On commence à en savoir davantage sur les circonstances de la libération du dernier otage français dans le monde, Serge Lazarevic, intervenue le mardi 9 décembre dernier. Parmi les acteurs de ce dénouement dont les noms reviennent le plus figure le chef du mouvement terroriste d’Ançar Dine, Iyad Ag Ghali. C’est lui qui aurait reçu la rançon de 20 millions d’euros payée pour libérer l’otage français. Même si ce n’est pas lui qui a directement négocié, il semble que les consignes venaient toutes de lui.
Certes, la France continue de nier tout paiement de rançon aux ravisseurs de Serge Lazarevic, mais des sources révèlent les intermédiaires par lesquelles cette transaction a eu lieu. En effet, on parle de plus en plus de la société Areva au Niger, à laquelle Mohamed Akotoy, un ancien ministre de ce pays et négociateur dans cette affaire serait lié.
On n’exclut pas également d’autres entreprises françaises basées au Mali. Selon une source, c’est dans la localité de Tin-Essako, dans la région de Kidal que la situation s’est décantée. Sur place, il semblerait que c’est l’un des fidèles lieutenants d’Iyad Ag Ghali, un certain Ibrahim Ag Inawelan dit Ibrahim Bina, qui a joué un rôle clé dans cette affaire. Pour revenir au cas d’Iyad Ag Ghali, il aurait été aperçu le jour même de la libération de Lazarevic en train de se pavaner librement dans la ville de Kidal. Parmi les conditions destinées à la libération de l’otage français, ses ravisseurs auraient demandé que la France intercède auprès des Etats-Unis pour l’abandon des recherches contre Iyad Ag Ghali.
On se souvient qu’en février 2013, Washington a placé le chef du mouvement Ançar Dine sur sa liste noire répertoriant les terroristes. Sa tête a même été mise à prix. Au mois d’août dernier, des personnes ont été instrumentalisées à Kidal pour manifester devant les camps de l’Opération Barkhane et de la MINUSMA afin de réclamer la fin des recherches contre Iyad. Ce même message avait été relayé en boucle sur les ondes des radios locales.
De plus en plus, Iyad Ag Ghali est au cœur des affaires d’otages dans le nord du Mali. Son nom avait aussi été cité lors de la libération de quatre Français qui avaient été enlevés au nord du Niger sur le site d’Arlit. Même si, officiellement, il n’est pas partie prenante dans les discussions en cours à Alger, ses lieutenants tels que Alghabass Ag Intalla, Cheick Aoussa et bien d’autres y participent.
La crainte de certains, c’est de voir Iyad blanchi de tous ses crimes. Ce qui lui donnerait l’occasion de mettre en œuvre son projet démoniaque dans le nord du Mali.
Massiré DIOP