Depuis les événements du 22 mars, des informations non vérifiées circulent dans la ville de Bamako. Certaines partent de la mauvaise interprétation d’un fait, tandis que d’autres relèvent de la pure invention. Ces rumeurs ont tendance à prendre de l’ampleur à cause de la réaction tardive des autorités après un événement inhabituel. Trop d’intoxication, trop de contre-vérités, assez de mensonges, pour dire que cette guerre de désinformation doit cesser au risque de ne plonger le pays dans un véritable KO.
« Le centre ville est à feu et à sang » déplore un habitant de Daoudabougou suite aux événements du lundi surpassé. Depuis le 21 mars, les habitants de Bamako ont eu droit à toute sorte d’information : prise d’otage de certains membres du gouvernement, arrestation du président ATT, échanges de tirs entre bérets rouges et bérets verts, arrestation voire assassinat du capitaine Sanogo…
Le second épisode de ce feuilleton sépulcral, s’est déroulé le 30 avril dernier. Dans la matinée, on annonce le meurtre de Hamadoun TRAORE, Secrétaire General de l’AEEM quelques heures plutôt. Ensuite on balance l’expulsion de Serge Daniel (correspondant RFI) sous ordre du capitaine Sanogo. Vers 17 heures, une rumeur selon laquelle les bérets rouges s’apprêtent à attaquer les militaires de Kati circule aisément. Et puis c’est l’inverse de cette information qui est entendue. Pour boucler la boucle, on parle maintenant de l’arrivée de mercenaires venus des pays voisins. Lesquels mercenaires ont été sollicités par le président déchu en complicité avec la CEDEAO. Même des noms de personnalités politiques sont joints à la liste. Peu après, l’écho de la prise de l’ORTM et de l’aéroport nous est parvenu. Le lendemain, la coupure des deux principaux ponts était sur toutes les lèvres. « Modibo Sidibé a dit telle chose », « Soumaila Cissé a fait telle bêtise », « IBK est au courant de tel coup », « Sanogo est en train de préparer telle sauce », « Dioncounda s’est réveillé à telle heure »…que des salades par ci et par là. Toutes ces informations versatiles, que leur véracité est été prouvée ou pas, ont contribué à détériorer la posture de notre cité.
D’une part ces nouvelles déstabilisatrices sont cautionnées par la crédulité de certaines personnes, et de l’autre part, à cause de la lenteur de réaction en termes d’éclaircissements du pouvoir public. Pour les évènements qui ont précédé le coup d’état, à savoir le 21 mars, c’est seulement le lendemain aux environs de 04 heures du matin qu’une déclaration a été lue sur l’ORTM. Pour ceux de la semaine passée, c’est seulement à 03 heures du matin qu’un porte-parole de la junte a rassuré la population soit après 08 heures de confusion. Quant au premier ministre, c’est 48 heures après les affrontements qu’il a prononcé le discours tant attendu. Les fausses informations ont mises à genoux certains pays et détruites d’autres en un laps de temps. De cette situation d’information erronée venant de la rue, qui se heurte aux affirmations plus crédibles des autorités bien qu’elles soient tardives, la vraie guerre demeure celle de la récupération des villes du Nord Mali.