L’étau se resserre sur les groupes armés qui ne soufflent plus dans la même trompette. C’est ce qui explique la cacophonie à laquelle on a assisté aux négociations d’Alger. Il y a une divergence entre la branche armée et celle dite politique, perceptible jusqu’au sein des populations des zones occupées. Le colonel Mohamed Ag Najim menace de trouer la peau aux dignitaires politiques du MNLA et leurs familles, si jamais…
La tension est aujourd’hui à son comble entre la branche armée et la branche politique des mouvements séparatistes du Nord. Nos sources sont formelles : Bilal Ag Achérif, Moussa Ag Assarid, Mahamadou Djéry Maïga, Moussa Ag Attacharatoumane ne parlent plus le même langage que Mohamed Ag Najim et sa troupe. Après la brouille sur la gestion des affaires internes du mouvement, c’est la conduite à tenir pour parvenir à un accord qui pose problème.
La branche politique, qui a sillonné le monde entier pour prêcher la cause de l’Azawad, s’est rendue à l’évidence que ce projet est voué à l’échec. En même temps, il y a la pression qu’est en train d’exercer leurs supposés soutiens afin de parvenir à un accord. La chute de Blaise Compaoré et le refus de la Mauritanie d’abriter un meeting du MNLA sont les raisons qui justifient la décision de la branche dite politique de faire machine arrière. Ce qui n’est pas du goût des combattants qui n’entendent pas être les dindons de la farce. Bien évidemment, ils menacent de faire parler la poudre, ce qu’ils savent faire le mieux au monde.
Périlleux partage du butin
En tout cas, ayant pris conscience que la cause est perdue, Bilal Ag Achérif et ses acolytes ont voulu en catimini régler leur propre sort pendant que la troupe cherche difficilement ses marques sur le terrain.
Après avoir eu vent de ce qui se tramait sur leur dos, les chefs militaires du MNLA, du HCUA et du MAA se sont concertés et ont vertement menacé : « Si Bilal, Djéry, Assarid acceptent de signer un accord sans prendre en compte nos doléances, nous allons les tuer et faire disparaître même leurs familles », a déclaré un chef militaire à cette rencontre.
En réalité, c’est suite à cette mise en garde des chefs militaires que la position des groupes armés a changé, avec l’apparition à nouveau du fédéralisme et de l’Azawad. Au fond, les chefs militaires voudraient mettre la pression sur le gouvernement à accepter à défaut du fédéralisme, une réintégration sans condition des combattants. Par exemple, la mise en place d’une police locale permettant de recruter le maximum d’éléments démobilisés.
Certes, les autorités maliennes se disent disposées à faire des compromis, mais l’opinion nationale tranche autrement. « Je suis personnellement contre la réintégration des groupes armés dans l’administration », a lancé l’ancien Premier ministre Ag Hamani lors d’une conférence presse.
A Kidal et dans les zones contrôlées par les groupes armés, le climat de méfiance entre les branches politique et militaire alimente les débats et inquiète, car chaque famille est proche d’une tendance.
Alpha Mahamane Cissé