Suite à cette déclaration de la Direction Générale des Sénégalais de l’Extérieur affirmant : « les sénégalais de l’extérieur prétendent être, et c’est le cas je le confirme, le 1er bailleur de l’Etat du Sénégal en terme de rentrée d’argent ». Il a été révélé que « les chiffrent nous parlent de 645 milliards envoyés », selon la BCEAO. Ce qui fait 3 fois l’aide publique au développement. J’invite à faire très attention aux amalgames. J’attire encore ici l’attention sur l’utilisation de certains concepts qui peuvent entraîner des confusions dommageables dans l’élaboration de solutions de politiques publiques. Certes le chiffre de 645 Milliards, doit être exact et la somme colossale. Mais dire que c’est une aide à l’Etat du Sénégal c’est faire un raccourci malheureux qui va nourrir des amalgames et des imprécisions. Sur le plan technique, le transfert de capitaux des sénégalais de l’extérieur ne peut être assimilé à de l’Aide Publique au Développement (APD). L’APD rentre directement dans la trésorerie d’une institution de l’Etat ou dans le cadre de la coopération décentralisée, de celle d’une collectivité locale. J’ai vu et encouragé des sénégalais qui vivent à l’étranger depuis des décennies, 9 de leurs envois sur 10 c’est pour la dépense quotidienne, la construction, les décès, mariages, baptêmes, voitures, la ration alimentaire et les factures, l’ameublement, l’œuvre humanitaire (mosquées, églises, puits, écoles, dispensaires, équipement sportifs, radios, centres culturels).
Je m’en vais affirmer empiriquement que cette somme (645 milliards) est donc destinée à 70% environ à la consommation et aux dépenses de prestige des familles et des associations communautaires des sénégalais de l’extérieur résidant, restées au pays. Ce qui est tout autre chose, si c’était une somme qui tombait dans un compte bancaire dans le but d’une épargne mise à disposition d’un Etat pour la réalisation de politiques publiques ou d’investissement publics, on pourrait comprendre qu’il s’agisse d’APD. Hélas, cet argent ne peut être considéré comme tel. Je ne nie pas ici l’utilité des sénégalais de l’extérieur par leurs envois chiffrés à 645 milliards. D’ailleurs, j’ai toujours considéré que c’est une excellente chose pour le dynamisme économique du pays, rien que par leur effet sur le pouvoir d’achat, donc sur la consommation, ce qui tend à booster les carnets de commande des entreprises sénégalaises, et par là même, la croissance, l’emploi et l’investissement.
Il est mal venu de comparer les envois des sénégalais de l’extérieur avec l’aide publique au développement. Car il n’est envisageable sous aucun prétexte que cette somme soit prise en compte dans l’élaboration du budget d’un quelconque démembrement l’Etat. A cet effet, nous invitons l’Etat à continuer à mieux organiser l’épargne des sénégalais et en particulier ceux des sénégalais de l’extérieur ayant une plus grande capacité d’épargne avec la mise en place de solutions d’assurance vie, d’épargne et de prévoyance plus élaborées. Cette épargne pourrait servir à constituer pour l’Etat des fonds à utiliser pour accélérer la construction de logements, d’hôpitaux ou assurer une meilleure prise en charge de l’éducation et de l’enseignement supérieur pour ceux qui le voudraient. Des produits plus élaborés dans le cadre de loi des assurances devraient voir bientôt le jour pour le bien être et l’organisation de la capacité sénégalaise de financement. Dans une nouvelle organisation et de nouveaux outils du type, les sénégalais de l’extérieur pourraient bien devenir des bailleurs de l’Etat pour le plus grand bien du peuple sénégalais.
Abdoulaye A. Traoré Journal Infosept
Doctorant de sociologie