La libération des terroristes présumés, les négociations, la situation économique du Mali. Sur toutes ces questions, le Secrétaire général de la Confédération syndicale du Mali pointe un doigt accusateur vers les autorités françaises et maliennes. Aussi, se montre-t-il convaincu que le président malien est désormais loin d’être en phase avec son peuple.
A travers la conférence de presse qu’elle a animée samedi, la Cstm, selon son Secrétaire général, entendait se doter d’une feuille de route pour notamment sauvegarder l’unité nationale, la cohésion sociale et l’intégrité territoriale du Mali. Ainsi, appuyée par le Collectif des acteurs de la société civile pour une sortie de crise, la centrale syndicale a entretenu les hommes de média sur des questions d’actualité nationale.
Sur la libération, le 9 décembre courant, des terroristes présumés en échange du Français Serge Lazarevic, le Secrétaire général de la Cstm a constaté le fait que l’information «officielle» ait été donnée à partir de Paris, sans que le peuple souverain du Mali en soit informé. Et Hammadoun Amion Guindo de regretter, à la lumière de l’évolution des différentes libérations, le fait que les cris de colère et autres dénonciations faites par la Cstm n’aient jamais été entendus par le pouvoir politique qui, selon toute vraisemblance, en fait à sa tête. «Si c’était encore dans un programme présidentiel, on aurait pensé, sinon accepté que c’est dans l’application des mesures déjà annoncées dans son programme», a expliqué M. Guindo selon qui, le Mali est géré en dehors de tout cadre juridique. «Seul, il décide. Il n’a jamais informé le peuple Malien de quoi que ce soit. Je crois qu’il n’en a pas l’intention du tout. Et pourtant, c’est l’avenir du pays qui est ainsi géré», a dénoncé l’orateur du jour, convaincu que cette libération a un lien avec le retour des partenaires financiers, notamment le Fonds monétaire international.
Au sujet des négociations d’Alger, le Secrétaire général de la Cstm a rappelé que la société civile malienne a, en son temps, fait plusieurs observations sur les ‘’éléments pour un accord de paix et de réconciliation au Mali’’, document proposé par la médiation. Hélas ! Tous les points qui avaient fait l’objet d’amendements de leur part sont revenus en l’état à travers le préaccord qui est sur le point d’être signé par les autorités maliennes. «Quelque part, le chef de l’Etat gère ce volet aussi seul et selon son bon vouloir», regrette-t-il.
Selon Hammadou Amion Guindo, a regarder les principaux acteurs impliqués dans ces dossiers, il n’y a aucun doute à se faire sur des connexions entre la libération des terroristes présumés, la brouille avec le FMI et les négociations. La France qui, dit-il, tire les ficelles au Mali a à sa tête un président qui ne se prévaut que de 13% de côte de popularité dans son pays. «Et si on devrait faire un sondage au Mali aujourd’hui, effectivement, on saura que notre président dirige aussi au nom des institutions et non au non d’une légitimité quelconque, même si au départ il avait 77% des voix», a estimé le patron de la Cstm. Et le syndicaliste de caricaturer : «vous libérez l’otage français, je dis à Christine Lagarde (patron du FMI) de desserrer l’étau financier sur le Mali…Vous signez effectivement les accords en cours, nous vous aidons au financement et à la libération du Mali». Tel semble être, selon Hammadoun Guindo, le schéma qui se dessine entre les trois personnalités, notamment le Malien Ibrahim Boubacar Keïta et les Français François Hollande et Christine Lagarde. Mais, prévient-il, si cet accord est signé en son état actuel, il est à craindre qu’on procède demain à une «purification» de Kidal et qu’on y organise des élections d’indépendance.
Assibit Ag Akado, au nom du Collectif des acteurs de la société civile pour une sortie de crise, a fait siennes la vision et l’opinion du Secrétaire général de la Cstm. Selon lui, notre pays est pris dans un engrenage et les Maliens, malheureusement, ne semblent pas prendre toute la mesure du danger qui les guette. A ses dires, l’accord qui se dessine à Alger répond parfaitement aux intérêts de la France qui ne se gênerait aucunement de voir le Mali éclater en mille morceaux. C’est pourquoi, il en appelle à l’esprit patriotique des Maliens qu’il a appelés à arrêter le «naufrage» en cours. «Si jamais vous permettez à ces autorités de retourner en Algérie, elles vont signer un accord», a-t-il mis en garde.
Bakary SOGODOGO