Le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Bâ, a présidé, vendredi à l’hôtel Salam, un cocktail dinatoire de plaidoyer pour une meilleure représentativité des femmes aux élections de 2015. C’était en présence du responsable des partis de la majorité présidentielle, Boulkassoum Haïdara, de députés, du directeur exécutif du Centre malien pour le dialogue inter-partis et la démocratie (CMDID), Moumouni Soumano, du représentant de ONU Femmes, des représentants des partis politiques et de la société civile.
Une étude présentée par Mariam Dicko sur les difficultés et obstacles auxquels sont confrontées les femmes en rapport avec le processus électoral, établit que notre pays, de son indépendance à nos jours, affiche une évolution lente de la participation des femmes dans la vie politique et publique. Malgré le lien désormais connu entre le développement économique et social et la participation des femmes au processus de prise de décision, peu de femmes accèdent aux postes de décision et aux postes électifs. Au sein de l’Assemblée nationale, elles ne sont ainsi que 14 sur 147 députés. Elles ne sont par ailleurs que 928 sur 10772 conseillers communaux et 8 femmes sur 703 maires. Cette faible représentation s’explique par des pesanteurs socioculturelles et des préjugés sociaux qui persistent et des facteurs tant internes qu’externes aux partis politiques.
Les conséquences de cette situation sont nombreuses. La Fondation Centre malien pour le dialogue inter-partis et la démocratie (CMDID) est convaincue qu’il faut mettre la question de la promotion des femmes au centre du débat politique. C’est en s’assurant d’une appropriation de la question par les partis politiques et de leur engagement pour un vrai changement qu’on peut aller vers un renversement de la tendance actuelle. Les élections communales et régionales à venir sont des occasions pour une meilleure représentation des femmes au niveau local. Et pour cela, le plaidoyer au niveau des partis politiques est absolument nécessaire en complément des actions sur le terrain pour encourager les candidatures féminines et faciliter le bon positionnement des femmes sur les listes de candidature.
Le président du conseil d’administration du CMDID, Moriba Keïta, note que les femmes du Mali représentent plus de 51% de la population et qu’elles sont les plus nombreuses à se mobiliser lors des consultations électorales, lors de l’animation des partis politiques, lors des multiples initiatives de développement à la base et dans la recherche de solution à la sortie de crise à travers leur participation à la médiation, au dialogue et à la négociation. L’émergence politique des femmes relève dès lors, de son point de vue, d’une nécessité qui donnerait aux femmes les mêmes chances que les hommes, aussi bien dans les partis politiques qu’au niveau des postes électifs. La soirée de plaidoyer a été le lieu pour les responsables politiques de discuter avec les différents acteurs, de les écouter et surtout d’obtenir leurs concours pour améliorer le positionnement des femmes sur les listes de candidatures.
Pour Mme Sangaré Oumou Bâ, la promotion de la participation des femmes à la gestion publique n’est pas une nouveauté. Elle répond à un impératif de développement comme outil stratégique de justice sociale. « Plus nous aurons de femmes au sein de nos instances de décision, mieux seront pris en compte les intérêts de la majorité des Maliens », assure-t-elle. Les autorités de notre pays sont conscientes de cet enjeu. C’est pourquoi, le gouvernement par l’entremise du ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a élaboré un document intitulé « stratégie pour une participation et une représentativité accrues des femmes aux élections générales ». Le document est assorti d’un plan d’action de 2012 à 2015 et se veut un cadre fédérateur de toutes les initiatives dans le domaine « genre et élections ». L’un des objectifs visés par cette stratégie est d’accroître la représentation des femmes dans les postes électifs grâce à des mesures institutionnelles et de soutien prises par l’Etat et par les partis politiques.
S. DOUMBIA