les yeux du vis-à-vis mis dans le vent.
Sur les traces du général ATT
Dioncounda travaille pour le même employeur qu’ATT (a qui Alpha avait prêté sa place). Il se coule ainsi dans le même modèle d’agissement devancier. Par exemple traiter le peuple comme un troupeau de moutons. Le berger des moutons ne communiquent pas avec les bêtes en ce qui concerne les décisions à prendre, les actes posés ou la destination à prendre et son pourquoi.
C’est ainsi que Paganou, l’émissaire de François Hollande, est venu ici à Bamako par vol spécial, récupérer la lettre de Dioncounda pour Abidjan (avec Baba Berthé, son secrétaire général, à bord). Il a ensuite rejoint Blaise Compaoré, notre autorité de tutelle directe, à Ouagadougou. C’est tard dans la nuit que le même Paganou rendra la nouvelle publique, les Maliens ont donc appris par la presse étrangère que le mardi 4, la lettre était partie donc avant minuit).
Dioncounda n’a pas daigné éclairer la lanterne des Maliens sur la question et il paraîtrait qu’il se réjouit beaucoup de ses effets sur eux, eux qui se sont mis à poser des questions, à se contraindre, à se chamailler, à se crépir les chignons, à se crier dessus, voire à se « harame ».
Cette lettre a plusieurs implications. Avant toute chose, elle marque la volonté de Dioncounda Traoré à confisquer à Cheick Modibo Diarra son « plein pouvoir » et à le réduire à un rôle de comics qui s’occupe des tâches ménagères. Quant au capitaine Sanogo, il s’agit de les réduire à néant une bonne fois pour toute. Ce souci semble commun à la Cedeao et peut être à l’employeur commun. En effet, le vendredi 7 dernier le nouveau chef de l’Etat ghanéen est parti rendre visite au président en exercice de l’Union africaine, Thomas Yayi Boni. Et de quoi ont-ils parlé ? Du Mali, pardi ! Le visiteur a dit que Dioncounda était légitime dans sa volonté de « raffermir son pouvoir ». Et Yayi Boni de commenter « Qui dirige à Bamako ? Dioncounda ou la junte ? Il faut que la junte rentre dans les casernes.
Dans la tête de Dioncounda, de la Cedeao et de l’employeur aux desseins sinistres, le capitaine, non seulement, il occupe le terrain, mais en plus il représente un obstacle pour leurs plans. Et le PM alors ?
Manifestement, il est comptabilisé comme une entité négligeable ! Manifestement Modibo n’est pas de la même race que les gros bonnets de la Cedeao. Et manifestement il n’est plus dans leurs plans depuis quelques temps. C’est ainsi que le 17 juillet à Ouaga pour imposer au Mali et avant le 31 du même mois un gouvernement d’union nationale, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra n’a pas été invité. Pire encore, le 13 et 14 août passé, les chefs d’Etat-major de la Cedeao (sous haute surveillance des planificateurs de l’armée des USA) ont séjourné ici à Bamako pour voir avec le nôtre ce que nous pouvons faire ensemble. Un document en était sorti et remis au PM. Ce dernier a apprécié le document et conclue : il manque juste un chronogramme, vous le faite, vous m’apporter le document final et je signe.
Ce document n’est pas revenu (enterré par la Cedeao ?) et Dioncounda envoie sa lettre pour exactement le même objet. Si cela veut dire quelque chose, il signifie que le gros bonnet (d’âne serait-on tenter d’ajouter n’eut été le sens de l’éducation) de la Cedeao ont mis définitivement une croix royale sur CMD. Il n’existe plus pour leurs employeurs.
Dioncounda met le Mali en danger
Le nouveau jeu de Dioncounda (basé sur le renforcement de sa position jusqu’à l’autoritarisme, tyrannie qui vise à mieux servir ses employeurs) met le Mali en danger. Car ce jeu d’écartement des autres et d’instauration d’une dictature sans transparence va exacerber les antagonismes au sein des forces vives de la nation. Au moment où la patrie a le plus grand besoin de l’union sacrée pour sauver ce qui nous est le plus cher, le Mali, son timonier sème la zizanie et la mésentente. Et ce au moment crucial où depuis six mois, les fossoyeurs de la nation s’enracinent et s’infiltrent dans le corps, les muscles et le sang du Mali.
Mais met sa personne aussi en danger. A son retour de Paris et après la mise en place du gouvernement d’union nationale, le calme commençait à se mettre en place. On pensait que le travail allait commencer, que le train Mali allait quitter la gare. Mais comme depuis avril, l’optimisme, à peine décollé, retombe comme un caillou. Avec sa petite lettre envoyée à l’insu des Maliens, il a provoqué une grosse déchirure dans la plaie qui voulait cicatriser. C’est risqué de sa part, mais quand on est en mission commandée par le diable, on prend des risques. C’est pour cela que depuis le 26 avril, les larbins du diable veulent lui envoyer plus de 3000 hommes armés pour le protéger. Car dans un an et demi, les Maliens verront la vraie vérité de leurs yeux. L’incroyable vérité : on veut donner une partie du pays aux Touaregs.